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Gaillard d’avant, François d’aujourd’hui

François Gaillard (photo non créditée)

François Gaillard (photo non créditée)

Non elles ne sont pas toutes tirées de vieux grimoires ni de la tradition orale où des folkeux bretons les exhument. Les chansons de marins sont un genre vivant qui, bon an mal an, s’enrichit de nouvelles créations. On se souvient bien sûr de Michel Tonnerre mais, par Zeus, il n’est pas le seul…

« J’ai pris quelques affaires / Et je me suis barré / Au grand dam de ma mère / Qui ne sait pas nager / J’ai fait du bateau-stop / De cargos en voiliers / Largué la vieille Europe / Appris à naviguer… » Peut-être tiendra-t-on un jour le nouvel album de l’ex-lyonnais devenu breton François Gaillard pour un grand classique des chansons de mer. Toujours est-il qu’il nous arrive sur nos platines, parfumé d’iode et de goémon. Si l’album est tout neuf, les chansons qui le peuplent sont toutes tirées du concert dessiné Jeter l’encre, sorte de performance scénique où votre attention (les deux parties du cerveau) est partagée entre François Gaillard qui chante et Marie Bobin qui peint. Ce concert avait été précédé par des rencontres avec des marins tels qu’Isabelle Autissier, Laurent Ballesta, Yvan Bourgnon, Raphaëlla Le Gouvello ou Louis Cozan.

Ces chansons, les voici. Au besoin, rachetez-vous une platine (une voiture ou un voilier avec lecteur CD aussi) pour les apprécier tout votre saoul : les majors ne le sauront pas (elles ne savent jamais rien ou si peu), mais il s’agit d’un grand disque, un indispensable.

3666946010908-475x500-1« Toi qui aimes bien les vieux machins / Plus qu’c’est déglingue et plus qu’c’est beau / J’vais t’le trouver ton vieux bateau / Qu’aura du chien ». Les vers de Gaillard ont tous le pied marin et actent la mise en eau d’un rêve devenu réalité. Avec un regard non tourné vers le passé, Santiano ou Jean-François de Nantes, mais bien le présent du marin ainsi devenu, des marins en général, fussent-ils exploités, et de l’avenir de la mer et de ce qu’il y a dedans, les déchets de l’homme comme faune et flore qui tentent d’y survivre.

Ainsi la chanson Cargo, équipage floué, bloqué par un armateur véreux : « J’ai la haine / On nous l’a bien faite à l’envers / J’ai d’la peine / C’est pas d’main qu’on r’prendra la mer ». Le désespoir, la faim qui les tenaille et la solidarité des marins au port. Une chanson syndicale autant que politique puissante, réconfortante. Ainsi Au dernier conseil de la mer, une fable aux accents du réel de la part de cétacés qui « avaient voulu montrer aux homme qu’à trop vouloir se croire uniques / ils finiraient foutus tout comme un dauphin dans un sac plastique ». Ainsi Fernand, pêcheur riche des enseignements de la vie, autre fable que ne renieraient ni Ésope ni La Fontaine.

Il y a toujours et sans doute plus que jamais, une empreinte de Renaud en Gaillard, intonations et tonalité. Le Renaud qui jadis chanta « C’est pas l’homme qui prend la mer / C’est la mer qui prend l’homme / Tatataaaa… » Mais Renaud a le mal de mer, pas Gaillard. Il y a surtout la conscience et le chant d’un homme libre gonflé de tramontane, suroît et sirocco.

Le précédent album de François Gaillard, un imposant et respectable livre-CD, Tracer la route, (Éditions de L’Ailleurs) est sorti il y a un peu plus de cinq ans : déjà les grands espaces. Manifestement la flotte s’est substituée au bitume. Insatiable voyageur, explorateur, ça ne m’étonnerait pas qu’un futur album le voit marcher sur la lune, s’il est lecteur de Tintin toutefois.

 

François Gaillard, Jeter l’encre, autoproduit/InOuïe distribution 2025. Le site de François Gaillard, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Les Grandes marées » : Image de prévisualisation YouTube

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