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Le Beaupain frais du jour

alex-beaupain-loinReconnaissons- le : si Alex Beaupain ne figure certes pas dans les rangs trop nombreux des artistes médiatiquement inconnus, c’est moins à son activité de chanteur qu’il doit sa renommée qu’à son travail de compositeur de musiques de films, principalement pour le cinéaste Christophe Honoré (huit longs métrages à leur actif commun, dont les comédies musicales Les chansons d’amour et Les bien-aimés).

C’est pourtant son cinquième CD déjà qui lui vaut le plaisir et l’honneur de rejoindre la galerie illustre des bardes et troubadours chroniqués dans NosEnchanteurs. Disque de la maturité pour ce jeune quadragénaire, Loin est un recueil de 11 chansons, paroles du chanteur, musiques d’une kyrielle de compositeurs, dont du beau monde (outre Beaupain lui-même pour 2 morceaux)  : Vincent Delerm, Julien Clerc, Alexandre Varlet, la Grande Sophie… L’homme sait incontestablement bien s’entourer !

LES GENS DANS L'ENVELOPPE  « CHANTER EST UN ART DE L'ABANDON*» Isabelle Monnin est à l’origine d’un OVNI, Les gens dans l’enveloppe, Roman, Enquête, Chansons. Un jour, elle acquiert sur le net un lot de photos familiales émouvantes par leur banalité même. Très vite, elle  commence  à leur inventer une histoire. Donne nom à chaque personnage, tisse des relations entre eux, écrit la fiction de leur vie. Elle y voit une absence dont souffre dans le roman son héroïne, la jeune Laurence.  Son ami Alex, originaire du Doubs comme elle,  traduit en une semaine en chanson le roman de ces photos. Très vite aussi apparaît la nécessité de retrouver les vraies gens de l’enveloppe. Après une enquête approfondie, le mystère se dénoue, la réalité rencontrant parfois la fiction, ainsi Laurence s’appelant réellement  Laurence, tout comme son arrière-grand-mère. Et l’intuition de l’abandon se révèle concerner le pivot de l’histoire de la famille réelle, le discret Michel, père de la véritable Laurence, non reconnu par son père, négligé par sa mère et abandonné par sa femme, à la recherche toute sa vie de l’amour.  Dix chansons originales écrites par Alex, sauf  un quatrain trouvé dans les archives du village, « A Clerval, sur le pavé / Y’a des filles à marier », qui sert à introduire comme un refrain, chacun des personnages du roman qui ont inspiré à Alex ses chansons; et deux reprises, interprétées par les vraies gens de l’enveloppe, des madeleines musicales.  Laurence, la jeune fille, incarnée par la rêveuse Camelia Jordana « Ainsi va ma vie / De pierre et de bois / Où rien ne se dit / Où tout reste là » et T’aimer… « c’est comme aimer le vent » . La vraie Laurence interprète ensuite avec ses enfants, avec aisance et fraîcheur, La chanson d’Emilie et du grand oiseau, et c’est un vrai coup de cœur musical.  Michelle, la mère du roman, chante par la voix de Clotilde Hesme Couper les virages. Cette chanson a été reprise à peine modifiée « On voudrait » au lieu de « Je voudrais » dans l’album Loin. Et « Il faudra mon cher / Être tout à la fois / L’enfant et le père ». Suzanne, la mère de la vraie vie, chante avec une application émouvante Les mots bleus en duo avec Alex. Enfin la grand-mère du roman, décédée dans la vie, est interprétée par Françoise Fabian. C’était fini la guerre, et la poignante S’étendre sur la table « Et se sentir friable / Rêche comme une écorce »  Ce triptyque original sera cher à tous ceux qui se reconnaîtront dans ces souvenirs de famille, petits et grands secrets, la vie comme elle va, à lire avant d’écouter le CD qui en rend bien la douce mélancolie de vivre. *Alex Beaupain CATHERINE LAUGIER

LES GENS DANS L’ENVELOPPE
« CHANTER EST UN ART DE L’ABANDON*»
Isabelle Monnin est à l’origine d’un OVNI, Les gens dans l’enveloppe, Roman, Enquête, Chansons.
Un jour, elle acquiert sur le net un lot de photos familiales émouvantes par leur banalité même. Très vite, elle commence à leur inventer une histoire. Donne nom à chaque personnage, tisse des relations entre eux, écrit la fiction de leur vie. Elle y voit une absence dont souffre dans le roman son héroïne, la jeune Laurence.
Son ami Alex, originaire du Doubs comme elle, traduit en une semaine en chanson le roman de ces photos.
Très vite aussi apparaît la nécessité de retrouver les vraies gens de l’enveloppe. Après une enquête approfondie, le mystère se dénoue, la réalité rencontrant parfois la fiction, ainsi Laurence s’appelant réellement Laurence, tout comme son arrière-grand-mère. Et l’intuition de l’abandon se révèle concerner le pivot de l’histoire de la famille réelle, le discret Michel, père de la véritable Laurence, non reconnu par son père, négligé par sa mère et abandonné par sa femme, à la recherche toute sa vie de l’amour.
Dix chansons originales écrites par Alex, sauf un quatrain trouvé dans les archives du village, « A Clerval, sur le pavé / Y’a des filles à marier », qui sert à introduire comme un refrain, chacun des personnages du roman qui ont inspiré à Alex ses chansons ; et deux reprises, interprétées par les vraies gens de l’enveloppe, des madeleines musicales.
Laurence, la jeune fille, incarnée par la rêveuse Camelia Jordana « Ainsi va ma vie / De pierre et de bois / Où rien ne se dit / Où tout reste là » et T’aimer« c’est comme aimer le vent » . La vraie Laurence interprète ensuite avec ses enfants, avec aisance et fraîcheur, La chanson d’Emilie et du grand oiseau, et c’est un vrai coup de cœur musical.
Michelle, la mère du roman, chante par la voix de Clotilde Hesme Couper les virages. Cette chanson a été reprise à peine modifiée « On voudrait » au lieu de « Je voudrais » dans l’album Loin. Et « Il faudra mon cher / Être tout à la fois / L’enfant et le père » Suzanne, la mère de la vraie vie, chante avec une application émouvante Les mots bleus en duo avec Alex.
Enfin la grand-mère du roman, décédée dans la vie, est interprétée par Françoise Fabian. C’était fini la guerre, et la poignante S’étendre sur la table « Et se sentir friable / Rêche comme une écorce »
Ce triptyque original sera cher à tous ceux qui se reconnaîtront dans ces souvenirs de famille, petits et grands secrets, la vie comme elle va, à lire avant d’écouter le CD qui en rend bien la douce mélancolie de vivre.
*Alex Beaupain
CATHERINE LAUGIER

Au menu, des chansons pop enlevées (Loin, Couper les virages, Van Gogh…) aux textes cependant tristounets et  des chansons pleines de cordes ou de claviers mélancoliques pour habiller des paroles nostalgiques (La montagne, Rue Battant…). Bref, qu’on ne s’y trompe pas : même si la forme – très respectueuse de la structure couplet-refrain – est par moments guillerette, toujours le fond explore les souvenirs d’enfance ou d’adolescence, le deuil, la séparation… Rien de bien joyeux donc, que l’interprétation sans trop d’effets du chanteur ne relève d’aucune saveur épicée. Une belle illustration de la chanson d’Alain Souchon – Laurent Voulzy, Souffrir de se souvenir.

Du beau et bon travail, incontestablement, qui à lui seul suffira à combler de bonheur les auditeurs enclins à un certain spleen teinté de passéisme. On n’en regrettera que davantage que l’ensemble pêche par moments d’un déficit de personnalité ! Loin fait ainsi immanquablement penser à Souchon (on y revient), par l’utilisation du « on » et d’une formule gimmick (On est loin de se douter qu’on en est déjà là / Entamé plus qu’à moitié / Tout ça pour ça), quand certains vers ont carrément l’air d’être sortis de sa plume (On est loin des peaux fruitées / Gel douche à la mangue / Dans quel sens faut-il tourner / Dans ta bouche ma langue), Reste (construite sur une seule rime) pourrait, elle, avoir été écrite par Miossec, L’amour en cage sonne comme du Chamfort, le passage parlé dans Van Gogh (un monologue de Pialat issu de son film A nos amours) rappelle sans forcer le Deauville sans Trintignant de Delerm, avec son extrait d’Un homme et une femme… Rien de bien dramatique, bien sûr, ni rien qui entache réellement le plaisir de l’écoute de ce joli CD, mais assez étonnant de la part d’un artiste plus vraiment débutant que de n’avoir pas un style plus affirmé ! Et ce d’autant plus qu’il est capable du meilleur, comme son très beau Les voilà, qui évoque le deuil de ses deux parents à la fois et de la difficulté de s’en remettre. Sujet grave, abordé sous un angle original, sans pathos aucun mais avec une émotion palpable qui touche au cœur. Une grande et belle chanson assurément.

On se consolera donc en se disant que le levain d’Alex Beaupain est de bonne qualité et que le meilleur reste encore à venir. A suivre…

 

Alex Beaupain, Loin, Capitol 2016. Le site d’Alex Beaupain, c’est ici. En concert le 12 mai 2016 à Nantes, le 14 au Musée du Louvre de Lens, le 18 à La Cigale à Paris, le 20 au festival Paroles et Musiques à Saint-Etienne, le 21 à Bruxelles.

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Une réponse à Le Beaupain frais du jour

  1. Catherine Laugier 11 mai 2016 à 19 h 24 min

    Le fait que Beaupain utilise l’anaphore, la répétition de rime ou le « On » ne veut pas dire qu’il n’ait pas sa personnalité propre. Les premières sont des figures de style poétique longtemps utilisées avant lui et qui le seront longtemps après. Quant au « On », c’est un usage du siècle que toi, moi , Souchon, Miossec, Chamfort, la journaliste de Elle ou de Télérama utilisons trop peut-être…Et que des chanteurs de générations voisines s’influencent mutuellement et révèlent l’air de leur temps, cela me paraît naturel.

    Sa personnalité, c’est bien cette mélancolie profonde liée à une ancienne blessure, cette faculté à décrire les impressions et les sentiments, cette interprétation blanche par laquelle il se protège. Un temps pour crier, un pour pleurer, un pour se révolter, un pour s’étourdir, un pour prendre du recul. Mais pas oublier.
    Même coup de cœur pour la chanson « Les voilà » .

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