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Barcella, pétillant champagne

Barcella (photos Flag)

Barcella (photos Flag)

5 février 2016, MJC de Venelles

Le décor : un piano blanc et un escalier géant fait de cubes lumineux, des candélabres en dégradés de lampes à filament semblant datées d’avant  l’obsolescence programmée, des podiums pour les musiciens, et un tabouret industriel. Il a intérêt à être stable et solide celui-là, car l’artiste s’y tient debout la moitié de son temps, dans un équilibre qui pour tout autre serait précaire (à peine a-t-il la place d’y poser les pieds).

Moitié fauve sur son plot, genre chat, moitié clown pour les petits enfants (qu’il régale en spectacle dédié), et un grand tiers de poésie, pour paraphraser Pagnol.
Vous ne le connaissez pas ? Né en Champagne, grand, mince, la peau blanche, le muscle fin et délié apparent sous le marcel rayé, gilet noir, pantalon tenant par miracle et par ceinture (non, il ne tombe pas en-dessous de la limite autorisée, on ne sait comment) lacé autour des chevilles fines, ce qui donne un aspect pantalon de golfe, et baskets à finitions espadrilles. Idéal pour danser, grimper jambes à son cou au dessus du piano, enjamber les fauteuils rouges de la salle, tenir son équilibre de fildefériste. J’oubliais : un visage expressif, les yeux doux, barbe et cheveux coupés courts.
 C’est vous dire comme il mérite bien son nom d’enchanteur, capable de vous emporter sur sa barque légère dans un slam endiablé, se jouant des mots et des sons qu’il enfile avec une agilité verbale à nulle autre pareille. Tout autant que de susurrer à votre oreille, de sa voix caressante au phrasé particulier,  les émotions les plus tendres, amours et aléas de la vie, et surtout celles qui vous rappelleront votre enfance, Le cahier de vacancesL’île au trésor où il rêve à son futur enfant« Bientôt sous le préau / Un vélo, des legos, des playmobils », et cette histoire de Monstres, qui « ne font peur /Qu’à ceux qui n’ouvrent pas leur cœur »,araignée velue ou ogre du placard. L’âge d’or qu’il nous conte n’est pas celui de Léo ou de Matisse, mais la nostalgie de « l’époque des pansements et du mercurochrome. / L’époque des mamans » où défilent tous les souvenirs, objets, personnages de Flam à Zorro en passant par Pierrot, qui construisent l’imaginaire de notre enfance.

Saltimbanque, il rebondit sur les syllabes d’un Mixtape décoiffant où Barcelettes riment avec mistinguettes, pâquerettes avec galipettes ou bistouquettes, se moquant au passage des rappeurs de banlieues, de telles billevesées Madame, prononcées avec tant de candeur que les oreilles des enfants n’en sont guère écorchées, dans un flow/flot époustouflant. Capable aussi de jouer à l’infini sur des jeux de mots poissonniers, écornant au passage la réforme de l’orthographe,  dans un stand-up hilarant. Donnant des cours de step ou d’orthophonie avec la même pédagogie, car « C’est qui qui fait flipper les filles, swinguer les rimes c’est Babar !»

Mais déjà du Puzzle de ces mots rebondis s’échappent des écharpes de poésie pour vous envelopper de douceur : « Poète maudit cherche rime subtile (…) Gorge nouée cherche cœur fleuri (…)Ventre vide cherche pain d’épice / Mandoline cherche mélodiste »

Car troubadour il l’est aussi, chantant l’amour de sa Douce, « Et ne soit pas farouche, si ma langue fourche / C’est que je m’en frimousse de tes deux petits seins » aux accents Souchonniens,  Fragile derrière sa carapace, ou de Caroline, qui elle fait penser aux amoureuses infidèles de Brassens. Capable aussi de nous émouvoir aux larmes avec cette Symphonie d’Alzheimer dédiée à une Mamie pour laquelle il est « ce petit feu de bois / Cette lueur dans ta mémoire ». Et de nous faire rire sur des sujets graves, Le suicide ou cette interpellation de  la mort, où il parvient à nous faire exorciser nos craintes les plus profondes, tout le public hurlant Salooope ! dans un salutaire exercice. (Les enfants peuvent se défouler aussi dans un Escalope ! moins évident …)

Le succès de ce concert tient à la facilité naturelle qu’à l’artiste, bien entouré de ses excellents musiciens très jazz, Thomas Nguyen au piano, Julien Gaujon et Marcel Ebbers aux trompettes (ah, ce solo au milieu de la Symphonie d’Alzheimer) et également à la guitare, et à la contrebasse pour Marcel, Romain Darbon à la batterie, de faire participer le public, tant dans les chœurs, les onomatopées, les refrains ou les questions-réponses, enrôlé sans s’en rendre compte, depuis les enfants jusqu’aux seniors, dans ce bonheur chantant. « Il rallume les étoiles à chaque fois », comme le dit une de ses admiratrices, pour nous lire Les plus belles pages du livre (Inédit).

Le site de Barcella, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« L’âge d’or », session acoustique avril 2013 Image de prévisualisation YouTube

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