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Arno, toujours debout

Arno © Elke Verhaege

Arno © Elke Verhaege

Espace Julien, 22 mars 2016,

Un spectacle d’Arno, ça se mérite. Il vous faudra rester debout deux heures (sans compter sa première partie), avoir les tripes qui résonnent au gré de la batterie (jusqu’à votre sac en bandoulière qui semble animé d’une vie propre), être aveuglé par des projecteurs qui vous fusillent à chaque titre un peu rock, être assourdi par ces mêmes titres en n’étant pas sûr qu’ils soient chantés en anglais ou en français, recevoir les coudes de votre voisine de gauche dans les côtes, et le sac à dos de celle de devant dans le nez. Vous tordre le cou pour apercevoir le visage d’Arno, yeux mis-clos, nez en l’air, cheveux en bataille, voix rugueuse, sifflant parfois comme un merle, ou rajoutant quelques notes d’harmonica, ou quelques coups de cymbales, le plus souvent accroché à son micro qu’il balance de droite à gauche sur les titres les plus rythmés, ou auquel il se cramponne quand il s’agit d’évoquer plus doucement les sentiments. Il faisait déjà ça il y a au moins trente ans, rockant en anglais, avec juste un jeu de jambe plus dynamique. Bon, Arno, le Old motherfucker bande encore, ce n’est pas moi qui le dis, mais lui, nous annonçant avec naturel « J’ai une érection », quand la salle l’accompagne sur la reprise inoubliable des Filles du bord de mer d’Adamo : « Et encore, et encore, z’auraient pu danser la java / Z’étaient chouettes les filles du bord de mer / Z’étaient chouettes pour qui savait y faire. » Apparemment ça fait le même effet au public, si l’on en juge par les filles de 20 à 70 ans qui s’agitent en cadence sur les morceaux les plus rock, ou reprennent en chœur les plus vieux refrains, toujours à son répertoire depuis ses débuts : Les yeux de ma mère, celle qui a « Quelque chose dangereuse / Quelque chose d’une allumeuse / Quelque chose d’une emmerdeuse »,  « Vive ma liberté yeah yeah », « La vie est belle, chic et pas chère », « Oh la la la c’est magnifique », refrain d’une chanson punk des années 80, époque TC Matic, et pour le reste en anglais !

MAGALI FOURNIER, IMPERTINENTE ACCORDÉONISTE   Magali, c’est la jolie surprise de la soirée. Cette chanteuse autodidacte, qui a repris la chanson, sa passion de jeunesse, avec l’accordéon découvert à 15 ans, après avoir élevé ses enfants, se produit en café concert sur la région. Elle figurait d’ailleurs dans la programmation de l’Off du Festival de chanson française d’Aix où je n’avais pu me rendre. Un petit bout de femme dans sa robe fleurie, plantée avec aplomb devant ce public impressionnant quand on a l’habitude des petits lieux. Elle continue la tradition des chanteuses des rues avec une voix claire est bien posée de petite fille, une personnalité rebelle bien affirmée, et écrit et compose ses chansons. Elle nous avoue être une mauvaise fille, une mauvaise graine; se met dans la peau de la voleuse qui cambriolé son appartement. Fait l’inventaire des hommes qui pourraient être l’élu, comme Arno le fait avec Lola, Carla, Elga, Olga ou Cinderella, sans trouver la perle rare. Chansons sur les relations amoureuses, la fête de vivre, neuf titres en tout. Et termine par une J’ai peur qui fait penser à celle de Leprest, bien que sur un rythme entraînant (elle y a peur du vide, du noir, de tout, de rien, de Marine, des pompiers, de vivre…mais n’a plus peur dans ses bras) De la génération de ces chanteuses alliant charme et caractère.

MAGALI FOURNIER, IMPERTINENTE ACCORDÉONISTE
Magali, c’est la jolie surprise de la soirée. Cette chanteuse autodidacte, qui a repris la chanson, sa passion de jeunesse, avec l’accordéon découvert à 15 ans, après avoir élevé ses enfants, se produit en café concert sur la région. Elle figurait d’ailleurs dans la programmation de l’Off du Festival de chanson française d’Aix où je n’avais pu me rendre. Un petit bout de femme dans sa robe fleurie, plantée avec aplomb devant ce public impressionnant quand on a l’habitude des petits lieux. Elle continue la tradition des chanteuses des rues avec une voix claire est bien posée de petite fille, une personnalité rebelle bien affirmée, et écrit et compose ses chansons. Elle nous avoue être une mauvaise fille, une mauvaise graine; se met dans la peau de la voleuse qui cambriolé son appartement. Fait l’inventaire des hommes qui pourraient être l’élu, comme Arno le fait avec Lola, Carla, Elga, Olga ou Cinderella, sans trouver la perle rare. Chansons sur les relations amoureuses, la fête de vivre, neuf titres en tout. Et termine par une J’ai peur qui fait penser à celle de Leprest, bien que sur un rythme entraînant (elle y a peur du vide, du noir, de tout, de rien, de Marine, des pompiers, de vivre…mais n’a plus peur dans ses bras)
De la génération de ces chanteuses alliant charme et caractère.

Il vous faudra aussi supporter les musiciens qui font la gueule tout en faisant bien leur travail, le guitariste que jamais n’effleure l’esquisse d’un sourire, le claviériste ou le bassiste sur lequel l’ombre d’un sentiment humain passe parfois, et le batteur qui sourit enfin furtivement lors d’un solo particulièrement puissant où il a pu donner toute sa mesure.
Assister à un concert d’Arno, c’est comme boire cul sec un verre  de whisky ; ça brûle, ça fait mal et il faut faire longtemps rouler dans sa bouche la gorgée pour en goûter tout le parfum. Et ça, c’est comme un premier baiser, celui dont il nous parle avec nostalgie : « J’oublierai jamais / Notre premier baiser / Quand ta langue / Elle rentrait / Entrait dans ma bouche  / Comme une nouille sautée. »
C’est du rock saturé en anglais (un conseil, pour le confort de vos oreilles, et la bonne écoute des paroles, écoutez plutôt Human Incognito, qui vient de sortir), des chansons en français (où se mêlent parfois de l’anglais et un peu de flamand, dans un bazar inextricable) avec la vie qui va comme elle va, qui pue des pieds, qui sent sous les bras, de la provocation, mais du sentiment aussi, et de l’espoir. On apprendra que sa grand-mère pianiste avait des couilles, il lui dédie Lola etc, que sa facteure était lesbienne, mais que « Now she likes boys. » La vie est une partouze.  Et lui, il nous le confesse, « I’m a mess » (Dance like a goose).
Nous sommes jour d’attentats à Bruxelles et son émotion apparaît par quelques commentaires, et dans la difficulté qu’il aura à s’exprimer après le concert. Les paroles de la vieille chanson Putain, Putain, des années 80, résonnent étrangement : « Putain, putain / c’est vachement bien / nous sommes quand même / tous des Européens. » Brussels semble avoir été écrite pour l’occasion : « Let’s sing this song for Linda, Mustapha / Jean-Pierre, Fatima, Michel and Paul / The brain of God, les flamands / Et les wallons / You and me and Mr Nobody. »
Alors on rêve avec lui ses utopies « Je veux vivre dans un monde où Dieu il est amoureux (..) et ou les cons ne font pas de bruit (…) sans cholestérol (…) avec une overdose de rockn’roll » et on adresse une supplique désespérée à un Dieu qui ne répond pas : « Please exist ! Change the world in peace and green. »

 

 
Le site d’Arno, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. En tournée en France et en Europe jusqu’en décembre.

Dance like a goose (Alcaline mars 2016) Image de prévisualisation YouTube

 

 

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