Alain Chamfort, l’interview en chansons

Sur la scène de Namur (photos Annick Delperdange)
Namur, Le Delta, 17 mai 2025,
Alain Chamfort est actuellement en double tournée. Dans les plus grandes salles et les festivals, vous pouvez en effet l’applaudir entouré d’un combo de 4 solides musiciens, pour un tour de chant vitaminé et dansant. Mais si vous préférez l’intimisme et la sobriété, il y a l’autre formule, celle du piano-voix, en duo avec son formidable pianiste Vincent Bidal.
Cette dernière version a toutefois évolué, pour nous offrir davantage encore de confidence et de complicité partagée. Intitulé « Conversation musicale avec Alain Chamfort : Le meilleur de moi-même », le spectacle s’articule désormais autour d’un entretien réalisé en direct. Pour parodier Michel Audiard, nous dirions donc que Chamfort ne fait pas que chanter, il cause aussi !
Sur scène, le décor est posé. A gauche, un piano à queue pour le musicien accompagnateur, un micro sur pied et un piano électrique au centre pour le chanteur, un coin-salon sur la droite pour la discussion au coin du feu virtuel. Dans le rôle de l’intervieweuse, l’amie de longue date, la chanteuse et animatrice Valli (souvenez-vous : l’élément féminin de Chagrin d’amour, celle qui portait un Cœur croisé dans Chacun fait c’qu’il lui plaît !).
Durant près de deux heures, nous oscillons donc entre chansons et révélations. Grosso modo, disons qu’Alain Chamfort nous chante deux chansons, puis va parler dix minutes avec Valli, puis rechante deux chansons… Amateurs de potins s’abstenir : à aucun moment l’artiste n’abordera sa vie privée, tout juste égrènera-t-il quelques souvenirs d’enfance. Faut-il d’ailleurs s’en étonner, lui qui a toujours été d’une discrétion exemplaire sur ce sujet ?. L’angle de l’interview est professionnel : retracer sa carrière dans l’ordre chronologique, en s’attardant particulièrement sur les auteurs qui ont travaillé avec lui et l’ont aidé à façonner le personnage qu’il est devenu.
Nous aurons donc notre lot de confidences et d’anecdotes sur Jacques Dutronc (qui lui a mis le pied à l’étrier, alors qu’il avait à peine seize ans), sur Claude François et sa vision industrielle de la chanson, sur Serge Gainsbourg et les difficultés de leur collaboration, sur Jacques Duval et l’importance capitale de ce dernier sur son image publique, sur Pierre-Dominique Burgaud enfin, le parolier de ses deux derniers albums…
Entre deux discussions, une quinzaine de chansons, pas toujours interprétées intégralement, alternant tubes incontournables (Bambou, Manureva, Comme un géant…), solides succès (Souris puisque c’est grave, un medley des bluettes de ses débuts, Trace de toi…) et titres à découvrir (Les salamandres, A la droite de Dior…). Que du bon, du costaud, du high level !
Reconnaissons l’originalité de la formule, qui nous permet de remonter le temps avec notre vedette. On apprécie l’ambiance conviviale et chaleureuse, on goûte à la complicité entre Valli et Chamfort, on s’amuse de certaines anecdotes, on découvre quelques secrets de fabrication…
Déplorons toutefois les limites d’un tel concert. Probablement s’adresse-t-il avant tout aux fans purs et durs d’Alain Chamfort, qui se régaleront de l’entendre se raconter. Par contre, celui qui viendrait simplement l’écouter chanter ses succès ressortira peut-être légèrement dépité : c’est que ça cause vraiment beaucoup sur scène et pas forcément de trucs qui intéressent l’auditeur lambda ! On peut adorer Chamfort et ses chansons, on n’est pas obligé de se passionner pour autant sur les dessous de celles-ci…
Plus gênant encore est que cette formule empêche l’émotion de s’installer durablement, comme l’artiste sait si bien le faire d’habitude. Difficile en effet de se laisser emporter quand la musique s’arrête au bout de deux chansons pour laisser place à dix minutes de bavardage… Heureusement, le final, qui verra s’enchaîner sans interruption des chansons poignantes comme Par inadvertance, Les microsillons et La grâce, sauvera la mise in extremis.
Une belle soirée, donc, mais réservée à un public averti. Puissent dès lors les programmateurs veiller à communiquer efficacement sur ce que les gens viendront applaudir, s’ils ne veulent pas risquer d’en décevoir certains…
Le facebook d’Alain Chamfort, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Commentaires récents