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Les violons dingues de Tibert

Lui aussi est un de nos Stéphanois de la chanson, sans doute plus connu du côté de l’Acadie, soit dit en passant. Tibert est (excellent) chanteur ; il est aussi directeur artistique du festival de découvertes chanson Les Oreilles en pointe, qu’il a créé il y a déjà vingt ans. Ce papier remonte à octobre 2003. D’autres concerts ont suivi ; D’autres visages aussi : c’est d’ailleurs le titre de son plus récent opus.

Tibert (photo DR)

Archive. Après résidence, Tibert, enfin de retour, vient de nous gratifier d’un concert fort et émouvant. Mémorable ! Avant toutes notes, ce qui frappe, étonne même, sur la scène de Tibert, ce sont ces instruments aux formes et fonctions jamais vues ailleurs, au son jamais entendu : des créations signées Denis Favrichon, luthier dingue digne du Lépine. Denis (ex-membre du groupe suisse Le Soldat inconnu) est, pour l’heure, contrebassiste au sein de cette formation majestueuse, moderne dans le geste, trad’ dans la sève qui la nourrit. « Danse, danse, ma toute belle / Au bal des mal barrées » : le ton est donné dans une furia d’instruments déchaînés. Voici Tibert en phoenix renaissant, entre prostest-song et folksong, genre quelque peu en jachère dont le chanteur à la mandoline laboure, avec talent, le toujours généreux sillon. Tibert nous parle de transhumance, d’une télé véhicule d’espace, d’exils intérieurs et d’échappées belles : son monde est mouvements, qu’il capte par les mots et restitue d’une voix forte, digne. De Saint-Étienne à Avignon, d’une place horlogée du Peuple à celle, peuplée, de l’Horloge, Tibert navigue, porte attention et fait chansons. Parfois loin, très loin, hors frontières, en direction de ceux à qui il proclame : « S’il le faut, s’il le faut / J’échangerais mon nom / Contre le tien. » Car, si Tibert chante un peu l’amour, il ne le fait jamais mieux qu’en parlant de l’Autre, de l’Étranger, de celui en harassante et quotidienne lutte. Comme l’Afghane. Ou comme ses frères d’Acadie, peuple sans nation et sans papiers aucuns, à qui il rend hommage. Là, la douceur des violons apaise des maux anciens et arme pacifiquement la lutte présente. Amour, combat, indépendance et liberté, tel est l’engagement de Tibert. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il reprend, pour tout tube, La Blanche hermine de Gilles Servat. A constater le Souk universel qu’est désormais notre planète, réactiver cette chanson est invit’ on ne peut plus actuelle, qui vous galvanise et vous requinque. Pas qu’un peu.

Le myspace de l’ami Tibert.

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