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Franck Halimi, intermittent, en grève de la faim depuis un mois

Intervention d'intermittents hier sur le plateau du 20 heures de France2 (photo prélevée à la toile)

Intervention d’intermittents hier sur le plateau du 20 heures de France2 (photo prélevée à la toile)

Nos lecteurs le connaissent comme un des collaborateurs de NosEnchanteurs : Franck Halimi est d’abord et avant tout artiste intermittent. Depuis un mois en grève de la faim à Dijon pour défendre le statut des intermittents encore une fois malmené, gravement menacé. Voici son dernier message en date. Nous pensons à lui, nous pensons à tout les intermittents du spectacle.

 

« Salut, c’est Franck Halimi (30e jour de grève de la faim et tout va bien, merci !).
Bon… 3 jours après mon dernier message d’ALERTE, j’ai reçu le retour de 12 d’entre-vous, prêt à s’engager dans la lutte pour un régime qui nous fait survivre.

Alors, même si Jean n’a pas les adresses courriels des quelques 995 intermittents du spectacle bourguignons (dont près de la moitié en Côte-d’Or), le ratio est désespérant !

Et je ne parle même pas ici de toutes les structures qui profitent de l’utilisation d’intermittents pour leurs activités diverses et variées…

Et pendant ce temps-là, partout en France (sauf en Bourgogne, donc), la lutte s’organise avec des intelligences croisées qui décryptent des textes, en proposent, occupent des lieux, foutent la pression là où elle doit être mise, se coordonnent avec des organisations de précaires, de chômeurs, de travailleurs en lutte, de sans papiers,…

J’ai proposé la tenue d’une Coordination Nationale des Intermittents et Précaires le weekend des 26 et 27 avril à Paris et cela vient d’être acté => que faisons-nous avec ça ?…

On s’en fout ?
On laisse les autres tenter de nous sauver ?
Et nous serons bien contents d’avoir sauvegardé nos petites annexes, en étant restés à l’arrière, car les Bourguignons ne sont pas de la chair à canon ?
Parce que c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses ?…

Bref, ça me casse les bonbons que l’on continue à traîner le chariot à trop peu de personnes : Jean, Alain, Benoît, Isabelle, c’est bon on a donné !

On a vraiment besoin de second, de troisième et de quatrième souffle, de vie, d’envie, de vous, de nous…

Que ce ne soit pas toujours les mêmes qui prennent l’initiative et fassent survivre un mouvement qui, vu ce qui nous arrive, ne devrait pas se ralentir, mais s’amplifier…

Mais, vous n’en n’avez pas marre d’attendre ?…

D’autant que le fait que le dernier remaniement ministériel ait positionné Rebsamen comme Ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue Social nous met, nous bourguignons, dans une situation extraordinaire dont il faut absolument que nous profitions !

Le nouveau Ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue Social n’a donc, à l’heure actuelle, qu’une alternative :
* soit il signe la « bouse d’accord » (et il sait qu’il entre en guerre contre nous),
* soit il assume sa très récente signature de la Tribune du Comité de suivi (et ce court laps de temps est très important dans cette histoire) et refuse de signer le protocole d’accord.

=> auquel cas, il renvoie à de véritables négociations, en imposant aux « partenaires sociaux » de tenir compte des préconisations du Comité de suivi.

C’est actuellement, j’en suis persuadé, l’énorme enjeu de la pression que nous avons à exercer partout où c’est possible.

Et nous avons à notre disposition tout un catalogue de possibilités pour que cette pression soit maximale :
* le décryptage de la « bouse d’accord » ;
* l’argumentaire contradictoire en direction de CFDT (faut pas rêver !), FO (super important !), mais aussi CGPME (aussi important que FO, à mon avis) ;
* les occupations du Ministère du Travail (à Paris), de la DIRECCTE (en régions), des antennes de Pôle Emploi, des DRAC, des MEDEF, des CGPME (partout),…
* la convergence des luttes ;
* ma grève de la faim ;
* des occupations diverses et variées ;
* des perturbations de festivals ;
* une Coord Nat ;
* des manifestations spectaculaires ;
* et tant d’autres leviers possibles,…

Pourquoi ?

Parce que nous sommes dans la société du spectacle et que si nous voulons qu’il y ait écoute, il faut qu’il y ait rapport de forces.

Et que ce rapport de forces ne sera possible que dans la nuisance que nous allons pouvoir porter dans le bel ordonnancement de cette machine sociale, brillante de strass, brûlante de stress et brisante de tristesse…

Nous le savons depuis longtemps, mais il faut le redire, ici : notre plus grande force est en même temps notre plus grande faiblesse, c’est notre atomisation. Et si nous sommes capables de surpasser celle-ci, nous serons sacrément costauds !

Mais, je ne sais pas pourquoi je vous dis tout ça à vous, qui semblez bien éloignés de ces choses si terre-à-terre !

Mais bon… nous sommes quand même 13 à affirmer notre volonté de défendre le bout de (moins en moins) gras : super, on va pouvoir rejouer la scène de La Cène !

Voili.

@+ Franck H. »

3 Réponses à Franck Halimi, intermittent, en grève de la faim depuis un mois

  1. Norbert Gabriel 9 avril 2014 à 13 h 29 min

    Il serait temps que le public comprenne un peu de quoi il est question avec les intermittents du spectacle, avant que TOUS les salariés ne deviennent des intermittents du salaire, selon le rêve du Medef …

    Répondre
  2. eliane Bonifassi 10 avril 2014 à 0 h 27 min

    Comment un simple citoyen agé et retraité , pas intermitent ni bourguignon, mais persuadé de la gravité de la situation peut-il intervenir ? Inonder le Ministère de pétitions, de lettres, etc…
    En tous cas bravo et courage
    i

    Répondre

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