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Laurent Berger, aimer à en perdre la rime

Laurent Berger et Jean-Pierre Sarzier (photo d'archive)

Laurent Berger, 6 mars 2010, salle des tilleuls à Viricelles

Laurent Berger a au moins deux façons de se produire en scène, c’est selon. En formule guitare-piano, avec Nathalie Fortin, ou en guitare-clarinette, comme ce samedi, avec Jean-Pierre Sarzier. Et ce qui semble sur le papier improbable duo est, dans les faits, un total enchantement, hymen de sensualité comme il est rare. Cette clarinette basse, et cette autre, une clarinette bambou, qui rythment, percussionnent, font presque tam-tams aux portées vaudous, sons incongrus, ethnico-jazz, envoûtants… Des instruments qui souvent s’affranchissent de leur statut pour s’en trouver un autre, abolissant d’une portée, d’une croche, les strictes divisions dont la musique n’a que faire. Sarzier est magicien, sorcier des sons, sourcier des notes, sourcilleux. Laurent Berger est homme de haute taille, droit comme un i, tenant toujours sa guitare comme en bataille, pour pourfendre on ne sait quoi, on ne sait qui. Un timbre rare, vaguement nasillant, inimitable et précieux. Et des chansons qui sont comme velouté, grande tendresse. Quoique… « J’ai fait des bleus sur ta peau blanche / A grands coups de baisers déments / Ton corps est un champ de pervenches / Va trouver tes autres amants ! », c’est peut-être là le sommet de ce récital que ce texte peu connu de Gaston Couté, que cette interprétation où, derrière le calme amoureux de la voix, se cache une rare violence, une jalousie retenue. La clarinette est comme cette peau meurtrie, douce par endroits, douloureuse aussi. Autre grand moment que cette librairie, Au pas pressé, éloge de la patience, de la paresse, du temps qu’il ne faut point bousculer. Et du livre. Et puis, profitant d’un piano qui traîne là, la reprise de Plume, un de ses plus vieux titres : « Hé plume / Y’a des moments je perds la rime… » Entre posture théâtrale et slam, le chanteur reprend Brel pour Je suis un soir d’été. Puis la clarinette se fait précise et vagues à la fois, suggérant ces flots qui baignent Les Marquises. Est-ce l’ambiance, est-ce le talent, est-ce… tout, tout en ce récital tient du précieux, du rare. Quelques degrés au-dessus du bravo.

Le site de Laurent Berger.

2 Réponses à Laurent Berger, aimer à en perdre la rime

  1. Arthur Rainbow 8 mars 2010 à 10 h 57 min

    Chez moi le lien que vous donnez ne fonctionne pas, la page ne charge jamais.
    Je me permet de proposer http://www.myspace.com/laurentberger à défaut du vrai site.

    Répondre
  2. Odile Fasy 27 mars 2010 à 12 h 26 min

    oui je le confirme un récital qui tient du précieux, du rare…
    C’est ce que nous avons eu hier au soir avec Laurent et Jean-Pierre..
    Une soirée magique, chez l’habitant…
    Le public sous le charme, a découvert ou réécouté, les chansons de Laurent et les très beaux textes de Gaston Couté et Bernard Dimay.
    Rien de plus agréable que d’être tout près de ces deux artistes, pendant leur récital.
    Puis nous avons discuté autour de bonnes choses à déguster.
    Voilà des moments de bonheur , et de privilège que nous avons su apprécier .
    Odile

    Répondre

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