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Pierre Barouh, 1934-2016

Pierre Barouh (photo Radio-Canada)

Pierre Barouh (photo Radio-Canada)

« Comme nos voix ba da ba da da ba da ba da / Chantent tout bas ba da ba da da ba da ba da… » Le plus brésilien de tous les chanteurs français vient de disparaître, nous laissant, selon qui nous sommes, ou le refrain de La bicyclette, popularisée par Yves Montand, ou l’entêtant cha-ba-da-ba-da d’Un homme et une femme, qu’il chantait en duo avec Nicole Croisille dans le film de Lelouch palme d’or à Cannes en 1966. Au passage, le Japon perd SON chanteur français : le bleu-blanc-rouge doit être en berne au pays du Soleil Levant.

On sait tous peu ou prou l’histoire de Barouh. De ce jeune homme globe-trotter, particulièrement coutumier du Brésil, qui revient à Paris pour y faire théâtre et cinéma (Lavilliers viendra souvent le consulter au quartier Mouffetard pour nourrir ce qui sera sa légende brésilienne). Qui, in extremis, fait écouter à Lelouch un air rapporté de là-bas… ça fera le cha-ba-da-ba-da soudain dans toutes nos têtes et sur le grand écran. Les droits d’auteur remplissent les poches alors vides du jeune auteur-compositeur-acteur : c’est avec cette manne qu’il créé la maison de disques Saravah qui produira, entre autres, Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Jean-Roger Caussimon, Pierre Akendengué, Maurane, David McNeil, Jean-Louis Mahjun puis, plus tard, des comme Allain Leprest. Saravah, avec pour slogan « il y a des années qu’on a envie de ne rien faire », slogan quelque peu contrarié quand on sait le travail et la fécondité de ce petit label-éprouvette, tant qu’on aurait dit un gros.

15109613_10205804501350054_7344254055963432250_nSaravah vient tout juste, avec Pierre Barouh au premier rang, de fêter le 20 novembre dernier à Paris son cinquantième anniversaire. Et de lancer, bien dans la tradition Saravah, un nouvel album anniversaire (visuel ci-contre) rassemblant Maïa Barouh, Bastien Lallemant, Bertrand Belin, François Morel, Olivia Ruiz, Camélia Jordana, Séverin, Jeanne Cherhal, Sheena Ringo, Kahimi Karie et Albin de la Simone. Barouh devait chanter la semaine passée à La Bellevilloise mais n’a pu le faire, cause à la fatigue. Il fut admis à l’hôpital, il y est resté.

Barouh, c’était un coeur gros comme ça, le don du partage, une simplicité rare dans la métier. Assister à un concert du monsieur était vivre un étrange événement (on relira ici ce que nous avions écrit il y a quatre ans de son passage au festival de Barjac). Le décès du bonhomme est un choc profond car, au-delà des amitiés bien souvent factices du métier, il y avait avec lui une affection, une vraie, doublée d’une tendresse. La famille de la chanson est en deuil comme rarement, les larmes ne seront pas celles de crocodiles.

 

Le site de Pierre Barouh, c’est ici ; la page Wikipédia consacrée à Pierre Barouh, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

9 Réponses à Pierre Barouh, 1934-2016

  1. Anne-Marie Panigada 29 décembre 2016 à 1 h 20 min

    Triste… J’ai eu un pressentiment en voyant l’article de 2012 sur « J’irai à Barjac », alors je suis venue aux nouvelles là, et elle est pas bonne la nouvelle…

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  2. Serge Llado 29 décembre 2016 à 11 h 19 min

    C’était un moment de grâce. J’avais réussi à provoquer une rencontre autour d’une bonne table entre deux de mes maîtres (et amis) : Pierre Barouh et Ricet Barrier, qui ne s’étaient pas vus depuis 40 ans. Également présent, Martial Carré, chansonnier, directeur du Caveau de la République pendant un quart de siècle, à qui l’on doit plusieurs chansons pour les Frères Jacques (« La ceinture », etc…) et « Les ratés de la bagatelle » pour Patachou. https://youtu.be/gf0VIfidHrg

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  3. Olivier Andrys 29 décembre 2016 à 11 h 24 min

    Un monde sans Pierre Barouh ? Je n’y crois pas, non.

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  4. labeyrie babou 29 décembre 2016 à 22 h 59 min

    Un défricheur, oreilles à tout vent, un bel humain généreux et partageur loin des paillettes futiles des médias.
    Nous eûmes la chance de l’écouter à Barjac dans sa désarmante simplicité.
    Merci monsieur Barouh !

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  5. Maêlle St Pier 30 décembre 2016 à 19 h 20 min

    Bonjour

    Juste un détail, le cha-bada est une légende, il n’y a pas de cha, mais seulement bada bada… Pierre Barouh l’a souvent raconté, et récemment encore dans Foule Sentimentale.

    Bonne Année, et Saravah …

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  6. Catherine Laugier 30 décembre 2016 à 20 h 55 min

    Il disait souvent qu’il n’y avait pas de chabada, comme on peut le voir dans les paroles de la chanson et à l’écoute, mais c’est resté ainsi dans la mémoire collective
    J’ai eu la chance de le voir sur scène le 28 septembre 2013, où il était l’invité de Jean Marc Dos Santos au Conservatoire Darius Milhaud d’Aix-en-Provence dans le cadre de La Parole aux Paroliers, au Festival de la Chanson française d’Aix. (Voir la photo de couverture sur mon profil facebook)
    J’ai mis le lendemain en chanson du jour son titre Au Kabaret de la dernière chance, extrait de son opéra éponyme, enregistré par Yves Montand peu avant sa mort, et publié à titre posthume. Pierre Barouh avait rendez-vous avec Yves Montand le jour de sa mort pour enregistrer, ou parler d’enregistrement je ne sais plus, d’autres chansons. Cela l’avait beaucoup marqué et il en parlait souvent.
    Sa chanson Pollen est à l’origine du titre de l’émission de Foulquier.
    Samba Saravah est énormément repris en France, par exemple par Séverin, qui l’a chantée avec lui, ici seul :
    https://www.youtube.com/watch?v=mc8wmc6dQSk

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  7. Lapierre 31 décembre 2016 à 12 h 46 min

    Catherine Laugier, une précision, un extrait de mon livre « La chanson de Paris » >
    Pour Pierre Barouh (26), ce n°15 rappelle un certain mercredi 13 novembre 1991 à 11h.
    Il raconte :
    « Pour moi qui n’ai pas la mémoire des dates, celle-là restera toujours gravée dans ma mémoire. En effet, alors que j’étais chez moi, en 1991, avec ma petite machine à écrire en train de ramer sur une chanson, j’entends un message sur mon répondeur. C’est la voix de Montand disant : ‘‘Je termine le film avec Beineix. Je te donne rendez-vous mercredi 13 novembre à 11 h du matin. Je garde l’après-midi pour travailler avec toi’’… »
    Montand était tombé amoureux d’une chanson de Pierre : Le Kabaret de la dernière chance. Il l’avait chantée dans une émission de Michel Drucker et devait la reprendre à Bercy devant 500 000 personnes, pour ce qui aurait dû être son « chant du cygne », « sa dernière rentrée ».
    Barouh poursuit :
    « Je replonge dans mon texte, et une nuit, à quatre heures, je termine Pour que la mémoire du vent retienne nos chansons. Je voulais l’offrir, à travers Montand, à son père qui, chassé par le fascisme, avait traversé les Alpes à pied… Cette chanson, faite pour être intégrée à une pièce écrite avec mes amis chiliens, est une sorte de testament dédié à tous sont ceux qui ont été ‘‘cocufiés’’ par l’Histoire, tous ceux qui ont cru en ce fol espoir du Front Populaire, ou d’autres. En fait, c’est durant cette nuit qu’est mort Yves Montand. J’apprends qu’il sera enterré le… mercredi 13 novembre à onze heures du matin !
    Je me dis : ‘‘Qu’est-ce que je fais ? Aller au Père-Lachaise : télé-badauds, etc.’’ Je ne voulais pas lui poser un lapin. Alors, ce mercredi 13 novembre 1991, à onze heures, je suis allé à notre rendez-vous, place Dauphine. Je me suis installé au bistrot à côté de chez lui. J’ai écrit sur une feuille ce testament qu’il n’écoutera jamais. Et je l’ai laissé ‘‘Aux bons soins de Bob Castella’’, son pianiste-secrétaire… »

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  8. Alain Rançon 25 janvier 2017 à 15 h 47 min

    Ceux qui ont eu la chance du partage avec Pierre Barouh savent que ce n’est pas seulement un ami qui est trop tôt parti sur l’autre rive. Pierre était aussi un grand humaniste aux qualités rares et d’une générosité enjouée. Il a certainement consacré plus de temps au talent des autres qu’au sien. En 35 ans d’amitié, je ne l’ai pas une fois entendu dire du mal de quelqu’un…. Plus qu’un poète talentueux, dont l’art traversera et traverse déjà les générations, Pierre restait attentif à ce et à ceux qui l’entouraient, avec bienveillance, intelligence, courtoisie. Il faut s’inspirer de ce qu’il nous lègue : ses messages sont immortels, vrais, fondés, réfléchis, profonds…car il est également un homme de grande culture. Et nous en avons tant besoin ! Sensible à la nature, au respect et à la beauté du Monde, son regard sans frontières était un hymne à la rencontre et au partage. Saravah ! merci de tous tes cadeaux très cher Pierre !
    Alain Rançon

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  9. Jean Pierre Gleize Bourras 26 janvier 2017 à 11 h 40 min

    Et le Rugby…
    « Je rêve d’un Pays qui se nomme Ovalie.. »
    Un vrai Rêve.
    Merci Monsieur Barouh!

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