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Festival Dimey 2017. L’évidence d’une programmation féminine…

Marie d'Epizon à Nogent (photo Philippe Savouret)

Marie d’Epizon à Nogent (photos Philippe Savouret)

4 mai 2017, Festival Bernard-Dimey, Nogent, 

 

La première soirée du festival de Nogent a justifié l’affiche : à quelques exceptions qui confirment la règle, rien que des noms féminins. Pourquoi ? Sûrement, comme on l’a mentionné dans la cérémonie d’ouverture, parce que Bernard Dimey aimait les femmes (Yvette Cathiard, Dominique Dimey) – comme l’a rappelé le tout nouveau et très solide documentaire de Dominique Regueme, diffusé le 8 mai prochain sur FR3 Lorraine : Bernard Dimey, poète et pourquoi pas ? Il a écrit des chansons pour alimenter leurs répertoires comme par exemple pour Juliette Gréco ou Zizi Jeanmaire, et les a célébrées à tous âges (Mémère) et dans beaucoup de situations… Mais encore parce qu’il a produit ses textes au cours du XX° siècle qui fut celui du changement complet de la condition féminine au moins dans les pays occidentaux ; et en chansons le siècle au cours duquel des nouvelles auteures ont défendu sur scène leur écriture propre dont le niveau soutenait allègrement la comparaison avec les productions de Bernard Dimey et de ses confrères masculins ! Ce n’est pas un hasard si on a entendu ce soir des chansons signées Anne Sylvestre, Véronique Pestel, Sophie Makhno et Barbara.

Yvette Théraulaz

Yvette Théraulaz

Le spectacle de la suissesse Yvette Théraulaz, à cet égard, en est une illustration parfaite. Il est l’archétype remarquable d’une démarche d’interprète qui, comme le dit Christian Camerlynck, écrit avec les chansons des autres. Et quels autres ! En plus des auteures précédentes, on trouve Ricet Barrier, Jean Ferrat, Jacques Brel, William Sheller, Guy Marchand, Etienne Rod-Gil, Julien Clerc, convoqués pour composer avec les chansons écrites par Yvette, une fresque chronologique de l’évolution des femmes au XX° siècle. Elle y fait la description des non-droits et des humiliations des mères, de l’indignité de naître fille jusque dans les années cinquante, d’une éducation faite de principes quasiment esclavagistes au service des hommes ; puis les ouvertures de mai 68, du féminisme, du droit à l’avortement, de la découverte de la liberté, même si c’est dans la douleur d’une séparation, et de la possibilité d’aimer encore et d’entrevoir le bonheur avant de se poser la question de la fin de vie sans déchéance… Tout cela est dit sur les musiques discrètes et subtiles du piano de Lee Maddeford et avec beaucoup d’humour : le spectateur rit des turpitudes qu’il a vécues ou fait vivre aux autres ! Et les chansons superbement arrangées par le pianiste, comme des azuléjos qui rehaussent l’élégance d’une façade portugaise, arrivent toujours en situation dans le propos, au premier ou au second degré. La prestation d’Yvette Théraulaz est à la fois un enchantement et une bombe.

Marie d'Epizon

Marie d’Epizon

Marie d’Epizon, qui avait précédée Yvette sur la scène est, pour sa part, la vivante illustration de cette liberté créatrice des femmes du XXI° siècle. En compagnie de ses musiciens (Thomas Fontvieille, très subtil à la guitare et Jean-Pierre Barreda à la contrebasse), de sa voix douce, elle va décliner la poésie simple et tranquille inspirée par la nature et ses tendres frémissements (Les ailes de papier, La neige) ou les tableaux de Matisse et Vlaminck au bar des Templiers (Les couleurs de Collioure). Elle exprime aussi le temps qui passe et la nostalgie des petits bonheurs perdus (Le marchand de sable), s’interroge avec humour sur ce qui arrive Quand on s’ennuie au lit, et évoque dans une chanson, au départ inspirée par Giuseppe Tomasi de Lampedusa, la gravité des événements de cette île grecque. Mention spéciale pour Les plateaux de la balance d’une involontaire actualité : « Mais chacun s’évertue / À trouver son chemin / Entre vice et vertu / Entre hier et demain« . Et quand Marie se fait interprète, c’est pour mettre en valeur Dimey (J’aimerais tant savoir), Piton (J’en veux) ou bien sûr Barbara (Le soleil noir), comme à l’occasion du bis avec A mourir pour mourir très émouvant et, à mon sens, très réussi.

Un festival au féminin qui n’a pas raté son entrée en matière.

 

Le site d’Yvette Théraulaz, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Le site de Marie d’Epizon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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3 Réponses à Festival Dimey 2017. L’évidence d’une programmation féminine…

  1. Jean Lapierre 6 mai 2017 à 12 h 02 min

    Une précision : Lampedusa n’est pas une île grecque, mais italienne, près de la Sicile…

    Répondre
  2. Gérard 6 mai 2017 à 17 h 12 min

    Quelqu’un peut-il me dire à quelle heure passe le documentaire sur Bernard Dimey le 8 Mai sur FR3 Lorraine. Grand merci.

    Répondre
    • François 8 mai 2017 à 17 h 14 min

      Le film sur Bernard Dimey passe le 8 mai (aujourd’hui) après le « Soir 3″ sur FR3Lorraine

      Répondre

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