Gaston/Michel Cassez (Les Compagnons de la chanson), 1931-2025

Si ce n’est l’initiative en 2018, apparemment sans suite, des Nouveaux Compagnons (neuf, parmi lesquels Julien Dassin, fils cadet de Joe, jusqu’ici abonné à ne reprendre que les tubes de son illustre papa) se voulant prolonger, plus sûrement faire fructifier, l’œuvre des anciens (un seul album à ce jour, Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?), la page est définitivement refermée sur les fameux Compagnons de la Chanson : Gaston, le dernier des Compagnons, vient de mourir à l’âge de 93 ans. Michel Cassez, dit Gaston (ce surnom lui fut donné en raison de sa propension à faire des gaffes, merci Franquin…) fut le dernier à intégrer la formation, en 1973 (il fut auparavant chef d’orchestre de Claude François puis co-animateur avec Danièle Gilbert – la grande Duduche – d’une émission de télévision). Il fut aussi le seul à porter moustache, dénotant ainsi dans un groupe où tout était réglé comme du papier à musique, l’immuable tenue de scène en premier lieu : chemise blanche et pantalon bleu.

Nés en 1941 sous le nom des Compagnons de la Musique, eux-mêmes issus des Compagnons de France durant la seconde guerre mondiale, nos neuf Compagnons eurent leur première heure de gloire sous la houlette d’Édith Piaf, notoire croqueuse d’hommes, qui les emmena dans ses bagages lors d’une tournée étasunienne. De ce périple reste en mémoire leur « duo » à dix que furent Les Trois cloches, de Jean Villard-Gilles, qu’ils enregistrèrent en 1946. L’exercice des Compagnons dura jusqu’à leur tournée d’adieu de 1985, deux ans après avoir de nouveau investi leur salle fétiche que fut l’Olympia (concert dont l’enregistrement intégral existe en CD).

Le répertoire des Compagnons de la Chanson fut riche (Les Comédiens, La Chanson de Lara, Je reviens chez nous, Si tu vas à Rio, Le Marchand de bonheur, Gondolier, Le Mexicain…), puisé à de belles sources, prélevé aux succès de la variété d’alors. Notons que Michel Cassez-Gaston fut, dès son arrivée au sein du groupe, un de ses paroliers (Mamaï, L’Homme-orchestre, La Mouche…).

Presque quarante ans d’activité pour ce groupe attaché à une certaine idée de la chanson, populaire et de qualité (faite pour partie de vieilles mélodies empruntées au folklore, tel Le Galérien…) qui semble aujourd’hui lointaine, désuète, totalement obsolète. C’est dire qu’avec la mort de Gaston se clôt un épisode fameux de la chanson du vingtième siècle, auquel aucun avatar opportuniste ne saura se substituer.

Pour mémoire, retenons les noms de la formation la plus connue de ce groupe : Fred Mella (1924-2019), ténor solo (principal) ; René Mella (1926-2019), ténor ; Jean Broussolle (1920-1984), baryton, parolier, compositeur, adaptateur ; Guy Bourguignon (1920-1969), basse ; Jean-Louis Jaubert (1920-2013), basse ; Hubert Lancelot (1923-1995), baryton ; Jean-Pierre Calvet (1925-1989), ténor, compositeur ; Gérard Sabbat (1926-2013), baryton ; Jo Frachon (1919-1992), basse ; Michel Cassez (1931-2025), ténor, compositeur, parolier.

« Gaston à Lyon, place des Compagnons de la chanson » :