Maxime Della Coletta, encore un Lyonnais qui comptera

Maxime Della Coletta (photo Sandra Städeli)

D’abord le conditionne- ment de cet album, façon bande dessinée : dessin d’Antonio Lapone, couleurs, typo et design d’osmose et d’harmonie : si toutes les pochettes étaient aussi belles, à la manière de collectors, je parie que le disque laser résisterait bien mieux à son extinction programmée. Ceci dit, quand on sait que le chanteur est grand amateur de bédés, de Franquin à Larcenet, on ne s’étonne pas…

Mais l’emballage n’est rien si le contenu n’en vaut pas le coup. Et là, bingo, ce disque de Maxime Della Coletta est une surprise qui, titre après titre, se mue en régal, en pur ravissement. La région lyonnaise est une incandescente pépinière de la chanson : Della Coletta en est un de ses nombreux et futur fameux rejetons. Biberonné au meilleur de cet art (la faute selon lui « à Brassens, Anne Sylvestre et Renaud qui lui ont donné envie d’écrire ; Cabrel, John Mayer ou encore Mark Knopfler qui ont propagé le virus de la guitare dans ses mains, Les Cowboys Fringants et Springsteen lui ont donné envie de partager le résultat »), grandi dans les pentes de La Croix-Rousse, micro-climat favorable à sa passion, Maxime se fait la voix et recrute son public dans les cafés-concert du coin et il y en a.

Toutes ses influences (celles sus-citées auxquelles ont peut sans mal ajouter des comme Alain Souchon, Richard Desjardins, Maxime Le Forestier, James Taylor, Dolly Parton et d’autres encore) ont pour dénominateur commun la guitare : « C’est l’instrument qui m’a permis de comprendre la musique (après deux histoires d’amour platoniques avec le piano et le violon) et qui me donne envie d’apprendre toujours plus à le maîtriser. Je suis logiquement très sensible aux répertoires qui lui font la part belle. »

C’est de la chanson mais plus encore : une forme aboutie de folk-song matinée parfois d’accents irlandais (son Fait maison pourrait devenir un tube dans les pubs du côté de Galway), d’autres country voire cajuns, un propos clair, des textes « nets et imagés mélangeant tendresse et espièglerie » délicatement ciselés par une diction parfaite. Qui délivre sous ses mots, sous sa musique, cet ADN chanson aussi riche qu’exigeant.

Della Coletta chante des petits moments de vie, de nuit sur scène, de grand air et de moulins à vent, d’avenir fait maison, amour unique fait de bric et de broc, de rêves et d’utopies, d’avancées fusse au milieu de la brume… « Tout c’que tu veux mon trésor / Est à portée de crayon / Pour toi encore et encore / J’écrirai des chansons ». Et surtout les chante bien. Même ses mélancolies sont joyeuses. Autant dire que quand il évoque la future architecte d’intérieur de son coeur, qui plus est sur un rythme qui rend hommage aux Cowboys Fringants… « A vos yeux je vis en utopie / Pour les miens vous vivez en théorie / Pardon si je vous plains un peu / Un peu… » Notons ici un duo avec la chanteuse Lou Nell, lyonnaise elle-aussi.

Tout en cet album prédit à ce jeune artiste une jolie trajectoire en chanson à partir de son épicentre déjà généreux. L’écouter sera forcément l’adopter.

Si Maxime chante en scène en solo ou en duo (avec Eli Arthaud, accordéon/banjo/guitare), il a également une formule trio avec ses deux frangines*, qui sont présentes sur cet album comme choristes. Sur le disques, d’autres musiciens, parmi lesquels Mikaël Cointepas et Clément Soto, deux compagnons de route de Frédéric Bobin.

*C’est en formule trio qu’il se produira le 9 août 2025 à Bourgoin-Jallieu, en Isère, sa ville natale. 

Maxime Della Coletta, A portée de crayon, autoproduit 2025. Sa page facebook, c’est là.

« Fait maison » : 

« La Brume » :