Gyslain.N, l’amour en marche

Gyslain.N à quatre – Photos ©Catherine Laugier
26 avril 2025, Venelles, MJC Allain Leprest à L’Étincelle,
Ils sont trois musiciens sur la scène Grace Kelly : Antoine Soret alias Joseph Celsius et son imposante batterie, Jean-Michel Warluzelle debout à son clavier, ou à la basse, puis à droite Rémi Tchango, son piano électronique et ses claviers. Vêtu de clair – élégante casquette, gilet vert amande – et surtout d’un sourire qui lui semble une seconde nature, Gyslain N (pour Ngueno) est loin d’ignorer le chaos du monde. De racines camerounaise et guadeloupéenne, il est français, né en France et vivant en France, d’abord en Alsace, d’où sa chanson Alsace Blues, un bijou d’écriture, puis Paris, et Lyon d’où il nous arrive à l’instant. Les difficultés, il les contourne par le sourire, l’expression, l’action, la musique dans toute sa richesse, comme le résume le titre de son dernier album Danser sous les bombes.
Les mots, il les écrit pour ses chansons, un message poétique qui sait aussi se faire incisif si nécessaire, ni bisounours, ni béni-oui-oui ; il les fait danser, les clame, les slame ; il les enseigne et les met en scène en ateliers d’écriture pour permettre à des publics variés de s’exprimer, se côtoyer, se comprendre, gagner de l’assurance. Il en a fait une chanson a cappella dans son premier album de 2017, une véritable profession de foi : L’oral et l’écrit. Car il est aussi écrivain, de nouvelles et d’un roman, Peau rouge, sur les mères courage venues d’ailleurs.
Qu’il slame ou qu’il chante, il peut compter sur ses musiciens pour composer avec lui des musiques qui puisent dans toutes ses influences, française, africaine, antillaise, afro-américaine, passant fluidement de l’un à l’autre. De la musique baroque et bariolée. Une musique qui vrille parfois en plainte, qui danse, qui groove, fait des vagues, incite à se joindre aux chœurs ou à bouger, sans aucune facilité. « Car la route est longue, mais les rêves sont grands ».
Comme Maxime Le Forestier, il sait qu’on ne choisit pas son lieu de naissance, il sait aussi la valeur du travail et de la conscience, dans un message presque biblique : « Heureuses les mains propres, mais crasseuses (…) Heureux les cœurs légers / Qui n’ont rien de trop à déclarer ». « Légers, légers », et on s’est déjà envolés, la partie est gagnée. Qu’il valorise les Âmes sensibles, « Ce n’est pas parce que c’est le chaos qu’il faut enfanter des étoiles / Vous êtes le soleil, brillez ! » sur une musique tout en nuances, cœur qui bat, claviers qui jazzent ; qu’il incite au Courage, le message est essentiellement positif. La bonne parole. Pour atteindre l’âge d’homme, il y a plusieurs voies : marcher, ouvrir les yeux sur les beautés de monde, « Au rencard de la joie, je serai là », vivre avec les autres. Ceux qui sont réduits à nous suivre des yeux, et à tendre la main. Alors le piano délicat se mue en cri …En attendant que leur vie commence ! C’est la première fois qu’on le voit en colère, une colère positive.
Nous aurons de l’album à venir, actuellement en financement participatif, la primeur des Rois de France en quelque sorte la continuité de Ma France de Ferrat, « Chère terre de France / Tu m’habites depuis l’enfance », une utopie en marche, quand certains osent vous baptiser français de papier, « Terre de sangs mêlés / Qui se veut pur sang imaginaire », et cet hymne qui lui va si bien, Tout à l’amour ; l’hommage à Miriam Makéba, de son premier album en 2017, double héroïne, femme et noire dans un pays d’apartheid : un « surplus de mélanine comme un acte de résistance », et en rappel cet ode à tous les laissés pour compte, Loser magnifique. À la sortie, il n’y aura pas assez de livres et d’albums pour répondre à la demande.
Le site de Gyslain N., c’est ici. Son bandcamp, là. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, ici. Pour pré-financer l’album, c’est là. En concert le 24 mai 2025 à Thizy Les Bourgs (69 ), le 6 juin à Marseille espace Hypérion 13004, les 28 et 29 juin avec le Chœur Tempose à Lyon Amphithéâtre 3000.
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