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Grob, le chanter vrai

Lionel Grob (photos Paola Guigou)

Lionel Grob (photos Paola Guigou)

Que retenir d’un tel album où tout chante et suinte tellement le vrai ? Tenez, ce titre (Rouge) qui dit « Ces p’tits garçons étaient mignons / Et y z’ont grandi et c’est con / Comme quoi parfois… / Une bonne contraception » et le suivant (La Vasectomie) : « La vasectomie mi mi / Voilà une idée d’génie / Pour ne pas peupler la planète / D’abrutis avec la tête ». Notons que ce chanteur, Grob, est depuis 2018 aussi chanteur « jeune public », pour mômes donc, qui encourage à se priver de la relève : un spécialiste qui scie sciemment la branche sur laquelle il fructifie. Osé le mec !

Le chanter vrai, dis-je. Jadis, Sardou chantait J’habite en France, tube populo-rigolo ; lui, Grob, chante Bienvenue en France, une France plus que jamais à deux vitesses, où c’est « Toujours les mêmes chansons / Toujours plus de ronds ou toujours plus au fond » : la preuve qu’en un demi-siècle, ça s’est aggravé.

Ce disque est à sa manière une radiographie du pays, état de fait, état des choses. Comme ce portrait sensible d’une famille monoparentale avec RSA (celui que l’extrémiste Wauquier aimerait tant limiter voire supprimer), mère courage, une super-héros (avec Sa Cape) du quotidien comme il y en a tant.

Grob, c’est un peu entre Renaud (de l’époque où celui-ci savait chanter) et Henri Dès. Des mots simples mais toujours fort à propos : que des sujets qui sont un peu le reflet de nous-mêmes ou plutôt du voisin, du cousin : de ce qu’on vit, qu’on subit. Tiens, comme ce titre, Les Loutres, sur ce que nous servent, nous déversent les réseaux.

Terrible, cet autre où on fout le Papy à l’Ehpad : la description du lieu est aussi réaliste que cruelle, les onze couplets valent à eux-seuls les 390 pages du récent livre-scandale, Les Fossoyeurs, à ce sujet.

a3963698769_16Sur un rythme gamin, Le Petit oiseau, Grob fustige ces aménageurs qui détruisent une petite forêt. La forêt et tout le biotope. Résultat : « L’entends-tu le petit oiseau ? » D’ailleurs, toutes les chansons sont traitées comme il le ferait pour des mômes : rythme sympa (même si le sujet l’est souvent moins), léger, presque dansant.

Grob est un bel individu, sain de corps et d’esprit qui, par le truchement de ses chansons, nous parle d’un monde de plus en plus fou, le nôtre. Sa seule arme est le bon sens. Forcément son combat est vain : ses chansons ne sont pas dans les playlists des grands médias. Mais quand elles parviennent malgré tout à vos oreilles (ça dépend en partie de vous, vous pouvez acheter ses disques et faire du prosélytisme, c’est pas interdit), elles vous rassurent un peu.

Une chanson, ça fait un bien fou, ça apporte plaisir et bonheur au simple fait de les entendre. Ça apporte aussi un peu d’insouciance, enfin non si on écoute la fin de ce disque : « Et j’achèterais bien de l’insouciance / Des listes de courses de vacances / Mais elle n’est pas à vendre / Car il y a pénurie. »

 

Grob, Bourdon, Lionel Grob/Cie Bon Gorille 2025. Le site de Grob, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Bienvenue en France » : Image de prévisualisation YouTube

« Rouge » : Image de prévisualisation YouTube

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