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Dalva, du noir surgit la lumière

Dalva Photo ©Lantil

Dalva Photos ©Lantil

Johan Tess, originaire de la Rochelle, le pivot de Dalva, de formation violoniste et guitariste, a écouté beaucoup de blues, de rock des années 1970 ( Led Zeppelin, Elliott Smith) ou de Folk rock (Neil Young, Fink…), puisant aussi dans le post-punk. Dès son premier EP, Mercenaire, s’affiche son originalité : une écriture affûtée, une musique tendue, orageuse, où fusent des éclairs et des chœurs enveloppants. Un premier huit titres en 2018, Printemps brûlant, confirme l’impression tout en adoptant un style moins folk mais toujours personnel, avec une musique accrocheuse, scandée, et cette voix vibrante qui vous happe, écoutez De l’Oural à l’Andorre, un disque urgent où « l’outrenoir irradie ». Rien de banal dans cet album où tous les titres, chacun ancré dans un paysage tant psychologique que physique, savent vous toucher.

Reprise de ce format huit titres qui semble bien lui convenir, tant la densité de ses chansons ne permettrait pas d’en absorber plus, pour ce nouvel album aérien, d’une mélancolie lumineuse, il n’est que d’écouter cette avant-dernière Plage instrumentale.
Impression qui s’impose sans même avoir lu le titre, Lumen, inscrit à l’envers dans un triangle inversé sur la pochette noire où ressort un profil perdu doré à l’or fin, tandis que les A de Dalva se simplifient en pyramides tournées vers le ciel.
Lumen est aussi le deuxième morceau de l’album. Les lumières y sont factices et détruisent l’humanité du héros tentant de reprendre racine dans cette plaine, que l’on imagine désertique dans de grands espaces américains, loin des mirages des grandes cités : « Noyé au scotch / Tu derushes les scènes où tu te crashes / Toutes ces blondes incendiaires / Trop de lumen, trop de lumen pour un seul homme ».
Un monde démonté qui vous fait Automate: « J’laisse des pièces de moi / Des Lego, des mécanos / Des pièces un peu rouillées / Dernier polish avant de dévisser ». On pense à Manset chanté par Bashung, tandis que les notes pleurent sur les guitares.
Et jusqu’au nom de cette Clarisse au « regard diluvien », absente et présente devant ces désarçonnés de la vie. Ceux dont parle aussi le premier titre, inspiré du roman éponyme de Pascal Guignard  – Nul ne saurait renaître de sa vie après l’épreuve s’il ne puise en lui-même les ressources pour se relever – « Ta ligne de vie a vrillé sous les phares / Tu t’souviens plus, comme t’étais beau / Comme t’étais beau » (Ta gueule).

DALVA 2021 Lumen web carreDes morceaux très orchestrés – avec les guitares et les claviers d’Alexandre Varlet qui a réalisé l’album en sus de ceux de Johan, la basse d’Erwan Karren, la batterie d’André Pasquet – alternent avec des pièces sobrement jouées à la guitare, telle cette King-size qui évoque des frayeurs enfantines qui le hantent, « Comme tout s’éteint là-bas, j’allume mes peurs en close-combat / Des forêts d’estampes bruissent sur le mur / Et l’on entend au loin, un orage éclore », peuplée d’un halo sonore aussi doux qu’angoissant.

C’est après avoir rencontré Alexandre Varlet sur scène qu’ils ont décidé de faire cet album en commun. Un auteur-compositeur interprète, également de La Rochelle, qui au long de ses six albums depuis 1998 a su conjuguer textes ambitieux et musique folk-rock évocatrice, d’inspiration anglo-saxonne, dans une ambiance sombre et mélancolique qu’affectionne aussi Johan. Des ambiances qu’ils savent recréer, la torpeur lourde de Tu mens lady ou la désespérance de Sang d’encre. Et retourner vers la lumière.


Dalva, Lumen, Rockers Die Younge /Differ-ant 2021. Le site de Dalva, c’est ici

Ta gueule Image de prévisualisation YouTube

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