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Pascale Charreton, voyageuse et gouailleuse

Pascale Charreton, 20 janvier 2011, bibliothèque Louis-Aragon à Firminy,

Pascale Charreton, une chanson qui voyage en plaisirs (DR)

La tenue de scène jure et interpelle. Haut noir et jupe toute blanche, longue écharpe rouge, parfois un chapeau ou un autre… Pour le moins singulière, étrange. Telle est Pascale Charreton, tenue hésitante, répertoire aussi. Entre la possible gouailleuse d’un temps presque révolu et la grande voyageuse qu’elle semble être, à voguer d’un continent l’autre, à chaque fois ramener ou des chansons (en v.o.) ou des impressions qu’elle met en vers et en musique. Pas un exotisme de pacotille, de carte postale, non. Mais des images fortes qui fixent autant sa rétine que notre oreille : « Les enfants qui dorment dans les cartons / On n’en parle pas » (Copacabana). Tout n’est pas du même cru, aussi cru. Ainsi la douce et belle évocation de l’Italie, Mastroianni, la Dolce Vita, la fontaine de Trevi… Ah, le beau Marcello ! Italie, Brésil, Turquie, Argentine… la chanteuse additionne les heures de vol.
On présente parfois Pascale Charreton comme une chanteuse coquine. C’est peut-être le sentiment qui l’emporte à l’écoute de son album Charmes clandestins, pas nécessairement ce qu’on perçoit en scène, ou alors à la marge, une phrase par ci, une dentelle par là, plus en allusions (« Notre ramoneur occupé / Embrasse sa nouvelle cheminée / La caresse de ses brosses en fer / Chatouillent les paratonnerres »). Entre deux « exotismes », entre Cap Vert et Turquie, Italie et Brésil, des froissements de dessous, des baisers dessus…
Elle a (un peu) le physique et la voix de ces grandes dames de la chanson réaliste d’antan. De Damia à Fréhel, chansons d’un naturel confondant, trémolos et drôles de drames garantis, charriant par eux toutes les beautés mais aussi toutes les misères du monde. En une langue raffinée qui sait rougir, qui sait verdir pareillement. Tant que Charreton pourrait chanter tout Audiard… Car elle va d’un plaisir l’autre, sait se faire provocante puis, la chanson d’après, on ne peux plus touchante : « Je tends les bras / Mais tu n’es plus là. » Elle est tendresse, elle est colère, presque guerre en certains textes, carrément paix en d’autres, comme dans cette délicieuse chanson en hébreu. Et cette autre en turc, de contestation et de questions.
Jolies ambiances musicales de surcroît, qu’on doit à ses deux complices que sont David Bruley aux subtiles percussions et à la magnifique guitare de Gilbert Gandil, d’une élégance et une finesse rares, en parfaite osmose avec les chansons, d’autant plus étonnant que ce musicien n’en est alors qu’à sa deuxième scène avec Pascale Charreton.

Le myspace de Pascale Charreton. Au Chok-théâtre à Saint-Étienne les 19 et 20 février 2011.

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