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Christian Tarroux : mots pour maux, commerce équitable

Christian Tarroux (photo non créditée)

Christian Tarroux (photo non créditée)

Si ce ne sont les puristes de tel ou tel genre, bien malin qui saura, dans cet album, démêler, détailler ce qui appartient à la chanson, au slam, à la narration même quand celle-ci sait s’habiller d’un air canaille, d’un air guinguette. Et ce qui relève du passé composé et du présent compliqué, tant dans l’inspiration que de la situation. Ici tout se mêle, s’emmêle. « Des couvées musicales qui ne sont pas de la même famille » dit l’auteur. Même le discours diffère d’un titre à l’autre : de la charge politique qui vaut éditorial à la fable qui n’est pas moins engagée.

Loin d’être tari, Tarroux nous sort donc son dixième album (le premier remonte à 1998 ; le précédent, Sans contours définis, fut produit l’an passé par EPM). La verve et le verbe font bon ménage et déménagent. Faut dire que l’époque actuelle, si désespérante, peut paradoxalement être le creuset d’une folle inspiration, même teintée de colère : « Si la tenaille des habitudes enserre d’une main de fer l’imagination, où pouvons-nous trouver l’énergie pour des projets sans avoir en permanence un fil de masse qui nasse toute initiative dès qu’on avance ? Tu est libre de faire ce que tu veux… Tu peux tout faire, sauf ce qui est interdit… » explique Tarroux dans un long argumentaire à la presse, qui tiendrait presque de la harangue. « Les chants, les paroles, la musique par leurs ondes pourraient-ils assainir l’air avec leurs vibrations et rendre vie à quelques libertés ? ». Sans trop de lourdeur, avec grâce même, la pochette illustre le propos.

109349710_962946710823498_2238253526472858232_oLa mention du millésime pourrait être absente qu’on en saurait l’année dès l’entame du disque, dès le premier titre, L’air du temps n’a pas l’air d’aller. Rien que le titres des suivantes nous instruit du ton et de contenu de l’album : Quelle France, Le jour du grand ruissellement, La blanche hermine (Liberté)

Celui qui ne cherche dans la chanson qu’évasion, distraction, bulle dans laquelle il s’échappe et s’affranchit des contraintes et difficultés du temps présent peut cette fois-ci passer son tour. Là, nous sommes dedans. Et c’est aussi (j’ose dire, c’est surtout) le rôle historique de la chanson. Celui de narrer le présent, de prendre la parole, la poser dans des oreilles amies ou passantes. Tarroux nous chante les temps modernes, nos illusions, nos chaînes, nos vies sous respiration artificielle, l’air du temps, une France En marche, cette France en souffrance… Une matière qui a priori n’a rien de poétique, dont il tire néanmoins de longues et presque hypnotiques et étranges mélopées où, va savoir, la poésie n’est pas étrangère.

Un seul titre ici n’est pas de Christian Tarroux. Excusez du peu, c’est Le dormeur du val, de Rimbaud. Le timbre grave de Tarroux sied à ce poème. Cette voix chaude, un peu éraillée, si propice à la narration, à la chanson. Cet artiste est certes d’un abord plus difficile que beaucoup d’autres, raison de plus pour l’essayer, pour l’adopter.

 

Christian Tarroux, Quelle France…, autoproduit 2020. Le site de Christian Tarroux, c’est ici.

« Une autre vie s’éveille » (de l’album L’être de poussière 2014) : Image de prévisualisation YouTube

« Il chantait faux et disait vrai » (de l’album Sans contours définis 2019 : Image de prévisualisation YouTube

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