Stavelot 2025. Le Cirque des Mirages, noir c’est noir
Le Cirque des Mirages Photos ©Bégé
17 octobre 2025, « 1 chanson peut en cacher une autre », Abbaye de Stavelot
Pour sa troisième soirée, le festival stavelotain s’est revêtu de noir. Peut-il en être autrement lorsque l’on accueille le Cirque des Mirages ? Bienvenue dans le royaume des sombres, pourrait-on résumer : noire la tenue des artistes, noir leur univers expressionniste, noir surtout leur humour.



C’est la deuxième fois que l’infernal duo se produit à Stavelot. La première fois remontant à 20 ans, on hésiterait toutefois à les qualifier d’habitués. Qu’importe pourtant le temps passé, leurs chansons sont intemporelles et leurs prestations uniques : y goûter aujourd’hui donne le même plaisir que jadis.
Le Cirque des Mirages, c’est d’abord un pianiste virtuose, Fred Parker. Il mène la danse en expert, mêlant piano classique et bastringue, jazz et ragtime. Que sa musique swingue, caresse, démange ou dérange, elle s’avère toujours envoûtante et épouse à la perfection les délires verbaux de son compère, sans jamais les surligner inutilement. Le musicien se fait en outre second couteau à l’occasion de quelques titres, voire passe au premier plan le temps de se transformer en Nestor la marionnette.
Le Cirque des Mirages, c’est ensuite un incroyable chanteur, Yanowski. Il entre en scène et impressionne d’emblée, par sa stature, sa haute taille, son regard perçant. Il ouvre la bouche pour introduire le spectacle, en évoquant cette boîte de Pandore qu’un spectateur aurait malencontreusement ouverte, et nous voilà frappés par sa voix forte, sa diction parfaite, son jeu de comédien intense. Il chante et sans coup férir, il nous prend en otage, captifs que nous sommes de son chant varié, de son débit de fou, de sa gestuelle précise et de ses mimiques irrésistibles.
Ces deux talents complémentaires se mettent au service d’un répertoire insolite. Des chansons narratives, denses et exubérantes, au vocabulaire recherché, à la folie maîtrisée. Des histoires noires et fantastiques, rappelant l’univers cinématographique de Tim Burton, où l’humour teinté de cynisme est omniprésent, traversées çà et là d’éclairs d’émotion. Des récits de salles de vente, de fournisseuse d’eau bénite, de peste et d’assassin littéraire, de marionnette de mauvaise augure, de Messie entouré de bras cassés… Toute une galerie de personnages auxquels le duo prête vie avec un talent de comédien qui laisse pantois.
Tel ce malheureux boxeur obligé d’affronter Joe le Broyeur, le spectateur achève donc le concert sur un K.O. total. Tout juste peut-il, en rassemblant ses forces, réserver un triomphe au couple diabolique, en humble remerciement pour cette soirée mémorable.
EN PREMIÈRE PARTIE
Avec deux albums déjà derrière elle, la chanteuse belge Noémie Rhéa n’est plus une débutante, même si sa notoriété est encore en devenir. Excellemment entourée de Mélanie à l’accordéon et d’Aurélie au violon, s’accompagnant à la guitare ou à la mandoline, l’artiste nous a offert une ribambelle de chansons d’amour effrontées, prônant le retour sur soi et l’indépendance d’esprit. Ça balance, ça swingue, ça flamencote parfois, ça vire même tzigane à la fin. On pense à Zaz ou à Olivia Ruiz. « Soyons des mauvaises herbes, poussons entre les cailloux », nous dit Noémie. C’est demandé avec un tel charme qu’on ne peut que la suivre.
Le site du Cirque des Mirages, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Le site de Noémie Rhéa, c’est ici.
Le Cirque des Mirages, « La vente aux enchères », session France Musique 2023 
Noémie Rhéa, « La Belle ou la Bête », clip 
Nous venons de célébrer le Qu’Art de siècle de l’Esprit Frappeur à Lutry en Suisse. C’est l’occasion de revoir l’ensemble du concert La Boîte de Pandore en 2022 à Lutry. « Âmes sensibles s’abstenir ».

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