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Bernard Joyet « Les temps difficiles »

cR0729-201 - Bernard JoyetTon pouvoir d’achat est en rade
T’as plus un radis camarade
Pour avoir une augmentation
Vaudrait mieux que tu sois patron
Les temps sont difficiles
Tu pourrais t’envoyer en l’air
Dans la jet-set de Lagardère
Et atterrir chez Bolloré
Avec ton parachute doré
Les temps sont difficiles

Bernard Joyet

©Anne Marie Panigada

Paroles Bernard Joyet, variation sur les textes de Léo Ferré, Musique Léo Ferré. Inédit discographique.

En 1961 Léo Ferré chante avec sa verve acérée et son humour une chanson d’actualité, Les temps difficiles, enregistrée en public à l’Alhambra le 18 octobre 1961 « Si mon machin c’est du poulet / La poul’ au pot doit bien s’ marrer / Depuis que j’ touch’ des nouveaux francs / J’ mets des virgul’s aux ortolans ». On y parle du Figaro, de Dalida, de Hallyday, d’Aznavour, de l’Allemagne, de l’Indochine, d’Économie, de starlettes faciles et du marché de l’Art… 
Une deuxième version modifiée sera donnée le 27 juin 1963 à l’ABC, « Ma femme veut jouer les présidents / Elle dit que c’est très plébiscitant / Pour lui montrer que j’ suis un homme / Je dois lui dire par référendum ». Après des propos quelque peu misogynes dans la métaphore de la démocratie dévoyée,  ou traitant de l’actualité des people (Gabin), il aborde de façon plus approfondie et politique, le racisme, les médias manipulateurs,  l’actualité internationale, la religion catholique, pour finir par la poésie, l’art et la musique méprisés, de Verlaine à Beethoven « Faut distraire le profane ! »
Enfin une troisième, plus longue de près de deux minutes, qui démarre sur la censure de la Religieuse, au Casino de Trouville le 16 juillet 1966. La mode y fait son apparition, puis viennent les médias, le théâtre, la politique interne comme internationale, l’armée, la culture « tout est dans la poche » et finit par un suicide rétroactif qui fait allusion à la découverte qui a changé le sort des femmes, la pilule : « Alors, je retourne chez ma maman / Pour redevenir un petit enfant / Et passer de l’être au néant / Afin de lui laisser tout le temps / D’avaler la pilule… ». Dans ces trois chansons « de circonstance », Ferré mieux que les chansonniers de naguère ou les nouvelles goguettes d’aujourd’hui, fait une revue détaillée de toutes les actualités du moment, à décrypter souvent au deuxième ou au troisième degré, en faisant un maître de l’absurde, un chanteur engagé qui ne donne pas dans le slogan mais dans la poésie la plus intense, et ces chansons datées sont aussi d’une actualité éternelle, si proches de nous que c’en est renversant. Évidemment ce n’est pas de la chanson facile, il faut s’y plonger, mais la mélodie et l’interprétation, sont là pour allumer nos neurones. Quoi qu’on pense de Léo Ferré, la poésie et l’engagement atteignent là des sommets rarement dépassés. 

Les trois versions seront réunies dans un super 45 tours baptisé Les temps sont difficiles en 1966, et reprises en 2003 dans la compilation posthume Léo chante Ferré

Le 1er mai 2008 pour la soirée d’hommage à Léo Ferré au Trianon, Bernard Joyet crée cette chanson, avec les accents du maître, ici enregistrée le 1er mai 2014 à l’Européen pour le Jour Ferré. Là encore cette chanson « d’actualité » nous montre que rien n’a changé, ou alors en pire. Bien à la hauteur de Ferré, il a le même talent pour trouver les mots justes et évocateurs et faire mentir le « Tout fout l’camp même la poésie ». Le dernier couplet redonne magistralement la parole à Léo : « Pardonnez-moi si ça me plaît / D’être parti un 14 juillet / Danser avec les astres (…) Moi j’observe de tout là-haut / L’étendue du désastre »

 

 

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