Georges Moustaki « C’est là »

Illustration Alékos Fassianós
C’est là que le monde commence
C’est le début de l’infini
Jardin secret couleur de nuit
Royaume d’ombre et de silence
Terre promise île déserte
Refuge crypte ou oasis
Jardin de nos plus doux délices
Georges Moustaki (3 mai 1934 – 23 mai 2013)
Paroles et Musique Georges Moustaki. Extrait de « Moustaki » 1981
Chanson écrite pour Serge Reggiani qui la chante en 1979, Georges Moustaki la reprend dans ce vinyle de dix chansons que l’on désigne généralement par ce premier titre, et dont cinq sont arrangés par Richard Galliano, publié chez Polydor. Elle tient à la fois de L’origine du monde de Courbet et de Là où de Le Forestier sur les mots de Kernoa… Sujet éternel « C’est là que se donne la vie (…) C’est là que commence le monde ».
Album épicurien dans la lignée de sa philosophie, « Nous avons toute la vie pour nous amuser / Nous avons toute la mort pour nous reposer », on y trouve donc sa profession de foi, Je ne suis qu’un lézard, avec des accents du grand Georges à qui il a emprunté son prénom « Qui joue de la guitare / Pour un oui pour un non / Pour Marie ou Ninon » et qui reprend cette même ligne « Si ce que je poursuis / N’a pas cours ici-bas / Un jour je m’en irai / Avec mes chansonnettes / Pour aller m’installer/ Sur une autre planète ». Son inquiétude sur La vieillesse à venir, ou la chanson rengaine à l’accordéon aux préoccupations écologiques, Heureusement qu’il y a de l’herbe (Et que la nature est superbe quand elle pousse en secret), une bluette dont le refrain serait salutaire à chanter aux manifs !
Et puis cette émouvante Si elle entendait ça, ici jouée en 1983 avec l’accordéon de Marcel Azzola, à Edith Piaf, musique de Jean-Marie Senia aux délicates notes de piano sur le disque d’origine.
L’album est repris dans l’Intégrale de treize CD 1969-1984 en 2014 chez Polydor/Universal.
La couverture du vinyle est un tableau de l’artiste grec Alékos Fassianós (1935-2022) de renommée internationale, qui mêle mythologie et univers contemporain. Francophile, il venait régulièrement exposer en France, essentiellement à Paris, ou à Sète et Nice notamment, et plusieurs de ses œuvres sont toujours visibles dans des musées français. Pourtant cette couverture qui ressemble à un dessin de héros de la mythologie grecque est censurée par certains médias car représentant un homme nu (et vert !) sur un vélo stylisé muni d’une palme ou d’une plume et d’une écharpe en forme d’aile. Je me plais à imaginer qu’il s’agit d’une version modernisée de Bellérophon chevauchant Pégase, ou du messager des Dieux Hermès. Le peintre a traité de façon récurrente de ce sujet cycliste, nu pour symboliser l’athlète victorieux (par exemple aux jeux olympiques de Barcelone) ou habillé d’un costume, avec des variations dans les accessoires, mais presque toujours l’écharpe et la palme. Une exposition en 2001 à Chenonceau, Le mythe à bicyclette, lui fut particulièrement consacrée… Rappelons que Moustaki était lui-même peintre, voir la pochette Ballades en balade, compilation, 1989.
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