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Agnes Bihl, Même pas peur

Agnès Bihl  2016 Photo mise à jour ©Vincent Capraro

Agnès Bihl 2016 Photo mise à jour ©Vincent Capraro

Agnès Bihl, avec Dorothée Daniel, 21 novembre 2015, Le Petit Duc (association Théâtre et chansons) à Aix-en-Provence,


Empêchée par un retard de train qui l’a fait arriver une demi-heure avant le début du concert, bouleversée par les attentats qui l’ont touchée au cœur de ses plus proches amitiés, enragée, révoltée, épuisée, Agnès Bihl aurait pu déclarer forfait en ce samedi soir. Ce serait mal connaître cette blonde malicieuse, ni très grande ni très musclée, allure de femme-enfant avec ses longs cheveux blonds et sa frange, sa frimousse presque toujours souriante, sa mini robe noire et ses bottes. Mais dotée de caractère.

« Parce qu’il n’est pas question que je me replie sur moi-même
Que j’arrête de penser, d’aimer, de chanter
Que je me méfie des autres et de la Vie. Pas question de vous faire ce plaisir… »

« J’ai eu peur de mon ombre et j’ai  mal à la terre. »  Sur la vingtaine de chansons issues de déjà cinq albums (plus une du  Carré de dames), celles dénonçant les travers de notre société « Un jour on se dira / Salut combien tu vas ? », iconoclastes,  ne cessent de résonner avec l’actualité. De cette Enceinte Vierge, de 2001 : «  Au ciel y’a plus d’phase terminale / Et martyr c’est bien mieux payé / Que crever seul à l’hôpital. » A ce Merci maman, merci papa : « On fabrique des tueurs à la chaîne / Jouer aux p’tits soldats de dix ans / Et puisque l’horreur est humaine / La guerre n’est plus qu’un jeu d’enfants. » Ou dans un autre registre, cette Déprimequ’elle nous interprétera assise par terre, avec une intensité décuplée par rapport à l’album.

Pour avoir toujours raison, il nous suffit d’être pessimiste, avoue-t-elle !

La voix douce, enfiévrée, tour à tour tendre et en colère; plantée comme un p’tit gars, face à nous, jambes solides, dansant, ou les jambes sur le guéridon dans une position décontractée de cow-girl; jouant de ses mains, de son sourire désarmant, de son regard soudain rêveur ou perlé d’une larme, c’est une comédienne vivant ses rôles avec une énergie folle, une densité humaine magnifiant ses textes précis, osés, tendres, mélancoliques ou à l’humour ravageur. Qu’elle pleure ou qu’elle rit. Inénarrable prestation que cette Gueule de bois !
Dorothée Daniel, son alter ego blonde et frangée également, élancée, pianiste-compositrice de talent, le profil élégant dans son pantalon noir, le chant insolent, rythme avec force et précision son interprétation, passe avec aisance du chœur au duo et de la vocalise à la répartie humoristique, dans une grande complicité féminine et humaine.
Agnès excelle aussi dans l’étude des étapes de la vie, de 13 ans à Mamie les cheveux mauves, cette vieille dame toujours désireuse d’aimer, et dont elle évoque tout le passé avec poésie et délicatesse. La maternité vue du côté de la petite fille encore dans le ventre de sa mère, dans cette nouvelle lue, vécue plutôt, ponctuée de ces « Mère, femme, …, Maman ! », si superbement écrite et interprétée, avant la chanson pour sa mère, puis celle pour sa fille, SOS bonheur.

Et toutes les pérégrinations de la vie d’une femme (…36 heures, parce que 24 c’est pas assez).Féministe, sensuelle, irrespectueuse « Pour vivre heureux vivons couchés (…) Moi j’me fous de la morale / Et ça c’est bon pour le moral », jalouse, confiante, vengeresse, lucide sur la valeur des hommes.

« Bienvenue parmi moi, dans un lieu de perdition et de satanisme musical » nous a-t-elle provoqués. Le paradis doit être moins délicieux.

 

Le site d’Agnes Bihl c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit c’est là

Ne pleure pas Casanova (vidéo Hexagone) Image de prévisualisation YouTube

 

 

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