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Jeanne Cherhal, repartie comme en quarante

Jeanne Cherhal (photo de presse non créditée)

Jeanne Cherhal (photo de presse non créditée)

Namur, Le Delta, 30 novembre 2019,

 

Elle n’essuyait pas les plâtres, mais presque. C’est une salle flambant neuve, inaugurée fin septembre, qui a eu l’honneur, l’avantage et le privilège d’accueillir Jeanne Cherhal pour sa première visite namuroise. Qui l’aura d’ailleurs appréciée à sa juste valeur et nous aura invités sans chichi à prendre le temps de l’admirer. C’est qu’elle est comme ça, la Jeanne. Aussi naturelle que celle de Brassens. Spontanée, vive, fraîche. Pareille qu’à l’époque lointaine de ses débuts, lorsqu’elle portait fièrement la natte.

En concert à Namur (photo Pol de Groeve)

En concert à Namur (photo Pol de Groeve)

Elle débarque sur scène entourée d’un solide quatuor de musicos : un claviériste, un batteur, un guitariste et un souffleur de trompette et de bugle. Quatre hommes pour lui tisser un fin écrin musical, qu’elle parachève en s’accompagnant elle-même au piano. Quatre chevaliers servants entièrement dévoués à celle qui nous emmènera dans son univers l’espace d’une soirée. Une contrée peuplée de chansons balayant toute la gamme des émotions, de la révolte à la tendresse, du désir charnel à l’humour malicieux, interprétées par une artiste épanouie, tout sourire, adepte de l’autodérision, à la fois généreuse et gaie, sérieuse et grave. Un monde à la frontière entre Anne Sylvestre et Véronique Sanson.

LE CD : L’AN 40 . Écrit, composé et arrangé par l’artiste, L’an 40 est le cinquième  album-studio de Jeanne Cherhal. La chanson-titre qui ouvre le disque aborde frontalement le passage des années, dont elle apprécie en fin de compte les bienfaits : « D’où vient cette lumière au-dessus d’elle / Et ce pas de louve caressante / Elle est un peu cabri, un peu gazelle / Et brûle d’amour du cœur au ventre ». La suite sera du même tonneau intimiste, entre souvenirs d’enfance (Racines d’or), première fois décevante (Le feu aux joues), désir à l’impudeur assumée (Soixante-neuf), douleur de l’enfantement (César)... Il sera aussi question de son caractère fondamentalement provincial (Fausse parisienne) et des tourments somme toute dérisoires des chanceux qui s’ignorent (Fleur de peau). Enfin, L’art d’aimer visite la passion romantique et lyrique, tandis qu’Un adieu, qui clôt l’album, est une sorte de reportage sur les folles obsèques de Jacques Higelin. Enregistré à Los Angeles, avec l’apport des vétérans Jim Keltner et Matt Chamberlain (batteurs ayant accompagné le gratin de la musique anglo-saxonne), de cuivres opulents et d’une chorale gospel pour un titre, L’An 40 est d’une efficacité sans faille, abordant même pour certaines parties de piano les rives de la musique sérielle à la Michaël Nyman. De jolies chansons de sens et de son, bien écrites, bien interprétées, bien réalisées. Hautement recommandable. . Jeanne Cherhal, L’an 40, Barclay/Universal, 2019

LE CD : L’AN 40
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Écrit, composé et arrangé par l’artiste, L’an 40 est le cinquième album-studio de Jeanne Cherhal. La chanson-titre qui ouvre le disque aborde frontalement le passage des années, dont elle apprécie en fin de compte les bienfaits : « D’où vient cette lumière au-dessus d’elle / Et ce pas de louve caressante / Elle est un peu cabri, un peu gazelle / Et brûle d’amour du cœur au ventre ». La suite sera du même tonneau intimiste, entre souvenirs d’enfance (Racines d’or), première fois décevante (Le feu aux joues), désir à l’impudeur assumée (Soixante-neuf), douleur de l’enfantement (César)… Il sera aussi question de son caractère fondamentalement provincial (Fausse parisienne) et des tourments somme toute dérisoires des chanceux qui s’ignorent (Fleur de peau). Enfin, L’art d’aimer visite la passion romantique et lyrique, tandis qu’Un adieu, qui clôt l’album, est une sorte de reportage sur les folles obsèques de Jacques Higelin.
Enregistré à Los Angeles, avec l’apport des vétérans Jim Keltner et Matt Chamberlain (batteurs ayant accompagné le gratin de la musique anglo-saxonne), de cuivres opulents et d’une chorale gospel pour un titre, L’An 40 est d’une efficacité sans faille, abordant même pour certaines parties de piano les rives de la musique sérielle à la Michaël Nyman. De jolies chansons de sens et de son, bien écrites, bien interprétées, bien réalisées. Hautement recommandable.
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Jeanne Cherhal, L’an 40, Barclay/Universal, 2019

À l’affiche, comme il se doit, la quasi-totalité de son nouvel opus, L’an 40. Des nouveaux titres déjà bien rodés, qui se frottent sans pâlir aux anciens, en majorité issus de son album précédent, Histoire de J. : l’émouvant Noxolo sur la militante homosexuelle sud-africaine, violée et assassinée en toute impunité, le très sexuel Cheval de feu (Viens fouiller le buisson joli / Viens goûter la figue à la crème : tout un programme !), le pré-Mee Too Quand c’est non, c’est non, l’exaltant J’ai faim… Ses plus anciens disques ne seront cependant pas oubliés, puisqu’à côté de l’ancêtre Le Petit voisin millésimé 2004, Charade sera visité à deux reprises (Certains animaux et le Cinq ou six années qui aborde avec délicatesse les tourments de l’adolescence), tandis que nous sera offert en version piano-solo le magnifique Tissu (tiré de l’album L’eau), chanson qui se joue de tous les clichés et préjugés sur le voile islamique. Et pour faire bonne mesure, ajoutons-y une reprise. Nous avions le choix entre Michel Jonasz et Dalida : c’est le premier et sa Super Nana qui aura eu les faveurs de l’artiste. Qui ne s’est guère montrée loyale sur ce coup-là car à l’applaudimètre, c’est la seconde qui avait été manifestement élue !!! Pour un peu, on se serait cru dans une république bananière.

Le concert enchaîne efficacement les ambiances musicales, débutant par la troupe au complet, avant de voir les musiciens s’éclipser un à un au fil des titres, pour en arriver à un piano à quatre mains précédant le moment intimiste du piano-solo. Le temps d’un changement de tenue (Jeanne troquant son pantalon-chemisier pour une robe en lamé des plus affriolantes), et l’on repartira de plus belle avec les cinq talents réunis, pour s’achever dans la lueur de (fausses) bougies et l’émotion d’Un adieu, délicat hommage à son ami et mentor Jacques Higelin.

Il paraît donc que la Cherhal a quarante berges. A la voir lancer ses gambettes en l’air lorsqu’elle quitte son piano, on ne peut qu’en douter. Jeanne a la maturité juvénile. Pour notre plus grand plaisir.

 

Le facebook de Jeanne Cherhal, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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