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Barjac 2016. Délinquante, plein les yeux

Délinquante (photo Anne-Marie Panigada)

Délinquante (photo Anne-Marie Panigada)

Commençons par un aveu : depuis Les Frères Jacques jusqu’à Entre 2 Caisses en passant par Les 3 Horaces, Chansons + ou Marc et André chers à Christian Camerlynck notre dernier lauréat au prix Jacques Douai, j’aime les groupes qui mettent en scène (et pas seulement en musique) leurs chansons. Je suis toujours admiratif en songeant à l’invisible et colossal travail en amont d’imagination tant musicale que gestuelle qui se traduit en heures de répétitions devant la glace, en centaines d’essais et d’erreurs rectifiées, et qui aboutit sur scène à une fluidité paraissant naturelle. Je sais aussi à quel point la vie d’une telle équipe exige de discipline personnelle, d’acceptation de l’autre et d’amitié sans laquelle elle ne dure pas dix ans ! Et que le ciment de cette entente s’alimente de la réussite des spectacles, du bonheur profond de saisir la satisfaction du public. Alors ne soyez pas étonnés si j’ai pris plaisir au spectacle de Céline et Claire, les deux copines complices de Délinquante, et si j’ai applaudi avec tous les spectateurs qui ont réclamé (et obtenu) une jolie chanson en bis, caricature de « The voice ».

Ces deux belles musiciennes brunes n’ont négligé aucun détail de présentation : leur tenue noire sert d’écrin à leurs instruments blancs. Du chignon qui va s’effondrer au bon moment, jusqu’aux escarpins, tout met en valeur leur élégance, leurs jeux de visage et leurs sourires, la fraîcheur de leur jeunesse et de leur culot. Elles commencent sagement sur leurs sièges respectifs, leurs accordéons sur les genoux, et, au gré des chansons, ayant la sagesse de ne pas l’imposer à haute dose – même comme basse pour l’un d’eux – utiliseront l’ukulélé, la raclette ou le clavier. Et elles chantent – que leurs voix sont belles – essentiellement à l’unisson avec une synchronisation au cordeau ou parfois individuellement. Dans un humour quasi continu, elles énumèrent toutes sortes de raison d’être con-descendantes devant celui qui est con-sternant ! Puis, défilent ensuite à grande vitesse le portrait bien troussé d’Odile sur un cha-cha-cha, d’une dyslexique dans toutes les situations d’inconfort possible, ou dans une mise en scène très Métal, de celle qui a peur de tout (Phobies) ou de la « Conne comme une blonde / et chiante comme une brune ». Quelques chansons d’amour et de désir, avec tout leur lot de variables qui ne les simplifient pas, du genre, je veux une histoire avec toi, mais t’as rien de bien, ou « T’es comme une parenthèse / tu ne peux pas vivre sans la fermer », mais « je ne peux pas vivre sans toi à côté », avec aussi une incursion dans les chemins de traverse de la relation homosexuelle : pas simple dans la vie, mais quels beaux sujets de chanson ! S’ajoutent au fil du concert des morceaux sur l’arrêt du tabac, sur l’histoire du groupe Délinquante pour répondre aux questions des spectateurs, et aussi un délicieux petit joyau sur la sexualité débridée des insectes qui nous entourent et qui a bien fait rire le biologiste que je fus !

On dira que c’est de la chanson légère… A relire les textes – qu’elles ont la sagesse d’écrire avec d’autres se réservant l’essentiel des musiques -, pas tant que ça. C’est de la chanson pour les oreilles, pour les yeux, pour le charme, l’humour et le plaisir, et ça fait déjà beaucoup : même à Barjac, il n’y aucune culpabilité à aimer Délinquante !

 

Le site de Délinquante, c’est ici.

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