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Les Vies liées… les 400 coups

Image extraite du film "Les 400 coups" de François Truffaut

Extrait du livre Les Vies liées de Lavilliers, pages 173 à 175 :

Retour au mythe et à la bagarre. Retour en ville aussi, dans une cité d’urgence qui succède aux immeubles insalubres mais dont la richesse des classes sociales mélangées s’amenuise au fur et à mesure de l’accession à la propriété, une cité HLM d’un quartier extérieur de Saint-Étienne. À Montreynaud sans doute, endroit dit-on malfamé où s’agglomère la lie. Récurrente lutte pour la survie : « Dans ma banlieue nord, c’était déjà les bandes des années 57-58. Et je suis devenu blouson noir. On a un peu fait les malfrats et, à quatorze ans, je me suis retrouvé dans une ratière pour mômes, ce qu’on appelait une maison de redressement. » Voici donc l’explication d’une des pièces d’importance du puzzle Lavilliers. Mais il en existe une autre, aussi énorme que truculente : l’histoire de Tony-le-Stéphanois, son oncle maternel, qui chaque fois épate le petit Bernard en l’instruisant de combines – Tony fait dans la délicatesse et les qualifie de « bonnes choses » – nécessaires à la survie dans la jungle de ce monde. Tonton, « ni femme ni enfant, deux fois plus baraqué que je ne le suis devenu », vit à Saint-Étienne. Mais, fibre familiale oblige, il est censé aussi voyager. En Amérique latine surtout, et à Rio de Janeiro en particulier où il habite également. Quand il réside en France, il aime à balader son neveu dans sa rutilante Traction avant. Un jour, il l’emmène à Paris, dans le but avoué de le « dégourdir », de lui apprendre la vie. « C’est lui qui m’a appris cette fameuse phrase “Dans la vie, mon garçon, t’as le choix : soit tu travailles soit tu gagnes de l’argent.” » Combien de temps restent-ils ensemble ? Au bas mot six mois ! La vie nocturne, le fric, les filles, l’alcool bien sûr… le préadolescent qu’est Bernard, qui n’a pas attendu cette escapade pour se déniaiser, y découvre les charmes de la capitale. Tonton est un tendre voyou, moins turbulent que Pierrot-le-fou, qu’il a évidemment côtoyé. Sans penser à mal, Bernard lui file un petit coup de main lors d’un braquage… et se fait prendre par la maréchaussée. Il se retrouve ainsi enfermé, pour une durée variable selon ses souvenirs – entre un an et trois ans – dans une maison de correction nichée dans les Monts du lyonnais, entre Saint-Étienne et Roanne, près de Saint-Marcel-de-Félines, joli nom pour accueillir des fauves en cage… Considérant qu’un père communiste ne saurait élever correctement ses enfants, un juge d’un autre âge vient d’expédier Bernard au bagne.

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Il avait dit j’en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coups de clefs lui avaient brisé les dents
La Chasse à l’enfant – Jacques Prévert, 1946

Saint-Jodard, "ratière pour mômes"

Voici Saint-Jodard, une « ratière pour mômes » selon l’expression de Bernard, un endroit terrible où notre héros est censé s’initier à la pédagogie du clou : « Là-dedans, pas de cours : on plantait des clous, on les enlevait, on les replantait. » De telles conditions de détention en rendraient fou plus d’un. C’est l’enfer (…).

Une réponse à Les Vies liées… les 400 coups

  1. andré 25 novembre 2010 à 14 h 47 min

    bonjour,
    Dans l’interview de Lavilliers du numéro 2 de « serge magazine » aucune question, aucune mention de votre bouquin. Je viens de leur envoyer un mail au sujet de ce silence. J’attends leur réponse. Je vais voir s’ils s’intéressent vraiment au monde de la chanson.
    Cordialement
    André

    Répondre

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