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Ignatus « Corps et biens »

Ignatus e.pokDans une pénombre agile
Je déposerai cette jarre
Où mes souvenirs de toi
Reposent fébriles,
Je volerai ce bateau
Moi qui déteste la mer
J’irai me perdre enfin
Dans le grand machin
J’aimais tant ton corps
Il m’allait si bien
Dans ses creux dans ses vagues
Je me noyais corps et biens

Ignatus

Paroles et Musique Jérôme Rousseaux (Ignatus). Extrait de l’album « [e.pok] » (2017) 

Montage de Michael Raoult sur des images d’Ignatus. Les eaux filmées : la Manche (Pas-de-Calais), la Roanne (Drôme), le canal de l’Ourcq (93) et la Sèvre (près de Niort).

Nouvel extrait de l’album de 2017 novateur en mots comme en son, et si accessible, si attachant pourtant. L’occasion de le (re) découvrir avec bonheur. L’album découle d’un projet à trois avec un musicien électroacoustique (Nicolas Losson) et un plasticien (Jérôme Clermont, qui projette ses images en concert). 

À sa sortie nous vous présentions Le détroit de Bering, métaphore de la distance entre continents masculin et féminin qui peuvent pourtant se rejoindre : « dépêche toi il fait froid, j’ai quelque chose à te dire ».
Un album mélancolique mêlant ballades douces où dominent piano ou cordes, comme Dans l’eau « Dans l’eau je pleure / Et le sel de ma mer intérieure / Pique ma bouche », et éclats de mots-sons, sur fond de musique expérimentale, travaillée aux claviers électro et aux échantillons sonores, écouter Lire le matin« le temps s’allonge près des arbres ». Souvent satire de notre monde, telle la chanson titre, « Epok epok… cette époque équivoque / M’évoque Jackson Pollock » ou Un travail : « Un travail, il faut s’appliquer, ne pas rêver, ne pas dormir / Est-ce que je vais savoir est-ce que je vais pouvoir », il peut même y donner la parole à une boîte de nuit, le Florida
Ignatus nous pousse dans nos interrogations extrêmes avec Dans la barbe de Dieu, qui commence en méditation « Dans la barbe de Dieu il y a parfois des regrets / en s’arrêtant aux singes c’eut été peut-être mieux / Dans la barbe de Dieu il y a la déprime / d’être doublé d’un doigt dans la Chapelle Sixtine » avant de finir en apothéose musicale.

Amoureux des mots, Ignatus l’est dans ses ateliers d’écriture (écouter C’est difficile, par un jeune migrant, AB7) ; dans les créations sous contrainte comme Chansons primeurs, où huit artistes doivent écrire une douzaine de chansons en trois jours (dernière en mars au Train Théâtre à Valence) ; ou dans les haïkus qu’il écrit quotidiennement (et qu’il chante au ukulele pendant le confinement). Il est aussi un expérimentateur de sons infatigable, écouter le Live binaural d’Oiseau sur France Culture – en même temps extraordinaire pamphlet écologique poétique au xieme degré -, et un amateur de toutes les musiques et chansons. N’aimant rien tant que le partage, il anime aussi des concerts tels Chansons à coulisse, ici le 19 mars à Sotteville Les Rouen, avec Ben Herbert Larue et ses invités Alexis HK, Melissmell, Govrache et Boule. Ou donne régulièrement des conférences, même lorsque sa maman vient le déranger… 

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