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Pourchères 2019. Fabuleuse Lily Luca !

Lily Luca à Pourchères (photo Michel Dauzat)

Lily Luca à Pourchères (photo Michel Dauzat)

5 juillet 2019, La Chansonnade, Pourchères (07),

 

Comment ça, Tais-toi ?! C’est pourtant ce que nous chante Lily Luca sans préambule sur la grande scène de Pourchères… Parlerait-elle aussi sévèrement à ce public qui l’aime déjà ? Mais non, elle fait ce qu’elle aime (et ce qu’on adore), elle nous cueille, nous attrape en nous surprenant dès les premiers mots ! Elle reprend à son compte, et surtout à sa façon, singulière et parfois acide, ce qu’on dit parfois aux filles « trop » spontanées : « Si tu dis c’que tu penses, tu verras qu’il sera déçu / Donne-lui du silence, du mystère et de l’inconnu »… Injonction si souvent imposée : « Tais-toi et ça va marcher » nous dit Lily Luca, mais « Si tu entends cette voix qui t’empoisonne le cerveau, dis-lui : Tais-toi » ! Non mais.

Regard aussi noir que sa tenue de scène, rouge à lèvres flamboyant, short et « Doc » aux pieds, souvenirs peut-être d’un temps plus rock, et accompagnée de sa seule guitare, Lily Luca enchaîne d’une voix presque acidulée avec Open, tout en (fausse) douceur pour la vie finalement pas si zen d’une épouse mère de famille :  « A la caisse les clients me passent souvent devant, c’est marrant / Ça tombe bien, j’ai tout mon temps / J’suis open ». Nous rions d’abord franchement, puis nous rions jaune et la chute nous saisit, tellement juste, tellement vraie, tellement prenante… Double effet réussi, nous sommes paradoxalement ravis par la chanson et touchés à cœur. Chanteuse engagée ? Oui, Lily Luca l’est à sa façon, tout en s’en moquant allègrement. Et d’ailleurs, « j’aime bien commencer le concert avec des p’tites chansons légères, nous dit-elle, ça détend l’atmosphère, n’est-ce pas ! ».

Nous toucher, créer du lien, ce sera le credo de Lily pendant ce concert. Et il faut reconnaître qu’elle excelle à jouer avec le public qui apprécie son côté « clown » dans le pur sens du terme, celui qui sait improviser et réagir à toutes les situations. Elle ne se laisse désemparer par aucun incident, aucun oubli : une pirouette, une plaisanterie, et son déplacement « à l’égyptienne » le long de la scène restera culte ! Nous retrouvons avec un plaisir chaque fois renouvelé des chansons comme Je suis pour, où le couple vit une liberté assez peu banale « Pour le ciné mercredi / Avec la bande à Jean-Bart / Mon amour qu’est-ce que t’en dis / Si toi tu restes à l’appart » avec toujours ce sens de la chute, option dégringolade de la falaise ! Ou La Petite goutte « d’amour / Petite mais regardez-là / Elle n’est pas très glamour / Mais sans elle on s’rait pas là » que le public reprend bien volontiers avec elle.

Ce qui nous touche ? Le décalage, son sens de la perspective : mettre le focus sur cette petite goutte (de sperme, donc !) avec un autre regard… Ou à l’intérieur même de la situation, comme Mon poney où l’écriture est si fluide qu’elle va directement à la cible : nous faire prendre conscience sans nous donner de leçon, de la vie de ce garçonnet déjà contraint par les diktats de la société « Laissez-moi peigner mon petit poney / C’est à ma sœur que je l’ai très discrètement volé ». Suit Futur 2000, chanson déjà ancienne mais hélas toujours actuelle par son contenu : « Les scientifiques y z’auront trouvé la solution magique » ? Eh non, toujours pas ! Petit jeu dans le public : une spectatrice compte à côté de moi la fameuse phrase que Lily Luca peut tenir « super longtemps »…

DÉGUSTATION DE CHANSONS AVEC "LA RUCHE" ! . Si les abeilles désertent nos  campagnes, ce n’est pas le cas à Pourchères. "La Ruche" ?, c’est le nom du stage "Écriture de chansons" en prélude à la Chansonnade, qui nous offre le miel de sa production avant même le pot d’accueil et le premier concert.  C’est qu’ici on offre un pot de miel à chaque artiste ! D’où l’idée de Véronique Pestel, accompagnatrice lumineuse et attentive de ce stage, avec Jean Duino à la guitare et à la composition, de « butiner les rimes, les rythmes et les mélodies, en faire un miel de soi pour essayer de le mettre en pot pour qu’il tienne dans une chanson ». Débutants ou habitués des stages et des scènes, ici tous les stagiaires sont ensemble, amateurs et professionnels. L’émulation du groupe fut fertile ; se succèdent devant nous chansons drôles ou touchantes, chantées ou scandées, vibrantes d’une belle émotion. C’est qu’il faut oser présenter au public –même tout bienveillant qu’il est ici- sa chanson toute fraîche, à peine sortie de l’alvéole ! Alors les pieds s’ancrent, le corps s’arrime et de belles voix, de belles musiques s’élèvent dans la Bergerie. Une riche production savoureuse des belles "abeilles" de "La Ruche" !

DÉGUSTATION DE CHANSONS AVEC « LA RUCHE » !
Si les abeilles désertent nos campagnes, ce n’est pas le cas à Pourchères. « La Ruche » ?, c’est le nom du stage « Écriture de chansons » en prélude à la Chansonnade, qui nous offre le miel de sa production avant même le pot d’accueil et le premier concert.
C’est qu’ici on offre un pot de miel à chaque artiste ! D’où l’idée de Véronique Pestel, accompagnatrice lumineuse et attentive de ce stage, avec Jean Duino à la guitare et à la composition, de « butiner les rimes, les rythmes et les mélodies, en faire un miel de soi pour essayer de le mettre en pot pour qu’il tienne dans une chanson ». Débutants ou habitués des stages et des scènes, ici tous les stagiaires sont ensemble, amateurs et professionnels.
L’émulation du groupe fut fertile ; se succèdent devant nous chansons drôles ou touchantes, chantées ou scandées, vibrantes d’une belle émotion. C’est qu’il faut oser présenter au public –même tout bienveillant qu’il est ici- sa chanson toute fraîche, à peine sortie de l’alvéole ! Alors les pieds s’ancrent, le corps s’arrime et de belles voix, de belles musiques s’élèvent dans la Bergerie. Une riche production savoureuse des belles « abeilles » de « La Ruche » !

Avec les chansons drôles ou grinçantes, alternent des ambiances plus intimes, douces-amères comme Cœur curieux cherche imprévu, carnet de voyage et souvenirs de jeunesse, ou le toujours émouvant T’es où dont les paroles « Des fois, je reconnais de loin ta chevelure / Ton manteau, ton bonnet et ta drôle d’allure / Et puis l’instant d’après cet étrange présage / Je te vois de plus près, ce n’est pas ton visage » rappellent tant de ruptures ou de deuils… Autour de Lily Luca et de sa guitare, la lumière s’adoucit elle aussi, les voiles se nimbent de violet et de bronze, devant le décor magnifique qu’est cette vallée de l’Ardèche derrière la scène de La Chansonnade. On découvre un subtil Ça c’est la neige, doucement chanté comme en suspens, comme les souvenirs qui semblent s’effilocher, comme la mémoire qui se raccroche à ce qu’elle voit, la neige, le soleil qui se devine. Là encore, le « je » en point de vue permet aux spectateurs d’entrer dans la chanson et de s’identifier : « Quelqu’un peut m’dire où sont passés les amis, les anniversaires / Même mon prénom s’est effacé, j’ai plus aucune trace d’hier / Puisque vous êtes là, aidez-moi… ». Le silence qui suit, dense, est encore la chanson, est encore l’émotion qui nous a attrapés…

Nous passons des presque larmes au rire, auto dérision toujours, Lily Luca pose au bord de la scène, toutes dentelles dehors « Où est passée la photographe ? » (mais quelle ensorceleuse !) et enchaîne avec Le Charme des artistes torturés, où elle fait l’honneur aux genoux d’un spectateur consentant de lui servir de canapé de star ! Qu’est-ce qu’on aime cette belle voix qui s’élève alors a cappella parmi nous, ce culot réjouissant et ce regard si sombre dont elle nous gratifie sans compter… les rires cascadent sous les grandes voiles qui nous protègent du soleil ! Et c’est d’ailleurs le moment de nous parler de son dernier album au titre éponyme, où sur la couverture « on voit un artiste torturé qui souffre, voilà, précise-t-elle, c’est important d’ajouter du visuel, dans la vie ! ». Second degré toujours, d’autant que c’est elle, dessinatrice quand elle ne chante pas, qui l’a joliment illustré !

Petit coup de cœur pour Faites-moi rire, satire de l’humour poliment correct sur un air de tango : « Mais attention, j’suis difficile / J’ai pas du tout le rire docile / Va falloir envoyer le pâté » avec une savoureuse virevolte à la fin, qui replace toute la chanson dans un autre contexte ! La presque Dernière chanson « Il faut qu’elle soit béton / Sinon l’est pas content, le public ». Ça tombe bien, La stratégie du foulard en coton est une de ses chansons-phare, on ne s’en lasse pas même en connaissant la fameuse chute, tellement -à l’instar de toutes ses autres chansons- c’est un régal d’écouter et de regarder Lily Luca sur scène ! Nous aurons droit à un deuxième rappel avec L’Adieu aux armes, qui donne très envie, avec les autres découvertes du récital, d’écouter bientôt le nouvel album encore en germe, sortie prévue en novembre 2019.

Ce qu’on aime chez Lily Luca ? Tout ! Son charme fou et cette présence sur scène, avec nous toujours, et qui joue avec le public ; l’humour parfois féroce des textes ciselés, qui se mêle à l’émotion pour nous saisir encore plus fort ; son regard acéré qui sait à la fois être décalé et juste sur notre société, quel tour de force ! Et cette voix incroyable aux multiples facettes, qui passe de la douceur au rugissement, de l’acidulé au lyrique, qui sait nous surprendre et nous emmener. Depuis la quinzaine d’années que Lily Luca écume les scènes, « l’étoile montante » est devenue incontournable dans notre ciel de la chanson !

 

Le blog de Lily Luca, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Quand elle ne chante, elle dessine, et c’est là qu’on voit ses jolis dessins qui dépotent.

 

Tais-toi (vidéo réalisée lors des Rencontres Marc Robine, Riom, 2019)

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Open (vidéo réalisée lors des Rencontres d’Astaffort, 2017)

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