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Jacques Grillot, 1947-2022

Jacques Grillot (photos Anne-Marie Panigada)

Jacques Grillot (photos Anne-Marie Panigada)

par Christian Camerlynck,

 

« Y’a des jours j’me dis /  Y’a un climat quelle drôle de vie ! » cette phrase d’une chanson de l’ami Jean Guidoni a immédiatement surgi quand la femme de Jacques Grillot m’a appelé pour m’annoncer le grand départ de l’ami Jacques. Jacques je l’ai rencontré dans un village de vacances de tourisme social et familial où il était responsable d’animation. Nous avions un parcours similaire. Au début de mon chemin en chansons il programmait des spectacles et il m’appelait. Au souper d’après concert, Jacques m’assaillait de question sur ma vision de la chanson à textes. Je lui disais de la chanson sans texte c’est de la musique. Toutes sont à textes, mais il y en avait des pour dire et raconter et d’autres pour danser ou qui ne me plaisaient guère. Et il me parlait de Brel. C’est cette passion, il me semble, qui l’a conduit à créer un spectacle pour chanter le Grand Jacques. Plusieurs fois, il me disait c’est ça que je veux faire : Chanter. De l’animation, de l’éducation populaire du tourisme social à la Chanson, le chemin n’est pas facile mais il l’a pris. « Jacques chante Brel » c’était le texte de son affiche. Attention, son but, bien sûr, était de s’exprimer, mais surtout de partager sa passion. R-16543836-1608397174-1526.jpegOn aurait pu penser que ce texte était prétentieux, Jacques servait Brel plus qu’il se servait pour dire. Et ce n’était pas fréquent à l’époque. Le public comme les professionnels disaient souvent : « Touche pas à mon Brel ». Jacques continuait son chemin, Jean-Louis Beydon l’accompagnait dans sa passion. Un jour un AVC stoppa brutalement son parcours. Il ne s’imagina pas à quel point. Ses proches se mobilisèrent. Je pense à Monique Tréhart, chanteuse et pianiste, organisant des séances de répétition et Jacques, courageusement, prononçait mots et notes avec obstination et lançant de temps en temps des « Oh putain ! Oh putain ! ». Cette phrase jaillissait quand il était heureux, comme quand parfois nous nous croisions à la sortie d’un spectacle.

Ces photos d'Anne-Marie Panigada ont été prises en février 2016, lors de la Fête à Jean-Louis Beydon, au Vingtième Théâtre, à Paris.

Ces photos d’Anne-Marie Panigada ont été prises en février 2016, lors de la Fête à Jean-Louis Beydon, au Vingtième Théâtre à Paris.

L’un des moments les plus forts artistiquement et émotionnellement dans mon chemin a été ce dimanche solidaire au cours d’un spectacle pour ramasser un peu d’argent. De nombreux saltimbanques chanteurs se sont réunis à Annecy dans une grande salle archi comble. Jacques a chanté calmement, assis sur sa petite chaise, pupitre devant lui pour les textes et plusieurs chansons s’il vous plait, accompagné une fois encore par Monique Tréhard. Pour cette soirée, François René Duchable, immense virtuose pianiste musicien était là. Il accepta de jouer une sonate de Schuman en s’autorisant de la rallonger de quelques mesures sur un texte de Jacques Debronckart, Chantez, Chantez voix éraillées. Face à nous il y avait l’ami Jacques, regard brillant d’émotions et qui, en silence s’écriait sûrement « Oh putain ! Oh putain ». Puis François René Duchable avec un de ses élèves pianiste a accompagné Adélaïde, chanson de Debronckart que l’ami Grillot aimait beaucoup. C’est dire le charisme de Jacques Grillot et de son entourage d’avoir réuni et réussit tellement ce moment. Il y a vingt ans. Vingt années de lutte pour continuer à vivre, à survivre, accompagné des tiens cher Jacques et cette fois tu n’as pas pu lutter contre la Covid. Essayant de partager mes émotions et d’évoquer un peu ton chemin de chants, je me disais que, quand même, la vie avec et pour la chanson (textes et musiques) ce n’est pas rien. La chanson tu ne l’avais pas en MP4 dans ton casque. Les chansons, particulièrement celles de Brel, tu les avais dans ton corps même quand celui-ci te faisait des siennes. Tu les avais dans ta voix et ça « Oh putain ! » je ne suis pas prêt de l’oublier. Salut mec, à un toujours.

Une réponse à Jacques Grillot, 1947-2022

  1. Le chameau 3 avril 2022 à 17 h 54 min

    Bel hommage, pour ma part je me souviens de Jacques Grillot accompagné par Jean-Louis Beydon chantant Brel bien sûr mais aussi Debronckart, Ferrat et bien d’autres encore, je l’avais découvert dans un petit lieu de chansons « Le pain et les roses » à Cachan(94) et j’aimais beaucoup son interprétation
    Je crois me souvenir également, si j’ai bonne mémoire, de l’avoir vu dans un spectacle Gaston Couté lors d’un Festival de marne
    Que de bons souvenirs
    Salut l’artiste!

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