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Lise Martin « Les plaintes d’un Icare »

5837_lise-martinLes amants des prostituées
Sont heureux, dispos et repus
Quant à moi, mes bras sont rompus
Pour avoir étreint des nuées

C’est grâce aux astres nonpareils,
Qui tout au fond du ciel flamboient,
Que mes yeux consumés ne voient
Que des souvenirs de soleils

En vain j’ai voulu de l’espace
Trouver la fin et le milieu
Sous je ne sais quel oeil de feu
Je sens mon aile qui se casse

Et brûlé par l’amour du beau,
Je n’aurai pas l’honneur sublime
De donner mon nom à l’abîme
Qui me servira de tombeau

Lise Martin

Poème de Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 3e édition, 1868.

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