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Philippe Katerine, Dali et Dalida à la fois

Katerine (égoportrait tiré de sa page facebook)

Katerine (égoportrait tiré de sa page facebook)

Philippe Katerine est une énigme. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il occupe sans discussion une place dans la chanson française qui n’appartient qu’à lui. Aucun risque de concurrence, il est le seul dans ce créneau !

Pour beaucoup, il est avant tout un Personnage, éminemment sympathique au demeurant, tant ses apparitions télévisées ou ses rôles au cinéma lui ont donné une image de gros nounours un peu bizarre mais si gentil. Un dadaïste moderne, qui a érigé la loufoquerie au rang d’art majeur. Un artiste très conscient de ce qu’il fait, un poil roublard, qui sait au mieux utiliser les médias modernes pour construire une œuvre aussi décalée que cohérente. Un chanteur-acteur resté proche de l’enfance, à la naïveté apparente, qui n’aime rien tant que faire glousser et choquer les gens, sans aucun esprit méchant toutefois.

Par contre, ceux qui ne tombent pas sous le charme sont d’avis que Philippe Katerine est avant tout une escroquerie médiatique, un chanteur parfaitement représentatif de notre époque de dérision, dont l’œuvre, d’ailleurs infiniment moins connue que celui qui la porte, tombera vite dans l’oubli, laissant juste le vague souvenir de chansons excentriques sans aucune portée.

Choisis ton camp, camarade !

71868329_10156997932917961_1134223819750244352_oQuid alors de son nouvel album, Confessions, qu’une certaine presse a immédiatement hissé au rang de chef-d’œuvre immortel ? Disons que cette copieuse galette (18 titres pour près d’une heure de musique) nourrira à la fois ses détracteurs comme ses admirateurs. Et avouons que les uns comme les autres n’auront pas tort…

Passons sur le côté people de l’album. Philippe Katerine s’est en effet entouré d’une bande d’amis pour ce nouvel opus, démontrant la sympathie qu’il inspire auprès de ses confrères. De nombreux duos colorent donc l’album, puisque sont venus lui prêter main forte Angèle, Camille, Gérard Depardieu, Dominique A, Oxmo Puccino ou Lomepal… sans que la nécessité de cette deuxième voix se fasse souvent ressentir. Cette galerie de collaborateurs sent dès lors davantage le coup médiatique que le besoin artistique.

Quant aux chansons proprement dites, les montagnes russes sont de la partie. Conçu comme un énorme collage surréaliste, mêlant les sujets, les voix et les instruments, le meilleur y côtoie le banal… Le rire franc (ah, la baffe que se prend Macron dans BB Panda) cousine ainsi avec la provoc à deux balles (Keskessékçetruc, et son énumération des dénominations du sexe masculin ou sa question existentielle : Tu t’es déjà masturbé en chiant ?). Ou le narcissisme second degré (Rêve heureux, où Léa Seydoux nous avoue : Depuis mes 10 ans, je suis fana de toi / Tu as quelque chose que les autres n’ont pas) se heurte à la confession émouvante (Aimez-moi, qui allie pensées pour ses enfants et réflexion sur les bienfaits de la mort : La mort rend les gens beaux / Je ne compare pas mais / S’il s’agit de moi-même / Avant mon trépas / Aimez-moi, aimez-moi). On s’attachera en particulier à Blond, pamphlet antiraciste sur le délit de sale gueule, aussi efficace que percussif (Je n’ai jamais été contrôlé / Parce que je suis blond / Je n’ai jamais montré mes papiers / Parce que je suis blond) et à 88%, qui prend les homophobes à rebrousse-poil (Plutôt mourir que de coucher avec un homme / J’aurais trop peur d’aimer ça).

En bref, à boire et à manger dans ce Confessions. Un album foutraque, qui voit s’alterner l’électro-pop, les ballades et le rap. Un disque qui aborde de nombreux thèmes (avec une prédilection pour la sexualité) et offre à la fois de belles mélodies et des télescopages indigestes. Des chansons impertinentes largement déminées par l’esprit potache qui règne en maître. Une œuvre à prendre au ixième degré, le deuxième n’étant pas suffisant.

Ce n’est pas encore cette fois-ci que Philippe Katerine fera l’unanimité !

 

Philippe Katerine, Confessions, Cinq 7/Wagram, 2019. Le site de Philippe Katerine, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

88 % (Avec Lomepal) Image de prévisualisation YouTube

5 Réponses à Philippe Katerine, Dali et Dalida à la fois

  1. Dédé 7 janvier 2020 à 13 h 38 min

    Dites, éclairez ma lanterne et son pif. C’est quoi qu’il a le Philippe Katerine, sur la photo, en guise d’appendice nasal ? Ne me dites pas qu’il s’est fait greffer un appendice sexuel, une bite ! Encore heureux qu’il n’ait pas le nez qui coule…

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  2. Pierre LACOMBE 20 janvier 2020 à 12 h 43 min

    Depuis que je l’ai découvert, j’ai vraiment du mal avec Philippe Katerine ! Je ne comprends pas qu’on le monte au firmament de la chanson ! Surtout quand je pense au nombre certain de ceux qui triment depuis des années afin d’obtenir un passage en radio ! Ceux qui ont des textes écrits et des mélodies mélodieuses ! Je l’associe, aisément, à Plastic Bertrand !
    Donc, ce n’est pas chez moi qu’on trouvera la moindre trace d’un CD ou d’un DVD !

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  3. Joël Luguern 20 janvier 2020 à 19 h 00 min

    Hélas pour Philippe Katerine, je partage totalement le point de vue de Pierre Lacombe. Ses chansons ne me font ni rire ni réfléchir ni pleurer. Elles ne m’emportent pas non plus dans un univers quelconque. Chez la plupart des interprètes et auteurs il y a toujours quelque chose à retenir (une chanson sur un disque, quelques lignes d’un texte, une mélodie, une voix, etc), mais chez lui, non, rien… C’est le grand vide.: je pose tout et je ne retiens rien.
    J’en arrive parfois à me demander s’il n’est pas une créature des médias ou du show bizness, comme ce fut le cas dans les années 60, quand les maisons de disques « lançaient » chacune leur chanteur protestataire parce qu’il fallait bien sacrifier à la mode pour faire entrer des sous dans la boîte. On se rendit compte très vite que la contestation de ces « chanteurs » ne dura pas plus longtemps que le temps du muguet…
    Peut-être que l’éclosion de Philippe Katerine correspond elle aussi à une tendance actuelle de la société; dans ce cas, comme Philippe Lacombe, je reste complètement à côté, sur le bord de la route. A regarder passer cette mode avec indifférence.
    Et ça ne me gêne absolument pas.

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  4. Pierre LACOMBE 21 janvier 2020 à 20 h 58 min

    Joël, je suis ravi de notre connivence mais je souhaite remettre le couvert en parlant des exagérations des labels. Depuis la naissance des radios locales, les maisons de disques font le forcing sur certains chanteurs (désolé je ne peux pas les appeler des artistes) que je nommerai des « kleenex ». Ils vont tout miser sur une période donnée, sachant que le retour sur investissement sera largement rentable. Quand arrive un cas comme Philippe Katerine, son producteur savent qu’il fera le show lors de ses promos en radio et télé, sans parler de son coté fantasque sur scène. Question : Sait-il chanter en direct ? Sait-il faire deux spectacles différents en 24h ? Sait-il improviser et ses musiciens, aussi, sur scène ? Je sais, ça fait quelques questions mais qui me permettent d’appeler un chanteur, un artiste !

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  5. Pol de GROEVE 22 janvier 2020 à 21 h 32 min

    Ce n’est pas que je tienne absolument à le défendre, mais je trouve un peu bizarre que vous en parliez comme d’un produit éphémère : il a quand même 16 albums derrière lui et 30 ans de carrière !
    Quant à la scène, pour l’avoir applaudi (il y a bien 10 ans), je peux vous dire que ça tenait la route (dans le style pop-rock bien sûr, nous n’étions pas chez Anne Sylvestre). J’espère avoir l’occasion de le revoir cet été, à l’occasion d’un festival ou l’autre.

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