Les Frères Brothers, dans l’air du temps

Les Frères Brothers (photo David Ken)

« Nous irons tous, nous irons tous / Nous irons tous, où ça ? A capella ! » Ce sont quatre acapellistes forcenés : ceux qui les ont vu un jour avec un instrument en main sont des menteurs. Ou sont morts depuis longtemps déjà. Leurs instruments, à ce quatuor-là, ne sont que buccaux. Forts en gueule, forts en bouche, ce sont les Frères Brothers, des girondins qui, depuis quinze ans, font le bonheur des saisons culturelles, déclenchant toujours des tonnerres de rires, copiant le son aux trompettes et percussions, piquant leurs idées à l’air du temps, singeant leurs contemporains, même dans leurs pires excès, même dans leurs élans de générosité : « Au tiers-monde, j’envoie mes organes / Pas le cerveau, évidemment / Il n’y a jamais eu rien dedans » (Le don de soi). Jeancri, Vincent, Fred et Bertrand (ce dernier vient de succéder à Gilles) ne se mettent en bouche vraiment que notre quotidien. Comme ce GPS baptisé Sandrine, chanté si amoureusement… Comme cet Ogre, DRH « qui taille dans la masse, à coups de scie, à coups de hache » (*). Déveine, femme idéale, pilosité, collectionnite, folklore et cruauté explorent les autres plages de ce disque. Ainsi qu’une adaptation joliment réussie du père Brassens : Yénavé (« Yénavé jamais ôté mon chapeau / Devant personne… »). Reconnaissons à ces frères-là ont de la constance. Eux qui, dès le début, chantaient Le tango des fonctionnaires (« des préfectures aux ministères, tsoin, tsoin »), chantent à présent Les employés municipals (voir vidéo) : même charge humoristique qui provoque un même rire entendu, un peu ambigu (non forcément à l’émission, mais à la réception) compte-tenu de la politique actuelle visant à réduire les effectifs de la fonction publique.

Les Frères Brothers, Nous irons tous a capella, 2011, autoproduction. Le site des Frères Brothers c’est ici.

(*) Signe des temps, de Trévidy à La Blanche, c’est fou comme le personnage de DRH prend désormais de la place dans la chanson ; il faudra un de ces quatre y consacrer une thématique.