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Entre le bleu et le gris, Raphael dessine l’intensité

Raphael (photo  Arno Lam)

Raphael (photo Arno Lam)

Chaque album comme une page blanche : Raphael, pour son 9ème opus, tente de se remettre en cause. Comme à chaque étape. Avec succès dans ce disque aérien enregistré à la maison. Chanson, littérature (il a obtenu le Goncourt de la nouvelle 2017 pour Retourner à la mer), bientôt au cinéma, Raphael se montre à l’aise dans diverses créations artistiques. La chanson pour celui qui compte vingt ans de carrière, traduit le lieu de l’amour, le sentiment amoureux.

Nomade existentiel Raphael (Haroche) conjugue diverses fidélités : celle de l’amitié, celle plus personnelle où s’inscrit un couple, des enfants, et celle d’un son à écouter à pleine puissance. Entendez que le disque doit s’écouter fort et nous faire entrer dans les habits du rock and roll. Avec l’aide de machines électroniques les titres dessinent ce monde si particulier qu’évoque l’artiste. On l’imagine arrivant d’ailleurs, fidèle à son enfance, avec ses mots, parfois ses maux mêmes. Fidèle et intrépide, pudique et autobiographique à la fois comme l’illustre ce disque. « Norma Jean » (une variété de roses blanches), la chanson en hommage à Christophe mort en 2020, dit la douleur de la disparition et la force du lien dans des atmosphères fluides. Haute fidélité touche à l’occasion à une intensité renouvelée. « Ne baisse jamais ton masque / Mais laisse l’amour venir ». L’invitation résonne alors que l’album a été écrit dans une période sombre, comme on tourne dans le tambour d’une machine à laver explique l’artiste. Pour en sortir. Entre le bleu et le gris, Raphael réussit à dessiner l’intensité.

COVERDans son voyage intérieur Raphael sait s’entourer. Avec l’équipe fidèle des réalisateurs et l’apport d’autres artistes invités pour des duos réussis. Notamment dans La jetée où Arthur Teboul du groupe Feu !Chatterton murmure une prière biblique en hébreu. « La nuit est la même / Pour tous ceux qui s’aiment » où s’incarne le désir et le sacré. La chanteuse Pomme embarque de ce train du soir qui file vers de nouveaux horizons. Quant à Clara Luciani, décidément elle aussi symbole de la relève, elle partage une forme de spleen élégant dans l’énigmatique Si tu pars ne dis rien. Dans le titre Je suis revenu, Raphael a mis en musique un poème du Russe Ossip Mandelstam (1891-1938), peuplé de fantômes et fort d’attachements durables : « J’ai les adresses d’autrefois / Je reconnais les morts à leurs voix ». Dans cet album où s’expriment autant de sentiments inquiets la lumière vient des musiques. Comme autant de scénarii d’un homme au mitan de sa vie qui donne corps à ses voyages au pays de lui-même et des autres. En quête de sérénité. Une réussite.

 

Raphael, Haute fidélité, Sony Music 2021. Le site de Raphael, c’est ici ; ce que NosEnchanteeurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Le train du soir » (en duo avec Pomme) : Image de prévisualisation YouTube

« Personne n’a rien vu » : Image de prévisualisation YouTube

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