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Avignon Off 2016. Narcisse, il suffirait de dire je t’aime

(photo capture d'écran)

Cliquez sur j’aime (photo capture d’écran)

« Cliquez sur j’aime », Théâtre au Coin de la lune, 29 juillet 2016,

 

Le pire est devant nous « mais qu’est-ce qu’on s’en fout » : c’est le morceau qui vous sera offert, maintenant que vous avez chargé l’application Narcisse en entrant dans le Théâtre. Oui, c’est le seul endroit du Off où l’on vous recommande d’allumer votre portable. Bienvenue dans le monde des geeks, croyez-vous en rentrant dans la salle où règne une atmosphère glacée. D’ailleurs, le rideau de fond de scène, légèrement translucide, ressemble à l’écran de votre millennial de fils, avec des schémas électroniques, dessins virtuels d’OVNI géométriques ou droïdiens, écrans multiples et des sortes d’hologrammes qui envahissent le plateau… et jusqu’à votre téléphone portable.

Les humains présents sur scène, l’élégant  guitariste rockeur Pierre Gilardoni et sa batterie d’amplis, droit sorti des années 80, qui fait le pendant souriant de l’hôte de ces lieux, j’ai nommé Narcisse, ne sont pas forcément là pour vous rassurer.

Crâne rasé, longue silhouette vêtue d’un ensemble gris, chemise pantalon jupe portefeuille très chic qui m’évoque la guerre des étoiles, ou quelque combattant d’art martial asiatique, visage imperturbable et inquiétant, yeux magnétiques, Narcisse évolue entre scène et backstage, semblant franchir cet écran avec l’aisance d’un passe-muraille. Magicien moderne, il sait utiliser la technologie de notre époque pour en faire la critique. La voix slammée envoûtante de l’artiste, sur fond de chœurs à la Carmina Burana mâtinés de musique électronique, ne nous fait pas l’apologie de ce monde virtuel, non, elle dénonce son absurdité, la course à la vitesse et à la compétition, le manque de communication, les relations creuses et mensongères des réseaux sociaux. « Dites moi qui vous vend vos rêves / (..) Au lieu de rêver votre vie / laissez donc vivre vos frères »

(photo Gilardoni)

(photo DR)

Passés les premiers instants de surprise, le public entre dans le jeu, devine la tendresse sous le masque impassible, rit aux éclats devant les efforts supposés de Narcisse pour mettre de l’ambiance dans le spectacle. En mettant à plat, sans l’artifice de la musique, Allumez le feu de Johnny ou Siffler sur la colline de Dassin, l’effet est bien sûr inverse. L’auditoire participe à un jeu de mots à trous, qui une fois complété fait ressortir « Le meilleur artiste du monde c’est Narcisse », clin d’œil à son nom d’artiste.

Le spectacle ayant été compressé d’une heure quinze à cinquante minutes pour tenir dans le format imposé par le Off, on ne retrouvera pas tous les épisodes de cette épopée virtuelle déjà exposés dans l’article sur l’album du spectacle. Mais La femme mécanique, parfaite autant comme ménagère que comme partenaire sexuelle, y prend une ampleur insoupçonnée. Encore plus belle en trois D que dans notre imagination. De toute façon, elle pourra être blonde ou brune et pourvue de charmes selon vos goûts. Comme des spectateurs ont taxé l’auteur de misogynie, elle se trouve en vente sur catalogue au même titre que le compagnon bionique de ces dames, modèle de base Narcisse, livrable avec des cheveux de couleurs alternatives et en version séducteur, bricoleur ou jardinier…

Et au spectateur qui lui a reproché de montrer la naissance d’un sein de sa femme mécanique, il dédie un titre qui verra projetés en gros plan sur l’écran des dizaines de photos de ces Seins, lolos, nénés de toutes tailles, âges et couleurs, véritable hommage à la femme en ce qu’ils sont l’essence de notre nature de mammifère, parce que « Les seins, c’est pas malsain »

Après une création en 2014, le spectacle a été présenté deux fois au Off d’Avignon. Peut-être l’an prochain un nouveau concert ? On l’attend avec impatience.

 

Le site de Narcisse, c’est ici.

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