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Alain Meilland, 1948-2017

Alain Meilland (photo Le Berry Républicain)

Alain Meilland (photo Le Berry Républicain)

Pour les médias nationaux et pour le grand public, il fut et reste le co-fondateur du Printemps de Bourges. Sous son impulsion, le printemps berruyer fut un grand, un très grand festival chanson. De voir son bébé désormais en temple du bizness musical, allant presque jusqu’à nier la chanson, ne devait pas nécessairement le ravir.

Né à Feurs, dans la Loire, fort de l’idée de l’éducation populaire, il fut attiré très tôt par les tréteaux et a longuement hésité entre un devenir d’acteur et celui de chanteur. Tant qu’il fut longtemps les deux. D’abord au sein de la troupe lycéenne Duk, à l’existence contrariée, troupe qui hébergea un autre drôle de phénomène en la personne de Bernard Oulion, qui prendra vite le pseudo de Lavilliers. Meilland devient acteur au sein de la prestigieuse troupe de Jean Dasté, à la Comédie de Saint-Etienne, premier Centre dramatique national s’il en est. A cette époque il se lie d’amitié pour la vie avec Léo Ferré, alors lyonnais et en résidence à la Comédie de Sainté. Le théâtre le mène aux Tréteaux de Lorraine, troupe itinérante en ce bastion de la sidérurgie, là où toutes les villes finissent par « ange ». Il y joue, il y chante aussi, en cette époque, le début des années soixante-dix, où tout le monde est demandeur de chanson. « Tu connais pas des autres chanteurs, Alain ? » Meilland habite à ce moment-là dans le Marais, à Paris, et fait venir un soir son vieux copain Nanar, sans le sou, sans contrats, qui vient de faire un deux titres sous un autre pseudonyme, au cas où ça marcherait mieux : Edgar de Lyon. Oulion est dans la dèche et Meilland lui propose de voir du côté de la Lorraine. C’est ainsi que, pour longtemps, on tiendra Lavilliers originaire de ce coin-là.

Au sein de la troupe Duk, avec Bernard Oulion, qui va bientôt devenir Bernard Lavilliers (DR)

Au sein de la troupe Duk, avec Bernard Oulion, qui va bientôt devenir Bernard Lavilliers : Meilland est à gauche de la photo, Lavilliers au centre (photo Jacques Lagrevol)

Le théâtre mène Meilland à Bourges, à la Maison de la culture. Là, il tente une greffe de cette chanson qui l’anime. Faisons court : le greffon deviendra le Printemps de Bourges, co-créé avec Daniel Colling et Maurice Frot. Puis prendra la direction du futur Centre de la chanson, ces fameux quelques centres créés par le ministre Jack Lang (dont la nomination de Pascal Sevran comme « monsieur Chanson » avait eu des effets calamiteux) qui disparaitront vite faute de moyens leur étant affectés. Meilland reste à Bourges et en devient directeur de la Culture. A sa retraite, il reprend pièces et concerts, trimballant là où on l’accueille ses amitiés et souvenirs de Léo Ferré. NosEnchanteurs l’avait suivi ainsi au Théâtre de la Grille verte, à Saint-Etienne, retour sur les lieux de ses premiers spectacles.

Même s’il convenait parfois d’en prendre et d’en laisser dans la narration des aventures de Meilland par lui-même, parfois un peu brodeur d’histoires comme l’est son copain Nanar, l’homme, chaleureux, sympathique, fut un des acteurs importants de cette chanson que nous aimons et défendons encore. Nombre d’artistes lui doivent un peu beaucoup de leur célébrité. Nous, à NosEnchanteurs, nous perdons un lecteur et ami. Un type bien.

 

La page wikipédia sur Meilland, c’est là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. On lira particulièrement deux livres sur Meilland : L’autre chemin d’Alain Meilland de Maurice Pollein, paru chez Azergues en 1987, et Les vies liées de Lavilliers de Michel Kemper, paru chez Flammarion en 2010.

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Une réponse à Alain Meilland, 1948-2017

  1. Jean Lapierre 16 octobre 2017 à 14 h 48 min

    Alain Meilland s’en est allé…

    Une après-midi de dimanche… Une phrase laconique, au détour du journal Facebook…
    Alain Meilland est mort…
    Je regarde à 2 fois… Je me dis : c’est peut-être une fausse nouvelle…
    Mais non, c’est Hervé Boulais (site La Bonne Chanson) qui l’écrit…
    Alain Meilland est donc parti…
    Ceux qui ont assisté à l’avant-première de Léo l’Indigné, le 2 mars dernier, à la Librairie Les mots passants d’Aubervilliers, vont se rappeler son témoignage sur Léo Ferré, plein de chaleur, de fraternité…
    Alain était fraternel. C’était -c’est- mon ami…
    Je revois une fête ancienne. Il est là. Il y a Lavilliers – l’autre stéphanois – Popaul Castanier, Maurice Frot (deux anciens complices de Léo)…
    Et bien sur, ils parlent tous du “Vieux”, comme ils l’appelaient affectueusement… Ferré a beaucoup compté pour Meilland.
    En 68, après avoir quitté Madeleine, Léo était parti chez un ami à Lyon. Et il voulait répéter les nouvelles chansons. Il appelle Jean Dasté (fondateur-directeur de la Comédie de St Etienne)…
    Il vient donc travailler là-bas les fameuses compositions comme C’est extra (!), Les Anarchistes… Alain Meilland, débutant à la célèbre troupe, pionnière de la décentralisation, est chargé de chapeauter Léo…
    Il entend, discret, derrière le rideau, Léo au piano… Quelle aubaine pour lui !
    Et de là, va naître une longue amitié… Meilland avait raconté tout ça le 2 mars dernier…
    Nous avions d’autres projets, comme celui de partager un repas… ce sont des choses importantes, non !?
    Je voudrais vous raconter son parcours, celui de chanteur, puis la création du Printemps de Bourges avec Daniel Colling et Maurice Frot…
    Bourges lui doit beaucoup… Comme il était animateur chanson (le seul en France et oui !) à la Maison de la Culture de cette ville, c’est donc tout naturellement que le Festival s’est monté là, au centre de la France…
    Je voudrais vous raconter ce chemin d’un homme multiforme : comédien – chanteur – animateur – créateur… Mais vous le lirez dans les liens qui suivent…
    Avec une pensée pour ta femme Aline, ta fille Delphine, puis ton frère Stéphane, qui a un studio à Aubervilliers, tes proches…, je te salue Alain…
    Nous nous sommes pas vu beaucoup ces années, mais on pouvait se téléphoner… Désormais, il n’y aura que le souvenir.
    Mais ce souvenir me -nous- guidera, pour continuer plus que jamais, cette action d’Education Populaire, de Décentralisation Culturelle dont tu étais un fidèle et ardent défenseur, en artisan inlassable et passionné…
    “Allez Alain, un dernier pour la route…”

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