Victoria Delarozière, la troqueuse de diamants

Victoria Delarozière chez Marie (photos Jean Lemaire)
Stoumont, Chez Marie, 23 mai 2025,
Les salons-chansons sont de belles occasions de découverte. Devant un public forcément restreint mais toujours attentif et ouvert, l’artiste se présente sans artifice, sans aucun cache-misère possible. Pas de mise en scène, pas de scène non plus, pas d’éclairage, souvent pas de musicien pour l’accompagner… Une intimité incomparable, qui fait tout le prix de tels rendez-vous.
Voici donc Victoria Delarozière. Elle nous vient actuellement de Nantes, mais est originaire de Toulouse et a déjà bien bourlingué apparemment, puisque l’on apprendra durant le spectacle qu’elle a aussi résidé au Chili. Elle se présente à nous armée de son seul accordéon diatonique, sans micro ni sono, telle une chanteuse de rue de jadis. Elle en a d’ailleurs le look et la gouaille.
Son truc, c’est le troc ! Son spectacle est né d’un tour de France décidé sur un coup de ras-le -bol. Durant le deuxième confinement, prise d’un irrésistible besoin de voir du monde, Victoria a embarqué dans son camion bleu (nommé Mario) son instrument, un enregistreur et un carnet de notes, et s’est lancée dans un périple de plus de 5.000 km, à la rencontre des gens. A ceux-ci, elle leur demandait de lui chanter une chanson, qu’elle partagerait par la suite. En échange, elle leur en offrait une également, adaptée à l’interlocuteur.
De ce voyage, elle a ramené de multiples souvenirs musicaux. Parfois juste ébauchés, lorsque le troqueur ne pouvait lui chanter son titre en entier. Et comme notre artiste fait un point d’honneur à ne pas chercher par ses propres moyens à compléter la chanson, la rengaine reste inachevée, à moins qu’une autre personne rencontrée ne lui en révèle la suite. Qu’importe, l’essentiel est dans le partage et la transmission.
Son concert sera donc un mélange de ses propres chansons et de celles glanées aux six coins de l’Hexagone. Parfois, elle sont un peu connues, tel ce Champ d’naviots de Gaston Couté. Des fois, elles proviennent du propre répertoire du troqueur, lui-même artiste, comme ce Lait-bière que lui a offert Eric Lareine. Ou alors elles ont des accents folkloriques et sentent bon le terroir et le patois. A moins qu’elles ne nous entraînent au loin, à l’instar de cette cueca venue du Chili pour nous emmener à Valpareiso, ou cet Echo du bayou au délicieux parfum cajun. Enfin, elles nous font chanter à leur tour, lorsqu’il s’agit de chansons à répons que l’assistance entonne de bon cœur.
Un répertoire hétéroclite, donc, mais dont les morceaux sont reliés par le cœur gros comme ça de leur interprète, son humour mordant, son art du dialogue et de l’improvisation, son abattage et son chant clair. Une soirée née d’un besoin de rébellion et d’une urgente envie de partage, comment aurait-elle pu ne pas être réussie ?
Le site de Victoria Delarozière, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
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