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Jean-Louis Bergère, 1960-2021

Jean-Louis Bergère (photo Anne-Marie Panigada)

Jean-Louis Bergère à Barjac, en 2019 (photo Anne-Marie Panigada)

C’est une histoire de temps, de longueur du temps, de sa définition… Le natif de Château-Gontier qu’est Jean-Louis Bergère s’est longtemps approché de la chanson, du rock. Il a joué Alain Bashung, Yves Simon, Léo Ferré, en attendant son heure…

Patience et longueur du temps. C’est en 2001, à l’âge de quarante ans, que Jean-Louis Bergère sort un premier album, autoproduit : Une définition du temps, huit chansons impressionnistes, ballades mélancoliques portées par la voix chaude qu’on lui connaît. Le journaliste Jean Théfaine fait alors son portrait dans les pages de Chorus.

A l’autre bout de cette définition du temps, vingt ans plus tard, François Gorin signe un autre et très beau portrait de Jean-Louis Bergère dans les pages de Télérama, à l’occasion de la sortie de l’album Ce qui demeure.

Entre temps, deux décennies, quatre albums, des concerts et un visage qui se burine, s’assombrit, un artiste en mal de reconnaissance, surtout par le public de la chanson. Car les frontières entre celle-ci et le rock sont imperméables : deux lignes de force qui rarement se rencontrent. Or, Bergère, qui se disait plus volontiers pop-folk, fut un grand amoureux de la chanson, amateur de Léo Ferré, aussi de Manset, Murat, Bashung, Christophe et bien d’autres encore. Si les artistes angevins de la chanson le reconnaissaient comme faisant partie des leurs, ailleurs était autrement plus ardu, malgré son bagage, ce qu’on peut qualifier d’œuvre, certes difficile, mais où la chanson est rare évidence.

Jean-Louis Bergère s’est produit à Barjac m’en chante en 2019, se frottant alors à ce fameux public de la chanson, le divisant comme rarement, nourrissant du coup les commentaires à son propos. Le format pour le moins différent de sa chanson avait autant heurté qu’il avait séduit. Il fallait faire la démarche d’aller vers Bergère, d’entrer dans son univers, ses paysages sonores entêtants et subtilement envoûtants, dans une présence immobile où paradoxalement les paroles se frayaient sans mal un large passage de pure poésie, à qui voulait entendre, à qui voulait comprendre.

Résumer Jean-Louis Bergère à ces deux pôles distants de près de vingt ans est certes faire grand raccourci, mais c’est ce parcours d’un artiste exigeant avec lui-même, tentant sinon la fusion au moins le dialogue entre deux genres. Car tout était profitable pour nourrir son art, comme cette déambulation, en 2013, au Musée des beaux-arts d’Angers, où il cherchait des correspondances entre son répertoire et les œuvres présentées.

Correspondance, c’est un bien joli terme pour tenter de dire la vie et l’œuvre de Jean-Louis Bergère, poète et musicien de grande mélancolie, qui disparaît à soixante ans.

« Ce qui demeure » : Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Jean-Louis Bergère, 1960-2021

  1. GRANIE PAUL 26 avril 2021 à 22 h 27 min

    Ce que j’apprends ce soir de ses amis angevins , c’est qu ‘il était tres inquiet et heureux avant son passage à Barjac et du coup a fait une prestation contre nature ..un peu autocentré alors que c’était quelqu’un de particulièrement généreux et tourné vers les autres … un rendez vous manqué avec le festival .On en connait tellement . Ce soir ce rendez vous manqué laisse un gout amer …

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  2. Catherine Laugier 27 avril 2021 à 0 h 09 min

    Ce décès me touche particulièrement. Je ne pensais pas que ce superbe album, Ce qui demeure, serait son testament. En juin dernier il m’avait encore parlé de ses projets de vacances en Bretagne et en Alsace. Il semblait quelqu’un d’une grande sensibilité, j’aimais, j’aime beaucoup sa poésie et sa musique.

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  3. Christophe Novelet 27 avril 2021 à 19 h 53 min

    Je perds un ami très cher.

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