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Contrebrassens, tout contre

Contrebrassens à Feurs (photos Babette Richard)

Contrebrassens à Feurs (photos Babette Richard)

16 février 2019, Château du Rozier à Feurs (42),

 

Nous avions tenté de vous restituer, lors du précédent festival de Barjac, un peu de la prestation de Contrebrassens, superbe émotion offerte à la grande scène, Pauline Dupuy se révélant comme une étonnante, passionnante interprète du moustachu de la chanson.

La revoici, Pauline, cette fois avec tout son orchestre (grand luxe : un quatuor !), pour l’entièreté de son récital, dans une salle taillée sur mesure, avec le public idéal, celui de 5 à 85 ans. Un public qui, peu ou prou, connaît son Brassens sur le bout des lèvres, acquis, à qui on ne le fera pas. Qui ne demande qu’à être surpris, comblé au-delà de ses attentes. Il le sera, plus même.

« Il pleuvait fort sur la grand’route / Elle cheminait sans parapluie… » Une femme, longiligne, haute malgré qu’elle soit pieds nus, avec son imposant instrument qui ne saura longtemps rester de bois. C’est d’abord seule que Pauline ose les premiers vers qui déjà donnent le ton, le la. Dès la deuxième chanson, trois complices viennent la rejoindre. « Il est des jours où Cupidon s’en fout… » chante-t-elle. Pas ces trois-là. Ni croque-notes, ni musicastres, tous maestro dans son genre, complices, pieds nickelés du son comme du bruitage, pitres jusqu’au bout du geste, de la note, du regard. Au chant énamouré de la Dupuy, ils apportent la distance bienvenue, la note un rien discordante qui va faire de chaque chanson œuvre en tout point unique. Ils sont doués de talent et de trouvailles sonores et scéniques, ils sont drôles, irrésistibles. Tant qu’il convient de les citer, de les applaudir plus que de coutume : Franck Boiron (trombone, petit clavier, guira) et Baptiste Sarat (buggle et pichotte) – tous deux formant par ailleurs le duo Art Deko – et Quentin Gouraud (banjo, piano jouet, chaine et tout ce qui cloche).

IMAG6758Des repreneuses et repreneurs du vieux, il y en a à profusion, tant qu’on ne pourrait tous les citer de peur de fâcheux oublis. Peu ou prou tous bons, parfois excellents. Mais des comme ça… Pauline Dupuy interprète Brassens en une ligne mélodique précieuse, affirmée. Onctueuse, où tout coule de source. C’est sa voix, chaude et claire, pourtant presque anodine au sens où elle est débarrassée des tics et astuces de Brassens, qui est sa force : elle offre une nouvelle piste de lecture que notre émotion peut investir, explorer, s’en enrichir, en apprendre plus encore. Comme si d’un répertoire archi-connu elle faisait terrain vierge.

Le bois grince, les cordes claquent. C’est L’orage : la voix de Pauline fait autant caisse de résonance que son imposant instrument : « Un vrai tonnerr‘ de Brest avec des cris d’putois / Allumait ses feux d’artifice ». Plus loin, les gens qui voient de travers et ceux qui se bécotent ; celui qui a l’honneur de ne pas demander ta main ; celle à qui on a mis les mains sur ses hanches ; celui qui r’monte dans la lune en emportant ses cornes ses chansons ses fleurs et ses chats ; le vent fripon, le vent maraud. Et ce bouleversant aveu du croque-note qui a le sentiment qu’il la regrette…

Comment vous dire ? Ce récital est tellement beau, tellement bien, qu’en aucun cas on ne regrette l’absence de telle ou telle chanson. Moi qui, à l’issue de chaque concert d’un repreneur de Brassens liste et pleure mes frustrations, n’a cette fois aucune supplique, aucune demande inopportune, superflue. Tout est bon chez Contrebrassens y’a rien à jeter, sauf à se jeter avec elle, à plonger. Je vais apprendre l’apnée.

 

Le site de Contrebrassens, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs à déjà dit de Pauline Dupuy, c’est ici. Toutes les dates des concerts à venir sont sur le site de Contrebrassens ; notons que le prochain concert en formation Quartet se déroulera au Chambon-Feugerolles (près de Saint-Etienne) le 13 avril 2019.

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Une réponse à Contrebrassens, tout contre

  1. Odile Fasy 17 février 2019 à 17 h 45 min

    Tout à fait d’accord avec vous Michel!
    Je n’ai encore pas eu le bonheur de la voir en concert, mais son CD est parmi mes interprètes préférés du grand Georges.
    Et j’en possède pas mal!
    Merci pour ce bel article.

    Répondre

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