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Vaison en Amont

Marcel Amont à Vaison-la-Romaine (photo Michel Trihoreau)

Marcel Amont et Leandro Aconcha à Vaison-la-Romaine (photo Michel Trihoreau)

3 mai 2018, Festival Georges-Brassens de Vaison-la-Romaine,

 

Il était une fois – et il est toujours – à Vaison-la-Romaine un festival consacré à Georges Brassens. Créé par Georges Boulard il y a vingt-deux ans et animé aujourd’hui par Jean-Marc Dermesropian, il est, sous l’égide des deux tontons Georges, contraint à la qualité et à l’ouverture. Malgré une assez forte présence de têtes chenues brassensophiles, un public varié vient applaudir des artistes tout aussi variés qui ont un lien avec Brassens, ne serait-ce tout simplement que le goût du travail bien fait.

Ce jour-là je pourrais vous dire, par un effet de style un peu banal, que le public a découvert un jeune chanteur talentueux. Ne sombrons pas dans le cliché. Marcel Amont assume ses 89 balais (n’a-t-il pas été Le Balayeur du Roy en d’autres temps ?) avec une aisance et un naturel bon enfant.

Il y a peu, alors qu’il participait à Âge tendre, la tournée des idoles, le producteur a refusé de l’assurer. Il préfère en sourire : « C’est plutôt une situation amusante de dire : tu vas claquer bientôt donc on ne peut pas t’assurer ; mais d’autre part ça m’ennuie un peu de penser que tout, la mort présumée et prochaine des gens, ne passe que par le fric, le fric, le pognon ! » Marcel a toujours choisi l’optimisme, sans être dupe des vacheries qui pleuvent ignominieusement. 

 Enregistrés en 1956 (l’année de son passage à l’Olympia en première partie d’Edith Piaf), et de son Prix de l’Académie du disque Charles-Cros) et 1959, vingt et une chansons qui sont comme un premier florilège d’un répertoire déjà conséquent : Les poupées de Peynet, Bleu blanc blond, Les bleuets d’Azur, Menuet de la reine, Un mexicain, Quand on est amoureux, Tout doux tout doucement… Une pièce fort sympathique de la très belle collection Rouge & Noir (des classiques de la chanson) chez EPM (voir le site www.epmmusique.fr).

Enregistrés en 1956 (l’année de son passage à l’Olympia en première partie d’Edith Piaf), et de son Prix de l’Académie du disque Charles-Cros) et 1959, vingt et une chansons qui sont comme un premier florilège d’un répertoire déjà conséquent : Les poupées de Peynet, Bleu blanc blond, Les bleuets d’Azur, Menuet de la reine, Un mexicain, Quand on est amoureux, Tout doux tout doucement… Une pièce fort sympathique de la très belle collection Rouge & Noir (des classiques de la chanson) chez EPM (voir le site www.epmmusique.fr).

Rappelons pour les plus jeunes ou les moins attentifs quelques étapes de sa longue carrière artistique. Après avoir envisagé un professorat d’éducation physique, il s’oriente vers les cabarets parisiens et séduit assez vite le public, pour être la révélation de l’année en 1956 à l’Olympia et primé par l’Académie Charles-Cros pour son premier disque. Précurseur, à l’Olympia encore en 1965, il s’entoure de danseuses, un an avant Claude François ; cinq ans plus tard il remplit la scène de choristes, de cascadeurs, de lumières et de mouvements. Il utilise des écrans géants avant tout le monde. Il apparait à la télévision dont il va inaugurer la couleur en 1967 avec son émission Amont Tour. On le voit au cinéma de temps en temps. Il enregistre aussi en béarnais et publie des livres sur les chansons, la Gascogne, la vie… On le sait fantaisiste. C’est ainsi qu’on catégorise les chanteurs amusants, d’apparence légère, qui ne cherchent pas à déplacer les montagnes, mais qui font sourire et font du bien sans qu’on s’en aperçoive. Il chante Nougaro, Ricet-Barrier, Dréjac et ses propres chansons. En 1979, il surprend  les colleurs d’étiquettes faciles avec l’album Un autre Amont, où il chausse lunettes sur la pochette, et chante Moustaki, Souchon, Vigneault, Mallet-Joris, mais aussi Cavanna et Gébé. C’est là la vraie fantaisie : échapper à la nomenclature !

Ce soir à Vaison, il s’amuse en nous amusant. Costard gris classique et cravate languissante, les couleurs il les porte dans son expression. Il raconte, Marcel, il évoque, il dialogue avec le public. Ses chansons traversent le temps et les genres. On a l’impression qu’il s’adresse à nous comme s’il était de la famille. On croit le connaître depuis toujours et cette connivence ne ménage pas les surprises.

Sa voix charme son auditoire avec Les Bleuets d’Azur ; il mélange chant et récit avec Le Monsieur qui volait ; Il évoque évidemment Brassens qui lui a donné trois chansons, dont Le Chapeau de Mireille, puis il chante Une Petite Ève en trop ; il enchaîne avec La Galère de Le Forestier et Julien Clerc. La salle est pliée de rire avec sa prestation bilingue : The cow-boy of the black mountain, elle reprend avec lui « Bleu, bleu le ciel de Provence / Blanc, blanc, blanc le goéland / Le bateau blanc qui danse / Blond, blond, blond le soleil de plomb… » qu’il se délecte à faire durer. On n’oubliera pas le chapeau (l’autre) pour Le Mexicain, évidemment, dans une version élastique et déjantée.

Marcel 1Tout le monde a oublié que certaines de ces chansons ont un demi-siècle et plus. Elles se morfondaient dans de vieux 33 tours et le CD ne changeait rien à l’affaire ; elles ont repris de la fraîcheur ici, sur cette scène de Vaison-la-Romaine pour de nombreux spectateurs venus en curieux. Ils vont repartir en fans. Au piano et aux montages sonores Leandro Aconcha semble s’amuser tout autant en associant rigueur et fantaisie. La complicité fonctionne bien, tout s’accorde sans bavure.

Le public du festival, réputé connaisseur en matière de talent, en voudrait encore et encore. Il oublie que le Monsieur, là-bas, sur la scène ne se ménage pas pour lui donner du plaisir, qu’il est entièrement d’époque (mais laquelle ?) et qu’il ne faudrait tout de même pas exagérer.

Parfois, le temps s’assombrit, on voit des copains, des chanteurs qu’on aimait, des amis partir sans crier gare, souvent en rafale, comme si la faucheuse utilisait de complexes équations pour  nous affliger. Puis un rayon de soleil vient nous rappeler à l’ordre : la vie continue ! Un rayon de soleil c’est parfois un défi à l’usure du temps, une preuve de bonheur et d’espoir, un éclat de rire jailli à bon escient, un sourire ciblé, un moment avec Marcel Amont. Comme ses contemporains Hugues Aufray, Charles Aznavour, Annie Cordy et il y a peu encore Graeme Allwright, il a conservé l’essentiel de son énergie vitale pour nous montrer par sa présence sur scène que la vie peut être belle, lumineuse et musicale. On se plairait à croire que c’est le cousin Marcel qui vous en raconte une bien bonne pour chasser nos soucis, mais derrière cette image qu’il voudrait nous donner en cadeau, il y a un grand professionnel, qu’on ne s’y trompe pas.

 

La page facebook de Marcel Amont, c’est ici. Le site du Festival Georges-Brassens de Vaison-la-Romaine, c’est là. Marcel Amont sur le site EPM, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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5 Réponses à Vaison en Amont

  1. Bernard Pithon 10 mai 2018 à 12 h 02 min

    Nous avons fait sa première partie il y a un an. J’ai été impressionné par le talent de Marcel Amont. Ce n’est pas qu’un chanteur, c’est un conteur, un comédien, bref … un artiste accompli. Chapeau Monsieur Amont !

    Répondre
  2. Marc Gicquel 10 mai 2018 à 12 h 05 min

    Ouaouhhhhh quel plaisir que ce papier sur Marcel… merciiiii

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  3. Jean-Pierre Fauré 10 mai 2018 à 12 h 06 min

    Un grand monsieur que j’ai eu le plaisir de rencontrer au défunt centre de la chanson.

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  4. AMONT Marcel 13 mai 2018 à 16 h 35 min

    Que de fleurs !
    Tous ces mots flatteurs me vont droit au cœur.
    Merci et amitiés.
    Marcel Amont

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  5. Gérard 20 mai 2018 à 17 h 27 min

    Ce grand Monsieur de la chanson, qu’il est réducteur de cataloguer fantaisiste, est invité au Festival du Mot, à La Charité-sur-Loire (58), avec ce même spectacle, le 30 mai prochain à 15h.
    Ce Festival de renommée nationale, à la programmation éclectique et de qualité, ne brille pas cependant par son ouverture vers la chanson, illustrant l’excellent article de Jacques Bertin publié il y a quelques jours sur Nos Enchanteurs. C’est pourquoi je fais cette annonce avec un plaisir décuplé.
    A bientôt, cher Marcel Amont, en terre bourguignonne !

    Gérard

    P.S. : A noter, en Off de ce festival, le concert de Govrache le samedi 3 juin à 19h30.

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