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Qu’a-t-elle, Katel ?

Katel (photo Muriel Thibault)

Katel (photo Muriel Thibault)

C’est à l’enseigne de Fraca, le label qu’elle a lancé avec ses consœurs et complices Émilie Marsh et Robi, que Katel, qu’on sait aussi réalisatrice d’albums pour autrui, sort son quatrième opus, cinq ans après Élégie, alors sorti chez At(h)ome.

Fédérées par une idée précise de la pop, tant de formes de musiques se retrouvent ici, se fécondent, qu’on ne les recensera toutes, qu’on n’en élira aucune. Mutin et mutant, cet album fait part égale à l’ombre et à la lumière : nous n’aurons de cesse d’y trouver des merveilles, des pépites même. Dressons l’oreille : Katel ne popopop pas pour ne rien dire, pour seulement faire ce son qui épouse l’air du temps. Elle qui figure sur la pochette en pied sous la forme d’un satyre, a une lecture du monde on ne peut plus pertinente. Et des commentaires dont elle ne se prive pas.

Katel oppose deux mondes, celui d’avant, patriarcal, genré, à un autre qui pourrait être celui d’après. Après mutation, après combat contre les conservatismes.

Le corps est le corpus de cet opus. Ou plutôt les corps. Le corps intime. Et le corps social. Tous deux malmenés, violences ordinaires… « Encore un coup perdu / Un geste malheureux… » Le corps de la femme doit se protéger là des agressions. Le corps social aussi, du politique et des matraques (le premier titre, Sauf qu’on l’arrête, parle entre autre des violences policières). D’un long confinement qui a anesthésié les révoltes en cours… « Je l’ai écrit quand tous les corps qui depuis des mois descendaient dans la rue pour crier leur désespoir et recevaient pour toute réponse la violence de la police, se sont soudain tous retrouvés enfermés. » Écrit en confinement, Mutants Merveilles en porte les stigmates. « Gazelle ouvre l’œil / Tends l’oreille / Dans la nuit du chasseur / Fabriquons le monde qui s’éveille / Mutants, merveilles ». En chasse encore, où, sombre, Katel évoque les prédateurs : « La nuit s’annonce sanguine / Il paraît qu’il y a des hommes en chasse / Oh, la nuit promet d’être… » La violence est présente, pesante, prégnante. Qu’importe d’ailleurs si au titre suivant « La nuit est mon arène, la nuit je vois de loin… / La nuit est mon arène / J’ai son bruit dans le sang ».

unnamed-e1616411739944Sans être pour autant codée, la fine écriture de Katel est jeu de pistes qui se dévoile plus encore à chaque écoute : constat, analyse, mise en perspective, coups pour coups, corps à corps. Des corps qui aussi, à d’autres titres, parlent d’amour. Délicieuse chanson ainsi que ce duo d’amour entre femmes (Julie Gasnier, par ailleurs auteure de la pochette, en signe le clip), à la pétillance créole, aux accents presque moyenâgeux, partagé avec Oriane Lacaille (de Titi Zaro et de Bonbon Vaudou).

Il me semble que nous tenons là l’album de Katel le plus abouti. Un opus extrêmement riche musicalement : cuivres et cordes (dont on doit les arrangements à Bastien Lucas, Jean-Baptiste Julien et à Katel), électro, percussions… dont les notes participent magnifiquement aux ambiances tantôt lourdes, tantôt légères, toutes en nuances, comme une mise en scène et en musique parfaite. Même si, et de loin, la voix de Katel est et reste son plus bel instrument.

 

Katel, Mutants Merveilles, Fraca/L’Autre Distribution 2021. Le site de Katel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Je t’aime déjà » : Image de prévisualisation YouTube

« Rosechou » : Image de prévisualisation YouTube

« Sauf qu’on l’arrête » : Image de prévisualisation YouTube

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