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La rentrée de Dorothée

Ainsi donc, après treize ans de silence, Dorothée vient de faire sa rentrée. Quatre soirs à l’Olympia. Pas complet mais suffisant pour acter le raisonnable événement, lancer le buzz, amorcer la pompe (à fric). Bercy en fin d’année, un cédé bientôt dans les bacs, de la presse… le plan média fonctionne plutôt bien et chacun de verser sa larme pour de si belles et si émouvantes retrouvailles.
J’ai lu dans un titre de la presse quotidienne la réaction d’un spectateur ravi d’ainsi retrouver sa jeunesse, se plaignant en substance qu’« il n’y a plus de chansons pour les enfants aujourd’hui ». Ah bon ?
N’en déplaise à ce monsieur, j’ai plutôt l’impression d’une profusion et d’une qualité incroyable désormais à notre disposition. Les produits de grande consommation (Dorothée donc, Chantal Goya et les autres) ayant sombré (pas tout à fait, la preuve…) dans un juste oubli, sont alors arrivés à nos oreilles des artistes plus attentifs à l’écriture, plus soucieux sans doute de pédagogie, des rythmes de l’enfant, j’oserai dire d’éducation. On ne maintient plus sa clientèle enfantine éternellement rivée à « Bécassine, c’est ma cousine » et autres niaiseries du même tonneau ; on crée avec intelligence et sensibilité.
Que ce spectateur ignore l’étonnante floraison de la chanson pour enfants n’est pas grave en soin. Qu’un journaliste imprime ça sans apporter la moindre réponse, la moindre nuance, le moindre commentaire, est à mon sens affligeant. J’aimerai dire à ce pisse-copie la richesse de la chanson pour enfants. Qu’il daigne se rendre à la bibliothèque-discothèque de prêt la plus proche de chez lui. Il pourra emprunter des disques d’Henri Dès, Jofroi, Gilles Chovet, Jacques Haurogné, Anne Sylvestre, David Sire, Steve Waring, Alain Schneider, Vincent Malone, Jean Humenry, Hervé Suhubiette, Tartine Reverdy, Sophie Forte, Geneviève Laloy, Petrek, Carlo Bondi, Jean René, Bouskidou, Yannick Jaulin, Tom Torel et autres Jean-Yves Lacombe. J’en oublie pas mal…
Il y écoutera les Enfantillages d’Aldebert, le Weepers Circus « à la récré », « Y’a des animaux dans mes chansons » de Sylvain et les bifluorés… Ou d’autres bijoux encore… C’est pas ça qui manque.
Dans ma boite aux lettres, j’ai trouvé la semaine passée ce cédé-là, Carte blanche à Henri Dès : Dès y convie ses amis et collègues que sont David Sire, Steve Waring, Alain Schneider et Geneviève Laloy. Beau casting, presque une mini-anthologie de la chanson pour enfants. Il me semble que ça vaut mille fois mieux que le retour de Dorothée.

Carte blanche à Henri Dès au festival Mino, 2010, Victorie/Universal.

3 Réponses à La rentrée de Dorothée

  1. Rampert 26 avril 2010 à 13 h 52 min

    Vous ne travailleriez pas pour Télérama par hasard ??!!! Vive les chansons populaires ! Il en faut pour tous les goûts.

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  2. Cat 27 avril 2010 à 20 h 35 min

    Heureusement que la chanson « pour enfants » a les auteurs de grande qualité que vous citez.

    À mon sens, il est mille fois plus difficile d’écrire « simple et épuré » que de faire de la chanson « au kilomètre ».
    D’ailleurs l’exercice n’est réussi que par des auteurs qui sont maîtres dans l’écriture de chansons « pour adultes » de qualité.

    Sinon, on se retrouve avec des niaiseries populistes et bêtifiantes du style des mamies Chantal Goya et Dorothée… les enfants méritent mieux ! et elles aussi, à 68 et 57 ans… il leur faudrait se renouveler un peu et accepter leur âge ! Heureusement pour elles que le ridicule ne tue plus depuis longtemps !

    J’assiste souvent à des spectacles estampillés « pour enfants » dont la qualité ne laisse rien à désirer à celle des spectacles « pour adultes »… et les enfants apprécient d’autant plus qu’on ne les prenne pas pour des idiots à coups de débilités et d’onomatopées.

    Il m’arrive de regretter d’être née trop tôt et de ne pas avoir pu profiter pendant mon enfance des « Fabulettes » d’Anne Sylvestre, de « Nomade » ou de « Monsieur Je m’en Fous » de Michèle Bernard, des « Chansons aux pommes » de Christine Authier, du « Bal des animaux » de Sophie Martin-Hautinguirault… et de tant d’autres…

    Les enfants de ce siècle ont bien de la chance !
    …Surtout si leurs parents lisent votre blog :-)

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  3. Guilbaud 22 juillet 2019 à 20 h 46 min

    Alors je tombe sur cet article des années plus tard (9 ans plus tard), mais Cat, je me permets de vous faire quelques observations sur votre commentaire.

    Je suis d’accord avec vous sur le fait que bien souvent la chanson pour enfants n’a pas été de qualité, quand elle a été commerciale. Mais contrairement à ce que vous pensez, je pense que ce n’est pas un reproche que l’on puisse attribuer à Chantal Goya et à Dorothée, pour la globalité de leur répertoire.

    Par-contre, à mon sens, c’est quelque chose que l’on peut reprocher aux chanteurs de mon enfance qui se contentaient trop souvent de chanter des génériques de dessins animés (Bernard Minet, par exemple) ou de chanter seulement des chansons estampillées Disney, abusivement d’ailleurs, car ne faisant jamais partie des Bandes Originales des films de cette géante industrie américaine : A savoir les chanteuses Douchka, et Anne. Même si les chansons étaient efficaces, on ne peut pas dire que cela soit de la bonne chanson pour enfants, au point de vue pédagogique du terme. C’était exclusivement commercial.

    Je suis d’accord avec vous aussi sur la qualité des répertoires d’Henri Dès et Anne Sylvestre. Je trouve dommage d’ailleurs que les récents auteurs-compositeurs pour enfants que vous citez ne soient pas plus reconnus. Mais même dans cette catégorie, on peut aussi trouver du moins bon. Me concernant, à mon époque, je connaissais aussi Jo Akepsimas et Mannick, et j’ai toujours trouvé ça plus mièvre qu’Henri Dès et Anne Sylvestre, que j’appréciais beaucoup.

    Les cas de Chantal Goya et de Dorothée sont différents.

    Toutes deux ont en commun d’avoir sorti beaucoup d’albums et d’avoir ainsi une grosse production de chansons pour enfants (Ecrites et composées par Roger Dumas et Jean-Jacques Debout pour Chantal Goya. Ecrites et composées par son producteur Jean-Luc Azoulay et le compositeur Gérard Salesses, et plus rarement écrites par l’auteur Michel Jourdan pour Dorothée), une « oeuvre » pour chacune, avec des choses bonnes et moins bonnes.

    Toutes deux ont aussi en commun d’avoir eu des « tubes » populaires et efficaces, sur lesquelles vous les jugez de manière intempestive et en tout cas hâtive.

    Leurs tubes ont, c’est vrai écrasé leurs plus jolies chansons. Pour Chantal Goya, je vous conseille d’aller écouter les titres suivants : « Les malheurs de Sophie » (1979), « Peine » (1979), « La poupée de sucre », « Le bonheur » (1983), « Dou ni dou ni day » (1986), « Mais en attendant, Maître Renard », « Ma poupée de Chine » (1987), pas aussi bien qu’Henri Dès et Anne Sylvestre, plus populaires certes, mais plutôt bien meilleurs que ses tubes !

    Pour Dorothée, dont j’ai tous les albums, je peux vous certifier que ses tubes ont été cachés par de bien plus jolies chansons, la plupart du temps écrites par Michel Jourdan.

    Ainsi je vous conseille vivement les titres « Ma p’tite chanson », « Monsieur de la Fontaine », « Dors, mon petit ange » (1982), sur l’album dont le « tube » a malheureusement été « Hou ! La menteuse », « Je veux qu’on m’aime », « Pour de rire ou pour de vrai » (1983) sur l’album « Pour faire une chanson », « Ca compte aussi la gentillesse » (1984) sur l’album « Qu’il est bête ! », « Dam dam di dou dam dam », « J’suis pas comme les autres », « La mer câline », « A l’aventure », « Chagrin d’amitié » (Ecrite par Michel Jourdan et composée par Charles Aznavour, rien de moins !), sur l’album « Allô, allo monsieur l’ordinateur » (1985), « Dès que l’on rend quelqu’un heureux » (1986) sur l’album « Maman », « Lady Jane », « Combien de temps faudra-t’il ? » sur l’album « Attention ! Danger » (1988), « Des ailes à mes souliers » sur l’album « Tremblement de Terre » (1989), « En écoutant pleurer le vent », « Un jour on se retrouvera » sur l’album « Chagrin d’amour » (1990), et « Mon plus beau cadeau » (1991) sur l’album « Les neiges de l’Himalaya ».

    Je vous conseille aussi d’écouter les nombreux disques de reprises de chansons traditionnelles qu’elle a enregistré via la collection « Le jardin des chansons », collection de disques d’une rare qualité, car alliant modernité (Peut-être trop d’ailleurs) des orchestrations sur des chansons traditionnelles et qualité d’interprétation là aussi moderne mais respectant les textes originaux, alors qu’à l’époque (Années 1980), on trouvait essentiellement dans ce genre de disques la collection « Les chansons dorées de notre enfance » publiée par Adès, « Rondes » où ces chansons étaient interprétées de façon vieillottes par des voix de chanteurs d’opérette, sur des orchestrations tout aussi démodées.

    Aussi, je trouve déplorable qu’en tant que journaliste, pour Chantal Goya et Dorothée vous ne sembliez pas avoir eu la curiosité nécessaire pour être allé(e) plus loin que les « tubes » ! Mais j’espère que si vous retombez un jour sur votre commentaire et avez ainsi connaissance du mien, vous aurez la curiosité d’aller écouter leurs titres que je vous suggère et qui sont moins connus mais d’une qualité nettement supérieures à leurs chansons commerciales. Et qu’ainsi vous aurez une image plus complète et meilleure d’elles et de leurs répertoires. Cordialement.

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