Cybèle Castoriadis : la fille, la lune et la batterie

Cybèle Castoriadis (photo @Giota Efremidou)

« La fille de la lune habite près du vieil olivier / Elle danse à pieds doux dans les champs d’asphodèle / Se perd dans les rochers, humaines statues de pierre / Sans que l’on cesse d’entendre son chant de source claire… » C’est à l’évidence pour illustrer la chanson-titre que notre si agréable et Cybèle s’est fait photographier en un champ de rochers pour la pochette de son album.

Née parisienne de parents grecs, voici Cybèle Castoriadis, dont c’est le premier album de création, les deux précédents ayant été l’un un florilège de grands classiques de chanson française des années 30 à 50 ; l’autre de reprises, en cinq langues, de Colette Magny à Boris Vian, de Simone Weill à Mános Hadjidákis… Ce premier véritable opus se veut célébrer ses deux patries que sont la Grèce et la France. Belle inspiration et jolie voix, qui va chercher dans les aigus. Et observe tant la poussière d’été que le rire des vagues, le linge qui sèche au soleil que des géraniums, se réchauffe sous sa pelisse d’angora, est cernée d’une nuit pleine de douceur… Images, odeurs, sensations… Quelques inquiétudes, parfois, qui viennent de la Terre, de son devenir… Ici un traditionnel grec en v.o., là la reprise de La Beauté d’Ava Gardner d’Alain Souchon…Tranquille, reposant. Un disque de pierres et de vent, sensible et fragile…

Certes, il y a dobro et mandoline, violon et clarinette, contrebasse et sax horn, klaxon et roue de vélo, guitare douze cordes du Tzouras… Mais pourquoi donc appeler en renfort, sur l’essentiel des titres, de tonitruantes batterie et batterie électrique qui ruinent chansons et mélodies, participant à la précoce obsolescence des titres ? Pourquoi surcharger, lester, oblitérer d’un son vite détestable des chansons qui, légères dans l’âme et dans la forme, ne demandent qu’à s’envoler ? N’eût-il pas été préférable de faire appel à des percussions, plus douces, autrement plus sensibles ? Au moment de l’enregistrement, la chanteuse a-t-elle perdu tout contrôle sur ses créations pour les gâcher ainsi ?

On aimerait aimer, ce que l’oreille irritée nous refuse. La bonne posologie est certes là, l’intempestive batterie aussi. Dommage.

Cybèle Castoriadis, La Fille de la lune, Le Coolectif/InOuïe Distribution 2023. Le facebook de Cybèle Castoriadis, c’est ici.
Release party le 14 mars 2023 au Zèbre de Belleville.

« La fille de la lune » :  

« Le Bleu de l’immense » :