CMS

Jean-Pierre Laurant, la chanson pour destin

Jean-Pierre Laurant (photo non créditée)

Jean-Pierre Laurant (photo non créditée)

A écouter ce disque gorgé de vingt-deux titres, on traverse sans mal les cinquante-cinq ans de scène de Jean-Pierre Laurant (de 1966 à nos jours), large page de l’histoire contemporaine de la chanson et de son histoire à lui, de chanteur et d’humain : « Plus de soixante-dix ans que je traîne ma carcasse / Avec des hauts des bas, un jour non un jour oui / Tantôt sur l’autoroute, souvent dans une impasse / Qu’importe puisque c’est la vie que j’ai choisi. » Dès le premier titre, on entre dans l’intime et le public de cet interprète, souvent auteur, parfois compositeur. Discographie rare et abondante à la fois car Laurant a fait le choix d’une carrière « provinciale », à même le terrain, les salles de proximité, les comités d’établissements et villages-vacance au temps où ceux-ci avaient un budget et aimaient la chanson, vecteur s’il en est de l’éducation populaire. Lui n’a guère eu le temps de hanter les couloirs des gros labels discographiques. Ce qui ne l’a pas empêché d’auto-produire, en 45 et en 33 tours, en K7 et en CD, plus d’une vingtaine de disques de 1978 à maintenant, dont beaucoup en tant qu’interprète (de Mouloudji ou de Leprest, et un Brassens à l’orgue de Barbarie), d’autres avec ses chansons à lui. Ça faisait néanmoins longtemps qu’il n’avait pas réalisé un disque en tant qu’auteur-interprète : est-ce pour cela que ce disque est si copieux, comme s’il fallait y loger tant de chansons en suspens, en retenue ? Et ce titre inquiétant, A cœur ouvert, n’est-il pas la cicatrice d’une opération récente qui lui donna plus encore l’envie de témoigner ? Jean-Pierre Laurant prend les atours et la carapace du scorpion pour mettre à terre le crabe : « Si tes pinces m’ont chatouillé / Mon venin va te faire mourir ». Par cette chanson, il se refait ce combat avec rare jubilation et le gagne à nouveau.

CD JP LaurantLe premier titre, Ma route, pourrait faire songer à celui, presque identique, de Michel Corringe. Ça y ressemble, tant il est vrai qu’on parle d’une même génération d’artistes. Le métier, Laurant en parle abondamment : « On pose jamais sa valise / Le destin est une inconnue / Qui offre son lot de surprises / Et d’anecdotes saugrenues ». Et nous d’entrer par ses mots en ce Sacré métier, en son quotidien. Avec, parmi ses souvenirs de scène, celui, ému d’un certain Mouloudji : « Le Gavroche de la Bastoche / Le poulbot des deux magots / Mais qui lutte et qui s’accroche / Dans l’cœur un coquelicot ».

Ce copieux disque a mille raisons d’exister, il est en même temps sans enjeu : « Je ne serai jamais vedette / Celui qu’on acclame et qu’on fête / Mais je me console en pensant / Que ce n’est pas très important ». Juste l’envie, la nécessité de raconter. Vingt-deux plages qui explorent l’avant et imaginent l’après, qui font largement retour sur l’amitié, les rencontres, et dégagent une agréable philosophie de vie. C’est un carnet de voyage dans le temps qui se lit et s’écoute au présent, avec ce qu’il faut de mélancolie que la voix du chanteur appelle. C’est agréable, presque intemporel. Et spontané, d’autant plus que l’enregistrement fut bouclé en presque moins de temps qu’il ne faut pour le chanter. C’est vivant, on le sent.

 

Jean-Pierre Laurant, A cœur ouvert, autoproduit 2022. Le site de Jean-Pierre Laurant, c’est ici.

« Ma route » : Image de prévisualisation YouTube

  »Les mères admirables » (mise à jour juillet 2022) Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives