Anne Sylvestre, en liberté
Anne Sylvestre (photo Anne-Marie Panigada)
A l’occasion des cinq ans de la disparition d’Anne Sylvestre (le 30 novembre), de nombreux rendez-vous sont au programme. A Paris, salle Anne-Sylvestre du Hall de la chanson, à la Villette, place à un Festi-colloque les 28, 29 et 30 novembre. Avec un prélude ce jeudi 27 novembre à 19 heures dans le cadre d’un café chantant où le public est invité à chanter, accompagné par deux artistes du Hall de la chanson. Il y a le choix avec plus de 300 chansons pour adultes au répertoire.
« Une œuvre qui mérite une attention renouvelée » soulignent Serge Hureau et Olivier Hussenet, maîtres d’œuvre avec leur équipe de ces journées historiques à leur façon. Trois sont organisées où Anne Sylvestre sera évoquée du matin au soir. D’autres artistes bien sûr sont invités mais aussi des enseignants chercheurs universitaires dans les domaines de la musicologie, de la littérature/cantologie, sociologie, histoire culturelle, psychologie. Sans oublier les journalistes et personnes ayant travaillé avec Anne Sylvestre et les proches de l’artiste.
Le jour, toutes les conférences sont chantées et accompagnées en direct par les artistes-étudiants du Théâtre Ecole supérieure des répertoires de la Chanson-TEC. En soirée des spectacles sont repris. Comme Les Eaux sauvages, Anne Sylvestre clandestin et Emma aime Anne.
(photo David Desreumaux)
Pour permettre au plus grand nombre de profiter des journées évènements Anne Sylvestre certaines interventions seront retransmises en live stream dont l’ouverture le vendredi 28 novembre ; une conférence chantée Survivre avec Perle Abbrugiati (professeure de littérature italienne à l’Université de Provence Aix-Marseille ; la conférence chantée Sylvestre sage femme avec l’écrivaine Nancy Huston. Le samedi 29 novembre Carré de Dames avec Agnès Bihl, Dorothée Daniel et Nathalie Miravette ; la table-ronde chantée Rendez-vous Sylvestre » (sur l’album CD du même titre, que nous chroniquons ci-dessous). Et le dimanche 30 novembre une table-ronde/lecture à l’occasion de la sortie du livre Aimer et le chanter, intégrale des chansons paru dans la collection Points/Seuil.
A La maison de la poésie, lecture musicale le mardi 2 décembre 2025, Je ne ferais que passer/Regards sur Anne Sylvestre, avec Laura Cahen, Emily Loizeau, Florent Marchet, Estelle Meyer, François Morel, Coline Rio & Albin de la Simone accompagnés par Antoine Sahler. Ils ne feront que passer… Avec grâce et simplicité. Pour dire et chanter les mots d’Anne Sylvestre ; fêter sa liberté, ses combats, sa force et partager son œuvre à la portée universelle. Rendre ainsi le plus bel hommage à cette artiste majeure de la chanson française, formidable conteuse, autrice de chansons immortelles et voix féministe affirmée, disparue en 2020 après plus de soixante ans de carrière.
A La maison des métallos, du 10 au 19 décembre : La Vie en vrai célèbre, avec humour et émotion, l’héritage d’Anne Sylvestre à travers les voix de deux artistes d’aujourd’hui, pour célébrer la force du matrimoine et l’audace d’être soi. Par Marie Fortuit et Lucie Sansen. Entre chansons connues ou méconnues, textes autofictifs et arrangements originaux.
Sur scène, piano, harmonium et voix se répondent pour célébrer la force des mots, la transmission et l’émancipation. La Vie en vrai n’est ni un simple hommage ni un tour de chant, mais une création vivante et collective, où se croisent les récits de femmes d’hier et d’aujourd’hui. Venez partager un moment d’émotion et de sororité. ROBERT MIGLIORINI.
Les informations concernant La Maison de la Poésie et La Maison des Métallos sont extraites des dossiers de presse.
Les sites avec toutes les informations : Le Hall de la chanson ; La Maison de la Poésie ; La Maison des Métallos. Notons que le spectacle « Anne Sylvestre clandestin » (avec Mèche, Katrin’ Waldteufel, Garance Bauhain, Lily Luca et Christopher Murray), après avoir été présenté à La Passerelle à Jacou (Hérault) le vendredi 28 novembre, sera le lendemain à 19 h à La Villette à Paris.
Anne Sylvestre la magicienne !
Créateur et directeur trente années durant des éditions L’Archipel (qui a édité un très grand nombre de biographies), c’est paradoxalement chez Le Cherche-Midi que Jean-Daniel Belfond vient de trouver refuge pour sortir cet « itinéraire d’une chanteuse singulière, une sorcière pas comme les autres ». On remarquera la cohérence du titre de ce livre, Anne Sylvestre la magicienne, avec son précédent ouvrage, en 2000, déjà chez un autre éditeur, Barbara l’ensorceleuse. Qui sera donc le nom et le qualificatif si bien approprié de la troisième ?
Disons-le tout net : ce livre est un plaisir à découvrir, à dévorer : vingt-sept courts chapitres et quelques annexes retracent dès le second (le premier c’est Belfond qui, avec émotion, se rappelle de son enfance à écouter l’auteure de Lazare et Cécile, jusqu’au premier concert où il l’a vue) la vie personnelle et artistique d’Anne Sylvestre, carrière avec ses hauts et ses bas, avec surtout une œuvre majeure qui ne cesse d’être re-découverte et s’amplifie chaque jour, désormais par d’autres interprètes. De jeunes interprètes surtout, qu’elle n’eut de cesse d’encourager de son enthousiasme et par sa présence de presque tous les instants. Des pages illustrées tant par des extraits de quelques-unes de ses chansons et par des photographies qui ponctuent chaque fois et à bon escient la narration. Avec aussi le témoignage d’une cinquantaine de ses proches. Avec surtout les propos d’Anne elle-même : en lisant ces pages, j’ai retrouvé intactes la tonalité de sa voix, ses tendresses et ses colères. Et d’utiles clefs pour, le cas échéant, comprendre son œuvre, l’approfondir, l’apprécier plus encore. MICHEL KEMPER.
Jean-Daniel Belfond, Anne Sylvestre la magicienne, Le Cherche-Midi 2025. 394 pages, 22 euros.
Un « Rendez-vous Sylvestre »…
Ils sont seize chanteurs et un groupe à se partager quinze titres, à s’être donné ce « rendez-vous Sylvestre ». Tant et tant d’artistes reprennent Anne au quotidien que les postulants ont dû être nombreux et le choix difficile. J’ai bien sûr à l’écoute de cet album, vous aussi sans doute, quelques préférences mais une critique n’est pas un tableau d’honneur, un stupide et vain classement. Non, parlons seulement de belles et bonnes surprises. Ainsi Alexis HK, qui, cinquante-sept ans après Reggiani, reprend à son tour La Maumariée dans une tonalité proche de l’italien. Le duo, non surprenant mais épatant, de Michèle Bernard et de Frédéric Bobin sur Lazare et Cécile. Sans surprise, l’ayant récemment enregistré sur son propre album, Marion Cousineau sur Le Lac Saint-Sébastien : nouvelle prise pour une interprétation entre toutes majestueuse. Yves Jamait en une étrange tonalité – est-ce l’émotion ? – qui, sur Carcasse, fait songer à Michel Legrand. La présence discographique, si rare, de Claudine Lebègue (sur Lâchez-moi) dont, souvenons-nous, l’album Rose et Roger, fut jadis produit par Anne Sylvestre. Le brio tant de Coline Rio sur La Femme du vent que d’Emma Daumas sur Clémence est en vacances. Et Barcella, Romain Didier, François Morel, Christian Camerlynck, Les Ogres de Barback, Madame Raymonde, Emily Loizeau, Sanseverino et Lise Cabaret : que du bon ! Tant que cet album, indispensable, est un régal, une friandise. On n’attendra pas la Saint-Sylvestre pour s’en empiffrer.
Collectif, Rendez-vous Sylvestre, BC Musique 2025. MK
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’Anne Sylvestre, c’est ici.
« La Femme du vent » par Coline Rio : 



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