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Spa 2018. Circé Deslandes, une sorcière pas comme les autres

Circé Deslandes (photo Pol de Groeve)

Circé Deslandes (photo Pol de Groeve)

20 juillet 2018, Francofolies de Spa,

 

Quand elle monte sur scène, on pressent, on devine, on suppute que l’on va avoir affaire à quelque chose de différent. Teint diaphane sur fond de robe noire, les lèvres d’un rouge éclatant, en bas résilles déchirés, telle nous apparaît Circé Deslandes. Un nom évocateur à lui seul. Elle se présente seule sur les planches, armée d’un habituel synthé-boîte à rythmes. La chanson d’ouverture pose le décor. « Oh Lilith, déesse de la lune noire, donne-moi ton sein, que je puisse y boire, prends-moi pour fille, veille à ce qu’un homme jamais plus ne me soumette… » Ambiance lugubre et ténébreuse, propos revendicateur, interprétation habitée, tous les éléments pour un concert féministe 2.0 sont réunis d’emblée.

Le deuxième morceau nous conforte dans cette impression : l’artiste qui s’offre à nous ne fréquente guère les sentiers battus. « Dans le creux de ma main / Comme un oiseau fragile / Je la serre, je la tiens / Lui offre une coquille / Pour abriter son corps / De petit volatile / La voilà qui m’implore / Q

ui se fait indocile ». De quoi est-il question exactement ? La réponse arrive au refrain : « Ta bite / Ta bite / M’habite ! ». On a rarement entendu un message aussi direct sur la sexualité des femmes d’aujourd’hui, qui revendiquent leur désir et prennent les choses en mains (c’est une image !).

MAIS ENCORE En son temps, nous avions exprimé nos doutes sur Foé, jeune artiste toulousain, présenté un peu vite comme un futur grand de la chanson française, dont le premier disque ne nous avait convaincu qu’à moitié. Confirmation nous en a hélas été donnée sur scène. Certes, sa formule synthé-batterie est dynamique et donne du peps à ses morceaux, mais dieu que l’homme a encore du chemin devant lui, tant au niveau de l’interprétation (pourquoi cette façon de chanter totalement désincarnée ?) que de l’occupation de l’espace. Au boulot mon gars ! A l’opposé des ambiances délétères et sombres de Circé Deslandes, Greg Houben nous a régalés de ses chansons solaires, tirées de son premier album Un belge à Rio. La présence sur scène pourrait ici aussi être travaillée (l’homme n’a pas quitté son siège de tout le set), mais la bonne humeur communicative, la sympathie immédiate qu’il dégage et l’excellence musicale du chanteur-trompettiste et de ses accompagnateurs (tous issus du milieu du jazz) ont gommé les petits défauts. Même la pluie, qui tentait une timide apparition en cette après-midi, s’est très vite avouée vaincue : le soleil était définitivement dans les cœurs.

MAIS ENCORE
En son temps, nous avions exprimé nos doutes sur Foé, jeune artiste toulousain, présenté un peu vite comme un futur grand de la chanson française, dont le premier disque ne nous avait convaincu qu’à moitié. Confirmation nous en a hélas été donnée sur scène. Certes, sa formule synthé-batterie est dynamique et donne du peps à ses morceaux, mais dieu que l’homme a encore du chemin devant lui, tant au niveau de l’interprétation (pourquoi cette façon de chanter totalement désincarnée ?) que de l’occupation de l’espace. Au boulot mon gars !
A l’opposé des ambiances délétères et sombres de Circé Deslandes, Greg Houben nous a régalés de ses chansons solaires, tirées de son premier album Un belge à Rio. La présence sur scène pourrait ici aussi être travaillée (l’homme n’a pas quitté son siège de tout le set), mais la bonne humeur communicative, la sympathie immédiate qu’il dégage et l’excellence musicale du chanteur-trompettiste et de ses accompagnateurs (tous issus du milieu du jazz) ont gommé les petits défauts. Même la pluie, qui tentait une timide apparition en cette après-midi, s’est très vite avouée vaincue : le soleil était définitivement dans les cœurs.

Les autres titres confirmeront l’univers singulier de l’artiste, mêlant ésotérisme (Aux exquis cadavres que j’arrose dans la terre…) et portrait au couteau d’une femme qui ne s’en laissera plus conter. Les craintes sur la perte de séduction subsistent certes (Lorsque les pièces de mon corps seront rouillées, m’aimeras-tu encore ?), mais si rupture il doit y avoir, pas question d’en souffrir plus qu’il ne faut (Maintenant j’ai un bon radar / Il sera bien mieux que toi, le prochain !). Et pourquoi l’expression de ses fantasmes  resterait-elle l’apanage du genre masculin (Je voudrais avoir un taux de testostérone / Qui allongerait dans la nuit mon clitoris / De 4.500 mètres) ? Pour une conclusion non dénuée de pessimisme, puisque tout va disparaître, c’est en marche !

Ultime titre, hélas ô combien réaliste et sans pitié pour le sexe fort, #pathologiecontemporaine décline une litanie de messages que l’artiste a eu le plaisir (!) de recevoir sur les réseaux sociaux : du reproche à l’insulte, de l’invitation obscène à la promesse de viol… Le tout avec des émoticone smile pour faire passer la sauce, of course.

On aura compris que Circé Deslandes ne s’adresse pas au grand public, même si son univers ne manquent guère de points communs avec celui de Mylène Farmer. Son site nous donne d’ailleurs un aperçu de ses autres activités, la rangeant davantage du côté des artistes conceptuels ou des performeuses. Etrange expérience dès lors de la découvrir dans le cadre d’un festival comme les Francos de Spa, à 14 heures, en plein cagnard. Nul doute qu’une ambiance nocturne siérait mieux à son teint. Rendez-vous un de ces soirs !

 

Le site de Circé Deslandes, c’est ici ; celui de Foé, c’est là ; et celui de Greg Houben, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

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