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OFF Avignon 2021, au c[h]œur d’Imbert Imbert

Imbert Imbert photo © Marc Ginot

Imbert Imbert photo © Marc Ginot

L’Arrache-Cœur, 9 juillet

Ce n’est pas à un concert de chansons, mais à une introspection intime en cheminement à laquelle vous êtes conviés à assister. Ça tient du théâtre, de la poésie, du rock, du concert classique, de la chanson, de la performance, sans jamais s’y limiter. Déjà son récent album, ses Mémoires d’un enfant de trois mille ans, était mise à nu, dévoilement de cette conscience  d’enfant inscrite dans le destin de l’homme, un destin de 300 000 ans, passé à se questionner, à plonger dans l’absurde d’une vie brûlante dont on sait qu’elle a une  fin. On pensait qu’il avait creusé déjà la question, à remonter sans cesse sur la pente cette éternelle pierre qui roule et nous entraîne vers le bas. Mais la réflexion, le sentiment, le corps poursuit son exploration, dans ses caprices, sa quête, sa performance musicale. Nulle crainte à avoir pourtant, il suffit de se laisser porter par cette sensibilité à vif, cette musique enveloppante qui vous fait vibrer, penser, exister. 

Lui qui a l’habitude de faire beaucoup de Boucan en compagnie de Brunoï Zarn, et de l’âme de Piero Pepin, ainsi qu’avec ses comparses de Bancal chéri, Dimoné, Nicolas Jules et Roland Bourbon, quand il n’est pas accompagné de Stephen Harrison ou de François Pierron en duo de contrebasses, se bat ici seul avec et contre, tout contre, sa fidèle contrebasse, qu’il trompe du pied avec grosse caisse et caisse claire – ah le solo de caisses fracassant, les coups aussi sur les cordes, sur le bois de la contrebasse, pour faire encore plus de vacarme. « Ça fait boum boum… Ça pleure ». Si vous le découvrez, vous serez séduit par cet ancien punk pas assagi mais mûri, chargé de son expérience, marié à cet instrument presqu’aussi grand que lui, sa confidente, qu’il caresse, touche, fait résonner, prie, enlace, en alternant des temps de douceurs confondants…

A cette rondeur grave et douce, il murmure à l’oreille, trouvant ailleurs le feu sacré, tandis que les autres se font la guerre, ou se vautrent dans l’ennui, « C’est l’infini à la portée / De mon nerf / Glisse moi dans / Ton secret. » Avec ce refrain léger comme une bulle que le public adore : « Nos nuits sont des virgules / Des points de suspension du temps… ». De ses si belles chansons d’amour qu’il nous économise, et nous accorde de temps en temps.

En parade à Avignon Photo ©Xavier Lacouture

En parade à Avignon Photo ©Xavier Lacouture

Imbert fait pleurer ses cordes, réfléchit tout haut notre monde grinçant, « Je dore ma pilule au soleil, mais la pilule ne passe pas… Je dors du sommeil du juste /  Dans le berceau de l’injustice…Et je positive / Le monde est beau / Comme une tombe ». Il décolle dans ses souvenirs d’enfant, dans une performance qu’il tisse telle l’araignée, en un texte de vérité absurde « La profondeur n’a pas de prix / Les noyés savent ça », qu’il fofote, répète en phrases compulsives « J’ai peur du noir – Je n’ai pas peur du noir. », vocalise comme un moine tibétain.
La contrebasse pinçotée trace un paysage désertique où se trouvent des machines à sous. « Dix jetons sur l’infini, vingt jetons sur l’indéfini ». L’archet caresse les cordes, fait surgir l’émotion comme dans un concert classique, tandis qu’un plain chant s’élève, comme une transe. Il nous le dira plus tard, ses concerts sont des hymnes à la vie pour refaire le monde à la mesure de nos utopies. On comprend mieux à l’écoute de cette vieille cassette où il vocalise déjà, enfant, dans ce terrible désir de vie mêlé déjà de révolte.

Tout ça vous éclate à la gueule et vous prend au tripes. De temps à autre s’insère une vraie chanson de son répertoire, « Je biberonne à la gorge du temps (…)  J’ai faim des jours qui nous sont comptés » (2016), cette poésie brutale (La vie) Belle comme une pute (qui danse), vieille de plus de dix ans, ou celle qui résume tout, « J’veux m’sentir ». Et le final de « Mémoires… », terrible analyse du monde, battant et entraînant le public sur de hauts chœurs « L’humanité qui s’écrit / A coups de poings sur les i (…) Qu’est-ce qu’il faut pas rêver / Pour aimer ? ».

 

Imbert Imbert, Caprices d’un enfant de 300 000 ans, 13, rue du 50eme régiment d’infanterie 09 85 09 97 42, jusqu’au 31 juillet 2021 à 15h10 sauf les lundis. Dans le cadre de chanson/off soutenu par Fédéchanson.
Le site d’Imbert Imbert, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.

« Belle comme une pute » à Lyon en 2010 Image de prévisualisation YouTube
Et pour vous faire une idée du spectacle en solo, une demi-heure à La Friche Mimi.
Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à OFF Avignon 2021, au c[h]œur d’Imbert Imbert

  1. Rétrolien Imbert Imbert en Avignon par Nos Enchanteurs - Printival Boby Lapointe - Festival et Fabrique Artistique

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