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Karl Tremblay (Les Cowboys Fringants), 1976-2023

Karl Tremblay (photo tirée du site des Cowboys fringants)

Karl Tremblay (photo tirée du site des Cowboys fringants)

Karl Tremblay, le chanteur du groupe québecois « les cowboys fringants », est mort ce mecredi 15 novembre à l’âge de 47 ans après trois ans de lutte contre le cancer. La nouvelle n’est pas une surprise — le groupe parlait ouvertement de la maladie et avait annulé tous les spectacles de l’automne — mais c’est un choc immense pour leur fans d’outre-Atlantique, de France et d’ailleurs.

Après des débuts discrets avec des chansons festives, cette joyeuse bande de quatre musiciens a rapidement gagné en popularité au début des années 2000 avec les albums La Grand-Messe et L’Expédition. Sans perdre leur bonne humeur (Tant qu’on aura de l’amour), ils abordaient aussi des sujets plus durs de difficultés sociales (La Bonne pomme), de politique (Lettre à Lévesque) ou d’environnement (Plus rien). Karl Tremblay n’était que très rarement cité comme auteur des chansons, écrites par son comparse Jean-François Pauzé, mais il leur donna corps et voix tout au long de ce trop court quart de siècle. Alors que le groupe gagnait en notoriété, il gagna en profondeur. Lui, qui disait « faire le cave » sur les premiers disques, sut trouver le courage d’interpréter avec vulnérabilité et sensibilité des textes naturalistes, qui dépeignent sans juger tous ces anonymes du quotidien que nous sommes, à traverser la vie tant bien que mal quand elle se fait cahoteuse (Bobo).

Les Cowboys fringants (photo de presse)

Les Cowboys fringants (photo de presse)

Sur scène, son charisme et son énergie inépuisables portaient les concerts comme un souffle vibrant. Il chantait à tue-tête, dialoguait avec le public, s’accrochait à son micro tour à tour comme à une bouée de sauvetage ou à un bâton de pèlerin. Je me souviens de leur concert à l’Olympia en 2018. De ses sourires à son compère bassiste Jérôme Dupras ou à l’exceptionnelle multi-instrumentiste Marie-Annick Lépine (qui était aussi sa femme) quand elle entamait une improvisation virtuose au violon. Sur la chanson Les Etoiles filantes, le public avait pour habitude d’envoyer des avions en papier. Ce jour-là, c’est une nuée blanche qui s’est envolée de la fosse aux balcons pour se retrouver sur la scène quand il entonna le refrain : « Mais au bout du ch’min dis-moi c’qui va rester / De la p’tit’école et d’la cour de récré ? / Quand les avions en papier ne partent plus au vent / On se dit que l’bon temps passe final’ment / Comme une étoile filante. »

Le groupe a traversé bien des épreuves sans jamais se désolidariser, se réinventant sans cesse. Face au COVID, ils filmèrent un concert entier dans les forêts canadiennes désertes, superbe cadeau de Noël après une année éprouvante. Leur concert à Paris Bercy, prévu au tout début du premier confinement, fut repoussé deux fois mais finit par avoir lieu deux ans plus tard. Karl était alors déjà malade, mais il continua à chanter. Cet été, bien qu’affaibli, il chantait encore — assis.

Le souffle vibrant a fini par se taire, alors même que devait commencer une tournée de leur nouveau spectacle, une comédie musicale avec la troupe d’acrobates « Les 7 doigts de la main ».
Jamais à court d’idées, d’envies, de courage pour traverser et illuminer la vie. « Prépare-toi petit garçon / Elle s’ra longue l’expédition / Et même si on n’en revient jamais vivant / Il faut marcher droit devant. »

 

« Ici-bas », 2022 : Image de prévisualisation YouTube

« L’Amérique pleure », 2019 : Image de prévisualisation YouTube

« Droit devant », 2010 :  Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Karl Tremblay (Les Cowboys Fringants), 1976-2023

  1. Gabriel K 17 novembre 2023 à 20 h 59 min

    Chansons citées dans l’article

    Tant qu’on aura de l’amour : https://www.youtube.com/watch?v=RQ_e17cp92k
    La bonne pomme : https://www.youtube.com/watch?v=rx2pK_XFQPE
    Lettre à Lévesque : https://www.youtube.com/watch?v=E-nIpB-bisg
    Plus rien : https://www.youtube.com/watch?v=IF-X2m2PCmU
    Bobo : https://www.youtube.com/watch?v=sIrUuDkCiXI
    Les étoiles filantes (Olympia 2018) : https://www.youtube.com/watch?v=sacB-Vyqky0

    à écouter aussi (clip 2020)
    Sur mon épaule : https://www.youtube.com/watch?v=XaUdyuOfwa4

    Répondre
  2. Pierre Bondroit 18 novembre 2023 à 10 h 10 min

    Quel… tsunami de chagrin, la mort de Karl Tremblay. Des deux côtés de l’Atlantique. Je savais « Les Cowboys Fringants » appréciés, aimés.
    Je ne rendais pas compte à quel point.
    Puis, dans l’absolu, c’est bien trop tôt pour nous quitter. Enorme tristesse (je me repasse en boucle « sur mon épaule »)…
    Un homme, un groupe qui aura durablement marqué les esprits des deux côtés de l’Atlantique…
    Oserais-je dire, « moi qui balance entre deux âges » (comme dirait Brassens), que le Québec et la Francophonie n’a pas ressenti pareille émotion depuis un triste « 8.8.88″, date du décès de « l’Ame du Québec », le Grand Félix Leclerc.

    Répondre
  3. Jean Pierre Gleize Bourras 18 novembre 2023 à 19 h 36 min

    Bon dieu de bondieu de Tabernac!
    « Y’a des paroles en l’air
    ben du silence qui s’perd
    Trop de bruit pour si peu, souvent
    Que du vent…
    Y’a tout c’qu’on nous fait croire
    Et nos propres accroires
    Quand tu sais pu qui c’est qui ment
    Que du vent… »
    Bon voyage Cousin !

    Répondre

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