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Je suis contre les femmes…

lead_960…tout contre elles.

L’esprit de Sacha Guitry donnait d’entrée de jeu le ton de cette magnifique soirée au Forum Léo-Ferré (FLF pour les intimes) à Ivry-sur-Seine. En cette Journée des Droits des Femmes, et non pas Journée de la Femme comme on l’entend un peu trop (pourquoi pas Journée du bégonia ou de la clef à molette ?), la fine fleur de la jeune scène nous offrait la primeur d’une très belle création, «Tout contre elles » signée Lizzie et Lise Martin (note pour les présidentielles : lisez et élisez Lise et Lizzie !). Rejointes sur scène par Garance et Lily Luca, accompagnées de main de maître(sse) au piano par Clémence Monnier, transfuge des Goguettes et acolyte habituelle de Patrice Mercier, elles offrent là un spectacle taillé au cordeau, enchainant les titres extrêmement bien choisis et les interventions à la pertinence féroce…

(photos David Desreumaux/Hexagone)

(photos David Desreumaux/Hexagone)

Un piano (et quel piano), quatre micros et quatre tabourets hauts, voilà le décor minimal dans lequel nos french Andrew Sisters vont faire assaut de connivence et de complicité. Que les choses soient claires, bien loin de n’être que ravissantes, elles ont de choses à dire, et à dire de bien belle façon ! A l’issue de la soirée, le public semblait unanime à espérer que ce beau spectacle d’utilité publique devrait tourner par mont et par vaux, gageons que vous aurez la chance de le voir dans les mois qui viennent et n’en déflorons pas trop le déroulement pour ne pas vous gâcher le plaisir à venir. Qu’il vous suffise juste d’imaginer quelques interprétations mémorables, entre autres La côtelette (je suis la femme) de Brigitte Fontaine « Je suis une confiture, je suis une pâture, je suis un liseron, je suis un édredon, je suis une poupée et je suis un gibier », le Ne vous mariez pas les filles de Boris Vian, l’ineffable Pisser debout de Giedré, le très joli Quizz (Belle du Berry) ou Tous les mêmes de Stromae. Une plume en particulier est mise à l’honneur avec la présence de deux chansons incontournables d’Anne Sylvestre, les très poignants Frangines et Petit Bonhomme. Grosse émotion palpable sur scène et dans la salle… Mention spéciale également à Lizzie, parfaite dans son rôle d’ingénue sexy dans Cucul (titre de Manu Lods, immortalisé par LA Miravette). Les timbres différents de nos héroïnes du soir se mêlent à merveille en un étonnant ping-pong verbal où chacune renvoie la balle au centre des débats. Et Dieu (qui n’existe pas, mais qui est une femme…) sait que les débats s’imposent s’agissant des droits des femmes, et c’est ainsi que les chansons alternent avec des lectures élégamment mises en scène et puisant aussi bien dans une relecture attentive de la Bible que dans des extraits de Kink Kong Théorie de Virginie Despentes (lisez-le si ce n’est déjà fait !). 17191333_1830899190268930_2997399752941917725_nUn peu plus loin, ce sont des extraits du rapport Hite sur la sexualité féminine qui font un écho terrible à la lettre de l’Observatoire des violences faites aux femmes. C’est Lizzie, encore, qui fait tomber un silence glacial sur le Forum en vivant pleinement le trop célèbre Sale pute du sieur Orelsan, performance qui alimentera moult débats au bar à l’issue de la soirée… Garance, Lise, Lily et Lizzie abandonnant momentanément la scène pour un changement de tenues, c’est Clémence Monnier, seule au clavier, qui livrera ensuite une version impeccable à la rythmique martelée du très beau titre de Juliette Le Diable est une femme. De mémoire d’aficionados du Forum Léo-Ferré, cela devait être la première fois qu’il nous était donné l’occasion ensuite d’assister au tableau blanc à un magistral cours d’éducation sexuelle sous les doigts experts de Lily Luca, que l’on sait aussi douée pour tenir un blog dessiné que pour schématiser un clitoris et ses mystères cachés… Il n’est pas impossible qu’une partie du public, masculin comme féminin, n’ait pas totalement perdu sa soirée… Le temps d’une goguette reprise en chœur, déplorant le manque de femmes au Panthéon sur l’air de La chasse aux papillons de Brassens, et se terminait cette éclatante soirée parfaitement documentée et mise en forme. Une tribune intelligente, drôle et virulente mais jamais pesante, alliant féminisme et féminité, ce qui, la preuve est faite, n’est absolument pas incompatible… Quel beau cadeau ces dames nous ont fait là.

Oui décidément, tout bien réfléchi, pour des filles… c’était pas mal !

Et demain est un autre jour…

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Une réponse à Je suis contre les femmes…

  1. Franck Halimi 11 mars 2017 à 12 h 15 min

    Quand des femmes s’emparent du sujet des droits qui les font se tenir droit, quand des femmes en parlent à hauteur d’homme, quand des meufs prennent à bras-le-corps les questions dont elles sont l’âme, ça excite souvent ma comprenette.
    En effet, l’intelligence m’excite terriblement : elle a sur moi un effet stimulant et pilo-érectile unique.
    Aussi, lorsque j’apprends que s’est monté un tel spectacle, avec de telles personnalités, sur un tel sujet et avec un tel répertoire, je n’ai qu’une envie : pouvoir y assister.
    Et quand ce tel spectacle est narré par une telle plume, l’envie se fait encore plus pressante => vivement qu’elle puisse être vraiment assouvie…
    Il est vraiment fort, Engel !

    Répondre

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