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Il y a dix ans… le Forum Léo-Ferré

Léo (photo DR)

Un article de Floréal, que je remercie de tout coeur

C’est, en vérité, une longue histoire… Au début, au tout début, il y eut tous ces galas de soutien à la Fédération anarchiste et à son journal, « Le Monde libertaire », où s’illustreront très souvent, bien sûr, Georges Brassens et, plus encore, Léo Ferré. Il n’est que de consulter les archives de ce journal pour se rendre compte de l’extrême richesse des programmations offertes en ces temps-là et dont Suzy Chevet, militante du groupe montmartrois Louise-Michel, fut la grande organisatrice. On y retrouve les noms d’artistes devenus familiers : Barbara, Jacques Brel, Jean Yanne, Marc Ogeret, Francesca Solleville, Marie-Paule Belle, Les Quatre Barbus, Jean-Marc Tennberg, Hélène Martin, Graeme Allwright, Jehan Jonas, Jacques Debronckart, Monique Morelli, Jean-Roger Caussimon, beaucoup d’autres encore. Puis, à partir de 1981, auront lieu les galas de soutien à Radio-Libertaire, station qui bénéficiera d’une énorme sympathie de la part du monde artistique, en particulier celui de la chanson non crétinisante, déjà très nettement marginalisée sur les grandes ondes et à la télévision de l’époque, et que Radio-Libertaire, dans les premières années de son existence, diffusera et défendra avec conviction. A la longue liste de leurs aînés venus soutenir la presse libertaire, dès le début des années 50, viendront alors s’ajouter les noms de ceux qui apporteront leur aide à cette radio, en venant chanter gracieusement pour elle ou en manifestant leur soutien par écrit. En voici une liste, non exhaustive : Louis Capart, Alain Aurenche, Jean-Luc Debattice, Font et Val, Serge Utge-Royo, Hedris Londo, Gérard Pierron, Bernard Meulien, Vania, Jacques Florencie, Marc Robine, Lény Escudero, Maurice Fanon, Jean Guidoni, Catherine Ribeiro, Jean Sommer, Guy Bontempelli, Xavier Lacouture, Michel Bühler, Mama Béa, Gilles Elbaz, Christian Dente, Pierre Louki, Francis Lemarque, Bernard Haillant, Gilles Langoureau, Colette Magny, Serge Reggiani, Jean-Pierre Réginal, Alain Souchon, Cora Vaucaire, Pierre Vassiliu, Catherine Sauvage, Renaud, Henri Tachan, Joan-Pau Verdier, Anne Vanderlove, Jean Vasca, Marie-Josée Vilar, Paul Castanier, Nino Ferrer, Christian Camerlynck, Paco Ibanez, Gilbert Laffaille, etc. Et toujours… Léo Ferré. Le 14 juillet 1993, Léo Ferré meurt. Alain Aurenche, qui fut son ami, et lui-même auteur-compositeur-interprète, décide alors de lui rendre hommage, à l’occasion du premier anniversaire de sa disparition, en invitant des artistes à venir interpréter bénévolement, sur la scène du Trianon, à Paris, des chansons du poète disparu. Louis Capart, Fabienne Elkoubi, Jean-Louis Blaire, Catherine Ribeiro, Jean-Luc Debattice et Paco Ibanez répondront à cet appel en ce 14 juillet 1994. Le succès remporté par cette initiative décida Alain Aurenche à récidiver l’année suivante. Toutefois, devant les difficultés à faire face à l’organisation d’une telle manifestation artistique, il eut l’idée de s’entourer d’une poignée d’amis et de créer pour cela une association, chargée précisément de mettre sur pied cette rencontre annuelle. C’est ainsi que Thank you Ferré vit le jour. Ses membres, tous liés par un amour commun pour la chanson vivante, à cette époque déjà largement ignorée des médias officiels, répétons-le, furent pour la plupart recrutés parmi l’équipe de militants et de sympathisants anarchistes qui eut en charge, quelques années plus tôt, la gestion du théâtre Déjazet, rebaptisé alors Théâtre libertaire de Paris, de février 1986 à juillet 1992, ainsi que par des amis proches ayant, en septembre 1981, participé à la création, en région parisienne, de Radio-Libertaire. On y trouvait Joël-Jacky Julien, Geneviève Métivet, dite Dame Guenièvre, Hervé Trinquier, Nicolas Choquet, Patrick Kipper, Corinne Rousseau, Serge Livrozet et moi-même… auxquels d’autres viendront se joindre au fil des ans. Dès lors, le succès de ce rendez-vous estival ne faiblira pas, et un public fidèle et grandissant aura pu apprécier, au long des dix années d’existence de ce traditionnel gala, les prestations des Vincent Absil, Djamel Allam, Eve Griliquez, Wladimir Anselme, Allain Leprest, Serge Utge-Royo, Dominique Ottavi, Philippe Val, Faton Cahen, Lulu Borgia, Bruno Devoldère, Josette Kalifa, Hedris Londo, Christian Paccoud, Gilles Servat, Cora Vaucaire, Eddy Schaff, Bernard Haillant, Clara Finster, Sapho, Joan-Pau Verdier, Mouron, Claude Piéplu, Marie-José Vilar, Guy Béart, Nicolas Reggiani, Michèle Atlani, Hiroko Tomobe, Sabine Viret, David Légitimus, Céline Caussimon, Christiane Courvoisier, Jean-Pierre Réginal, Dimitri Bogdis, Nathalie Fortin, Frédérique, Keico Wakabayashi, Pierre Barouh, Ivry Gitlis, Miquel Pujado, Nathalie Solence, Marc Ogeret, Annick Cisaruk, Francesca Solleville, Benjamin Legrand, Michel Legrand, Zaniboni, Bernard Joyet, Christophe Brillaud, Anne Peko, Chris, Bruno Lapassatet, Christophe Bonzon, Jean-Jacques Debout, Casse-Pipe, Kent, Jean Guidoni, Georges Moustaki, Hamou Cheheb, Michel Bühler, Christian Camerlynck. Forts des liens tissés au fil des ans auprès de tous ces artistes, au cours des premières années d’existence de Radio-Libertaire d’abord, de l’expérience vécue au T.L.P.-Déjazet ensuite, de la tenue du gala annuel du 14 juillet enfin, des membres de l’assoction Thank you Ferré souhaitèrent alors œuvrer  davantage, dans ce domaine particulier de la chanson vivante, qu’à l’occasion d’une unique rencontre artistique annuelle. Ils se fixèrent alors pour but d’ouvrir une salle de spectacle, dont Thank you Ferré serait propriétaire afin de pouvoir œuvrer librement en matière de programmation et de gestion. Quelques expériences précédentes, en des lieux pas toujours confortables pour les artistes ou le public, avaient en effet montré leurs limites, les gestionnaires se heurtant parfois aux caprices ou volontés fluctuantes des propriétaires desdits lieux. Joël-Jacky Julien, principal porteur de ce projet, mit la même obstination à le voir réaliser qu’il en avait mis en 1981, avec quelques amis tenaces, à créer Radio-Libertaire. La cherté des locaux parisiens obligea les porteurs du projet à se rabattre sur la proche banlieue. C’est ainsi que fut découvert l’espace tout de béton qui, après travaux, allait devenir cet incontournable lieu de résistance à la crétinisation orchestrée par les médias et le show-biz réunis. Et la ténacité de son principal fondateur aura permis que le Forum Léo-Ferré ouvre ses portes le 7 mai 2001. Les semaines précédentes avaient vu s’affairer autour d’Alain Aurenche, maître d’œuvre, des bricoleurs authentiques ou improvisés qui réussirent à transformer un local nu et froid en une salle de spectacle chaleureuse, accueillante et opérationnelle. Les débuts d’existence furent néanmoins difficiles, car son « inventeur », Joël-Jacky Julien, très malade, décédait cinq mois après son ouverture. Cette disparition devait lui porter un coup très dur, mais très vite, fort heureusement, l’arrivée de nouveaux bénévoles (autour de l’équipe de base, une bonne quarantaine se seront succédé au fil du temps) allait permettre de sauvegarder ce lieu indispensable à la chanson de parole.

Jean-Michel Piton au Forum Léo-Ferré (photo DR)

Aujourd’hui, dix ans après sa création, le Forum Léo-Ferré, qui peut s’enorgueillir d’une belle et riche histoire, est incontestablement, dans son domaine, un lieu reconnu et apprécié, dont la réputation s’étend désormais bien au-delà des limites de la région parisienne. Que vive le Forum !

Pour célébrer comme il se doit ce dixième anniversaire, l’équipe en charge du Forum Léo-Ferré a établi une programmation spéciale, du 29 avril au 7 mai. Vous pouvez la consulter sur son site.

3 Réponses à Il y a dix ans… le Forum Léo-Ferré

  1. claude vlerick 19 avril 2011 à 8 h 54 min

    Bonjour Michel,

    Tu dois avoir vu… Bien sûr. Tu connais…
    Ainsi, la connerie n’aura donc pas de limite ?
    Cliquer :

    http://voleurdefeu.skyrock.com/2992701843-Insolite-tres-rare-jeu-des-7-familles-avec-Bernard-Lavilliers.html

    Claude.

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  2. jacques 23 avril 2011 à 21 h 52 min

    Je ne connais pas un autre lieu de spectacle où vous pouvez écouter, en deux saisons, Francesca Solleville, alain Aurenche, Allain Leprest, Bernard Joyet, Jean-Pierre Reginal, France Léa, Béa Tristan, Gilbert Lafaille, Le cirque des Mirages,Marc Havet, Graeme Allwright, dans des conditions de confort et techniques sans reproche. C’est ce qui m’est arrivé et j’aurais pu faire beaucoup plus avec plus de temps. Ce lieu est absolument sans égal en région parisienne et je pense, en France.

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  3. Chris Land 12 juin 2013 à 20 h 45 min

    Je connais un endroit où l’on pouvait également rencontrer en deux saisons les artistes cités par Jacques et il se trouve qu’il se situait lui aussi, et ça n’est pas un hasard, à Ivry…
    Pour en avoir discuté à l’époque avec Julien, il se trouve que l’association Thank you Ferré « ne s’est pas rabattue » en banlieue comme le dit Floréal, mais le choix de cette ville fut un choix délibéré, après que le constat fut fait que l’existence du projet, à cause des prix prohibitifs pratiqués, ne pourrait pas être Parisien. La ville d’Ivry et son office d’HLM ayant largement facilité la possibilité d’installation.
    Ivry était déjà depuis longtemps une ville d’accueil pour la chanson et ses artistes… Le Festival de Marne y a vu le jour, Jean Ferrat avec Christine Sèvres y ont habité plusieurs années, ainsi qu’Allain Leprest, Francesca Solleville, Mouron, Faton Kahen, Eddy Shaff et beaucoup d’autres artistes.
    Le Maire de l’époque, ami de Bruno Coquatrix, avait participé aux finales des « Tremplins de la chansons » qui se tenaient à l’Olympia, où Lény Escudero, Jean Ferrat, Claude Nougaro et bien d’autres jeunes artistes y débutaient leurs carrières. Les 1/2 finales y étaient régulièrement organisées à Ivry.
    Jacques Brel, Georges Brassens, Francesca, Fanon, Debronckart, Avron & Ouvrard, et les jeunes Hugues Aufray, Jacques Dutronc ou Les Chaussettes Noires aussi étaient régulièrement programmés dans la ville…
    En mai 1996 le premier cabaret de chansons du Picardie (restau Ivryen) animé également par une association composée exclusivement de bénévoles a ouvert un long cycle d’une dizaine d’années de programmations dont Allain Leprest était un des initiateur et le parrain extrêmement présent et attentif. Un peu plus tard, il y animait ses fameux ateliers d’écriture qui voyaient chaque semaine se rencontrer une trentaine de jeunes auteurs…
    Le théâtre Antoine Vitez (toujours à Ivry) avait inventé le concept des résidences chansons bien avant qu’il ne soit reconnu par le Ministère de la Culture… etc., etc…
    Pardon d’avoir été long (une mauvaise habitude !), mais cela n’est pas un hasard si le Forum Léo Ferré continue à utiliser comme logo l’image du Moulin d’Ivry, magnifique porte d’entrée dans cette ville où la chanson a, depuis de longues années, droit de cité !
    Clin d’œil à Floréal, à l’ancienne et à la nouvelle équipe du Forum !

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