Christopher Murray, ses jolies phrases, ses bons mots

En concert au Chok Théâtre (photos Niko Rodamel)
23 mai 2025, Chok-Théâtre à Saint-Etienne,
Au prétexte dérisoire d’être dans l’air du temps, les branchés nommeront ça une release party alors que ce n’est, en français dans le texte, qu’un concert de lancement de disque. Débranchons-nous, et goûtons avec délectation un tel récital, celui de Christopher Murray qui nous rappelle ses deux précédents albums et nous présente le p’tit dernier, au joli intitulé de Lune et cris de loup. Lune qu’il semble avoir momentanément délaissée : « Pardon ma lune / Je t’ai quittée pour des projos / Pour qu’on voit ma gueule à la une / Mes jolies phrases, mes bons mots… » Entre nous, une telle production mériterait toutes les « unes » (tiens, la presse locale n’y était pas !) et bien plus d’autres projos.

Le visuel du nouvel album
Sans être petite, la salle n’est pas des plus grandes mais elle est pleine comme un œuf : il eut fallu une seconde séance pour tous les satisfaire. Trois séquences en cette soirée, pour trois albums, l’un après l’autre. D’abord et en solo D’un océan à l’autre, de 2012, ses hymnes faussement dédiés au pur capitalisme (Hymne à la croissance et Si tu n’es pas boursicotable) et divers titres qui, même débarrassés de tout autres instruments que sa seule guitare, prouvent qu’ils se sont bonifiés avec le temps, tant que c’en est délice de les retrouver : Les Robes de velours, Je meurs de soif auprès de la fontaine, Au bar de la Cigale…
Ah, ses guitares ! A chaque nouvel album, nouvelle guitare, qu’il choisit avec soin, sachant ce qu’il veut en tirer, le bois de l’artisan, le son de son inspiration…
Changeons d’instrument pour Ton campement dans ma tête, de 2017, d’autant plus que la guitare se voit rejoindre par « ses » deux Christophe : Durand à la batterie et aux percus, Garaboux à la basse. Forcément autres ambiances. Toc toc à ma porte, Le Rire était notre armure… Sur la photo, de Gil Chovet et toujours la fidèle présence, ici avec Haut les cœurs, du désormais absent Jean Andersson…
A nouveau une autre et dernière guitare. Aux deux musicos s’ajoutent Emmanuelle Da Costa à l’électro. Et deux choristes : Olivier Andrys et Fred Giroudon. Là, tous les titres sont inédits, disponibles dans le disque qui nous attend à la sortie, avec, autre fidélité, une pépite inconnue d’Allain Leprest, interprétée sur disque avec presque trente lectrices et lecteurs, là un peu moins, toutes et tous disséminés dans la salle : « Le noir un halo le mystère / Il est au bout il pousse un cri / C’est le jour il quitte la mer / Faiblement parviennent des cris… » La belle équipe ! Autres titres, autres fragrances, pas tout à fait un autre Murray, mais une autre facette encore, la troisième. Un chêne vénérable (Angel Oak), un dialogue entre lune et projos (Lune et cris de loup), souvenirs émoustillés des Filles de Marlhes, un père qui soigne son fils (J’ai vu Luis), une qui vit entre deux mondes… chaque titre est un métrage, court ou long, long car il résonne longtemps après en nos têtes, moments d’émotion, de réflexion, restitutions, pièces d’art finement ouvragées.
Bien sûr le public est acquis, mais les ovations vont bien au-delà de la préméditation : on salue l’artiste, le remercie. Et lui de nous donner cette chanson aux accents celtes, qui est un peu son passeport, mi-stéphanois, mi-écossais : « De l’autre côté de la mer / Il y a mon autre pays… »
Christopher Murray, Lune et cris de loup, Papillon/InOuïe distribution 2025. Le site de Christopher Murray, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Pas de vidéos sur ce nouvel album. Par défaut, cette chanson, Haut les coeurs (texte de Jean Andersson), extraites de l’album « Ton campement dans ma tête » :
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