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Pauline Paris, amours lesbiens, est-ce bien ?

Pauline Paris (photo non créditée tirée de son site)

Pauline Paris (photo non créditée tirée de son site)

Ce qui est bien avec ces prévisions alarmistes sur le déclin du CD, c’est que pour exister encore, pour le mériter, nos amis les artistes rivalisent d’imagination, de créativité, de talent, pour donner à ce support laser finissant un attrait supplémentaire, une légitimité nouvelle. Fini ces lasers sans âme dupliqués à l’infini, voici le temps de l’objet d’art, d’un disque-désir.

Parlons justement de désir. De ces Treize poèmes de Renée Vivien, que retenir en premier, comment le définir ? C’est un livre manifestement, certes de peu de pages, mais un livre, amoureusement mis en pages (mis en images par Elisa Frantz, introduit par Hélène Hazera, présenté par Nicole G. Albert), sobre typo et couverture dont on ne cesserait de caresser le lisse du papier. C’est un disque, aussi (et surtout ?), le nouvel album de la parisienne Pauline Paris, qui met ici en musique ces poèmes de Renée Vivien. A vous de décider si vous rangez cet opus dans les rayonnages de votre bibliothèque, ou ceux de votre discothèque.

Treize-poemes-de-renee-vivien« Toi qui fus, par les soirs d’été / Ma maîtresse et ma Volupté / L’ardeur du baiser t’abandonne… / Ah ! Les violettes d’automne ! » Renée Vivien ? Une des « scandaleuses de la littérature », « Muse aux violettes » digne héritière de Sappho de Lesbos, qui mit en vers et contre tous la passion des amantes. A la première personne, ses vers mêlent sans fard poésie et saphisme. « Née à Londres en 1877, Renée Vivien développe une œuvre prolifique d’inspiration classique et helléniste, doublée d’une esthétique symboliste. Durant sa courte vie – elle meurt à Paris à l’âge de 32 ans, il y a cent-dix ans – elle publie neuf recueils de poèmes, parcourus de passions et d’extases, de muses voluptueuses et révoltées ». « Et tu passes, ô Bien-Aimée / Dans le frémissement de l’air / Mon âme est toute parfumée / Des roses blanches de ta chair ».

Des amours lesbiens portés par une douce musique, faite de cordes et de harpe ? Que nenni, mais un choix de musiques qui parfois font fanfare, pétante, colorée, pour le moins dynamique. Parfois jazzy, qui caresse l’épiderme. Parfois presque valse, qui entre en danse. Et délicieux slows funèbres et bossa langoureuse, ballades folk… On n’a pas tiré pudiquement les rideaux sur ces déclarations d’amour de femme à femme : elles sont exposées comme on le ferait sur un kiosque à musique. C’est pas mis « réservé à un public averti » : ce ne sont après tout que des sentiments, des émotions dans la couche de leur poésie, rien que de très normal. Si ce n’est qu’ils nous encourageraient presque au désir… « Tu viens troubler les fiers desseins / Par des effluves de caresses / Et l’enchevêtrement des tresses / Sur les frissons ailés de tes seins » Est-ce bien ? Oui, c’est un très bel album, délicieux.

Suivra le mois prochain (le 22 novembre précisément), un autre ouvrage, livre écrit par Pauline Paris et Léa Lootgieter, retraçant « l’histoire de quarante chansons cryptées – lesbiennes – de la complicité de leurs paroliers et parolières et de leurs interprètes, aux cabarets et aux clips, de la réception par la critique à l’accueil du public… qui ne sait pas toujours ce qu’il fredonne » (aux éditions iXe).

 

Pauline Paris, Treize poèmes (de Renée Vivien), livre-CD, éditions ErosOnyx 2019. Le site de Pauline Paris, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Hélas pas de vidéo relative à ce nouveau livre-disque. Pour se mettre en oreille Pauline Paris, on se réfugie « Au lit » avec ce clip de 2010, pas particulièrement un amour lesbien : Image de prévisualisation YouTube

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