L’étrangère « Elle s’appelait Lou »
Elle s’appelait Lou
Croyait aimer les voyous
Et sous son blanc corsage
Un grand cœur volage
Elle s’appelait Lou
Croyait aimer les voyous
Et toujours les bras en croix
Toujours elle gardait la foi
Elle s’appelait Lou
Croyait fort à l’amour fou
Comment partir,
S’extraire de l’empire
L’équation est simple :
Partir ou mourir
L’étrangère
Paroles et Musique L’Etrangère. Monotitre 2025
Réalisé par Jean-Charles Versari et l’Etrangère. Les images en font un thriller réaliste où le cri est silencieux, malgré les c(h)œurs battants.
Elle s’appelait Lou s’élève contre les violences faites aux femmes interdites de liberté, jusqu’au féminicide, et a servi d’hymne lors de la journée internationale des droits de la femme le 8 mars 2025. Son refrain (L’équation est simple) se décline en Partir ou se taire, Elle le quitte il la tue, et Le privé est politique. Et en sinistre conclusion « Au peuple des femmes / Partout le feu partout les flammes ». Rappelez-vous des chasses aux sorcières.
Eugénie Mérieau, d’origine nantaise, professeure de Droit Public à la Sorbonne, chercheuse, constitutionnaliste, conférencière et autrice de plusieurs essais sur l’opposition autoritarisme-démocratie notamment (1), chante sous le nom L’étrangère depuis quelques années, après avoir suivi une formation à La Manufacture Chanson en 2022-2023. On l’a vue en première partie de Gauvain Sers (ici jusqu’à 19:00). Engagée, on comprend vite à l’écoute le sens de son nom d’artiste, d’autant qu’elle a beaucoup voyagé, étudiant notamment les régimes politiques en Asie : Thaïlande, Singapour… La session se termine par ce premier titre mis en images, Bientôt la fin du monde « Mais d’abord la fin du mois / Quand la route est trop longue / Il reste quoi ? / L’effroi ». Le but n’étant pas de désespérer, mais de renouveler les imaginaires politiques pour tenter d’aller vers des démocraties véritables.
Outre cette voix claire et modulée, l’artiste s’accompagne aux guitares et loopers dans un style chanson-rock sombre et puissant et ses textes unissent fond revendicateur et forme poétique en une expression convaincante, pleine de l’émotion que génère l’indignation contre toute forme d’injustice. Une émotion, une humanité qui peut mieux s’exprimer en chanson que lors d’une conférence juristique.
(1) Le dernier, « Constitution » est paru chez Anamosa le 7 mai dernier. Autobiographique et engagé, il cite ses poètes préférés, d’Homère à René Char en passant par Ferdinand Lassalle et Georg Wilhelm Friedrich Hege. Il se fait mini manuel de Droit Constitutionnel alliant poésie, critique et émotion, ce qui est plutôt rare dans ce type d’ouvrage.
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